S’il est un sujet sur lequel les fake news prospèrent depuis de longues années, c’est bien celui de la transition écologique. Tout particulièrement celui du réchauffement climatique. Partout sur la planète, nombreux sont ceux qui (à l’image de Donald Trump dont les déclarations fracassantes ont marqué la campagne américaine) véhiculent des théories pourtant démenties par les scientifiques comme par les faits directement observables…
Dans le monde entier les réseaux sociaux pullulent de ces informations venues d’on ne sait où, colportées par des climato-sceptiques prêts à tronquer les réalités scientifiquement vérifiées pour mieux convaincre. Pour ceux-là, le réchauffement climatique ne serait qu’un gigantesque mensonge. Voire une pure «escroquerie», un énorme «canular », et même un «concept inventé par les Chinois pour empêcher l’industrie américaine d’être compétitive» comme l’a déclaré Donald Trump lors de la dernière campagne présidentielle américaine. Parmi les arguments revenant le plu souvent, ce réchauffement des températures serait dans l’ordre naturel des choses. Pour preuve, la planète connaît depuis toujours des alternances entre périodes glaciaires et périodes plus chaudes. Ces hausses de températures telles qu’on les connaît aujourd’hui ne seraient donc qu’une étape de plus dans l’Evolution…
«Depuis 1970, la température mondiale a augmenté plus vite que sur toute autre période de 50 ans des deux derniers millénaires.»
Gerhard Krinner, Chercheur à l’Institut des géosciences de l’environnement, du CNRS
Un changement climatique global et très rapide
Cet argument -qui nie la responsabilité des activités humaines depuis la Révolution industrielle- est pourtant largement contré par les scientifiques. Chercheur au CNRS, plus précisément à l’Institut des géosciences de l’environnement, le climatologue Gerhard Krinner confirmait il y a quelques temps au site d’informations Natura Sciences que le climat a bel et bien toujours changé, «à toutes les échelles spatio-temporelles ». Et que «quasiment à chaque cas l’effet de serre a eu un rôle d’amplificateur. »
Toutefois, ces bouleversements étaient principalement dûs à des causes naturelles (comme des changements dans l’orbite de la Terre, par exemple. Selon l’expert, «ce qui différencie le changement actuel des précédents, c’est qu’il est global et extrêmement rapide. On a pris un degré en 50 ans.» Pire: pour les experts du GIEC «depuis 1970, la température mondiale a augmenté plus vite que sur toute autre période de 50 ans des deux derniers millénaires.» Une hausse d’autant plus préoccupante que le climat global n’avait jusqu’ici augmenté «que» de 4 à 5°C en quelques 5 000 ans!
Le climato-scepticisme n’est pas né d’hier
Et pourtant les climato-sceptiques persistent et signent, renforcés par quelques controverses, et les propos passés ou actuelles de politiciens (ou même de scientifiques réputés) qui viennent mettre en doute la réalité de ce réchauffement. Souvenons-nous, par exemple, de Claude Allègre, ex-Ministre et scientifique de renom. Dans les années 2000, celui-ci voyait le réchauffement climatique comme une «foutaise» et l’a même écrit dans un livre devenu best-seller, «L’imposture climatique». Quant au géophysicien Vincent Courtillot, de longue date il a exprimé dans différents ouvrages des opinons semblables à celles de son collègue Allègre. Jusqu’à faire partie, en 2019, des quarante signataires français d’une pétition remise à l’ONU: pour eux, non, «il n’existe pas «d’urgence ou de crise climatique ». Mais Didier Hauglustaine relativise un peu: «On vend plus de livres en tant que climato-sceptique qu’en étant un climatologue qui fait son travail »