L’Institut de l’Economie pour le Climat (I4CE) a publié mi-juillet son rapport annuel. Pour ces experts, il manquerait beaucoup d’argent public pour que la France puisse tenir ses objectifs climatiques à l’horizon 2030. La situation serait encore plus difficile pour 2050. Mais face aux contraintes de financement de l’époque, l’IC4E propose un scénario alternatif. Avec quelques contraintes à la clé.
Le futur gouvernement devra s’attaquer à plusieurs dossiers urgents, parmi lesquels la transition écologique, oubliée durant la campagne législative. L’étude réalisée par l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE), dévoilée le 12 juillet dernier, tire la sonnette d’alarme. Elle déplore, comme la Cour des Comptes l’avait fait avant lui en mars dernier, le trop faible investissement de l’État en la matière. En effet, selon les experts, pour que la France tienne ses objectifs de réduction de 55% des émissions GES en 2030 et la neutralité carbone en 2050, il faudrait que l’Etat multiplie par deux -voire par trois- ses dépenses publiques annuelles.
Face aux 32 milliards d’euros de dépenses enregistrées chaque année, un financement supplémentaire de 71 milliards d’euros serait encore nécessaire à l’horizon 2030 selon les estimations de l’I4CE. La Commission européenne, qui vient de mettre en garde la France au sujet de son déficit, appréciera…
39 milliards d’euros, un besoin minimal
Mais qu’importe, selon l’étude les dépenses s’annoncent drastiques … et surtout obligées. Ainsi, la rénovation des bâtiments exigera entre 16 et 40 milliards d’euros en 2030, contre 7 milliards aujourd’hui. Les dépenses pour le ferroviaire devraient atteindre 9 milliards d’euros, voire 10 milliards, au lieu de 6 milliards en 2024. Pour le verdissement du parc automobile, il faudrait tripler le budget, voire un peu plus. Les dépenses devraient ainsi passer de 3 milliards à une fourchette de 5 à 10 milliards d’euros.
Mais, bien évidemment, l’I4CE connaît les contraintes budgétaires qui viendront immanquablement limiter l’engagement de l’État. Aussi a-t-il élaboré un scénario intermédiaire qui pourrait répondre à un besoin de financement minimal que l’Institut estime à 39 milliards d’euros. Soit (tout de même) un investissement multiplié par deux!
Vers l’abandon des aides à l’achat pour les véhicules électriques?
Pour cela, l’I4CE préconise un certain nombre de mesures. Comme le renforcement de la réglementation, le recentrage des aides sur les bénéficiaires les plus modestes, et l’abandon de «certaines dispositions fiscales favorables aux alternatives fossiles». Il s’agirait aussi de «s’appuyer sur les Certificats d’économies d’énergie». Concrètement, l’argent public serait concentré sur « les équipements publics, comme les bâtiments administratifs et scolaires » et la rénovation des infrastructures de transports, à commencer par le ferroviaire.
Mais, parmi les préconisations, certaines devraient faire grincer des dents. On propose de remplacer les différentes subventions pour l’achat de voitures électriques, comme le bonus écologique. Cette mesure serait remplacée par « des quotas de verdissement sur les flottes des entreprises de LLD, principaux acheteurs de véhicules neufs qui alimentent ensuite le marché de l’occasion ». Une autre mesure consiste à instaurer une obligation de rénovation. Les acheteurs de logements non rénovés devront verser une somme lors de l’achat. Cette somme sera ensuite débloquée après la présentation des travaux. Pour Benoît Leguet, directeur de l’I4CE, « plusieurs chemins sont possibles pour partager l’effort et assurer l’accessibilité de la transition pour les ménages et les entreprises ».