Accueil » Mobilité durable » Tour de France des mobilités durables: La Rochelle: 50 ans d’avance!

Tour de France des mobilités durables: La Rochelle: 50 ans d’avance!

par Laurent F.

Quelles sont les offres de nos villes? Pour quels enjeux? Et quels sont leurs projets? Make a Move vous invite à un Tour de France des mobilités douces. Deuxième étape, La Rochelle.

On la connaît notamment pour ses Francofolies, mais, depuis près d’un demi-siècle, la ville portuaire est surtout la pionnière des mobilités durables. Une réputation qui dépasse de loin nos frontières. Bertrand Ayral, Vice-Président de la communauté d’agglomération chargé des transports et des mobilités (et maire de Sainte-Soulle), a accepté de répondre à nos questions.

Depuis la création, en 1973, du premier secteur piétonnier de France, puis la création d’une première flotte de vélos en libre-service dès 1976, La Rochelle fait figure de pionnière… 

Bertrand Ayral: «Absolument. Et La Rochelle a poursuivi dans l’innovation. En 1985, le concept « Autoplus » a introduit la multimodalité dans l’offre de transports publics, puis les premières voitures électriques (des petites Saxo en libre-service) sont apparues en 1995. En 1997, nous avons organisé la première Journée sans voiture en France. Et il y a juste dix ans l’agglomération a souhaité tester des V.E. automatisés sans chauffeur dans le cadre de l’expérimentation européenne Citymobil 1, puis Citymobil 2.»

Aujourd’hui, quelle est la politique de l’agglomération?

B.A.: «Nous sommes engagés dans le processus «La Rochelle, territoire zéro carbone» avec pour optique la neutralité carbone en 2040. La mobilité représentant environ 30% des émissions de gaz à effet de serre, l’enjeu est considérable. L’objectif est de réduire ces émissions de 70%. Notre agglomération étant de taille humaine (170 000 habitants, pour une superficie de 20 km sur 15 km environ), le vélo et la micro-mobilité en général y sont des enjeux majeurs. Chez nous, on peut facilement se rendre de chez soi jusqu’à n’importe quel centre d’intérêt en VAE en 30 à 40 minutes maximum. Mais cela ne peut être vrai que si nous proposons des infrastructures cyclables. Nous allons donc continuer à travailler sur leur développement. D’ici 2030, 150 km de voies supplémentaires seront créés

Et du côté des transports en commun?

B.A.: «Un travail sur les motorisations est nécessaire. Un nouveau dépôt de bus devrait voir le jour dans les années à venir, même si nous avons encore quelques incertitudes sur les énergies renouvelables que l’on choisira. D’ici là, à l’horizon 2025 nous souhaitons reconstruire le réseau de bus pour mieux couvrir les zones péri-urbaines. C’est indispensable pour persuader les usagers de préférer ce mode de transport plutôt que leurs voitures. En parallèle, il faudra bien sûr continuer à travailler sur l’offre multimodale. Nous avons des bus, des vélos, des parkings relais, de l’autopartage, un transport maritime électrique, le TER. Enfin, nous mettrons en place une ZFE d’ici 2024

«Notre but est d’offrir le parcours le plus simple possible à l’usager.»

Bertrand Ayral

Tout s’organise autour du réseau Yélo. Pouvez-vous nous le décrire? 

B.A.: «Nous avons une seule marque: celle-ci. Elle gère l’ensemble de l’offre de transports publics, et regroupe donc les bus, la flotte de vélos électriques, l’autopartage en libre-service, le transport maritime (avec nos deux bateaux-bus zéro émission), et même nos parkings relais. Avec aussi une intégration tarifaire sur le TER. Notre but est d’offrir le parcours le plus simple possible à l’usager.»

Du côté de l’autopartage, Yélomobile propose des voitures « toit jaune » et « toit noir ». Quelle est la différence? 

B.A.: «Nous différencions deux zones: l’hyper centre pour lequel sont destinés les «toits noirs», c’est-à-dire des petites Smart électriques. Vous la prenez là où elle est, et vous la remettez là où vous voulez à condition de la laisser dans le périmètre de l’hyper centre. Bien sûr, entre temps, vous pouvez sortir de ce périmètre comme bon vous semble. Pour ce qui concerne les «toits jaunes», vous y retrouvez des citadines, des berlines, des monoplaces, des utilitaires (toutes électriques). Elles sont disponibles uniquement sur réservation. Et vous devrez rendre votre véhicule au même endroit que là où vous l’avez pris. »«Nous avons souhaité gardé la main sur notre politique de mobilité afin quelle soit lisible.»

voiture yélomobile autopartage
©Pierre Meunié – Voiture Yélomobile

Existe-t-il une offre particulière pour les nombreux touristes qui viennent chaque année?

B.A.: «Vous pouvez prendre des passes de deux ou trois jours, mais rien de spécifique. Pour une raison simple: tous nos services sont accessibles par carte de crédit. Vous souhaitez louer un vélo en libre-service? Vous le pourrez sans aucune difficulté grâce à votre carte bancaire ou grâce à l’application mobile. Même chose pour l’autopartage. Nous allons bientôt mettre en place une nouvelle billettique ; elle sera mise en œuvre courant 2022. En montant dans le bus par exemple, il suffira de passer votre CB devant le capteur et vous aurez validé votre titre de transport. Encore une fois, il s’agit de simplifier au maximum la vie de l’usager.» 

Disposez-vous aussi de flottes privées? 

B.A.: «Non. Nous avons souhaité gardé la main sur notre politique de mobilité afin qu’elle soit lisible. Bien sûr, il y a des offres alternatives, mais elles ne sont pas clairement identifiées. Garder la maîtrise du territoire était vraiment important pour nous.»

Si je veux louer une trottinette, je ne peux donc m’adresser qu’à une enseigne privée?

B.A.: «Oui. Et il n’en existe pas en free floating. Parfois, bien sûr, j’ai des doutes sur ce choix. Mais chaque fois que je me déplace dans une grande ville, je n’en ai plus aucun. Ne pas avoir de trottinettes stationnées un peu partout dans les rues, franchement je ne trouve pas ça plus mal! On n’a pas encore trouvé la bonne solution, je crois. Par exemple, pourquoi ne pas créer des casiers à certains endroits pour pouvoir les recharger et les ranger? Cela mérite réflexion, et c’est plus intéressant que de simplement encombrer l’espace. D’autant que cet espace est limité! Rien que sur le Vieux Port, en l’espace de sept mois un million de vélos sont passés. Si vous rajoutez les piétons, les bus, et demain les trottinettes, je vous laisse imaginer l’anarchie…»

Articles connexes