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Manufacture des Capucins

La Manufacture des Capucins: Un tiers-lieu au service des entreprises du territoire

par Laurent F.

À dix kilomètres de Giverny (Eure), Vernon et ses quelques 24 000 habitants accueillent un tiers-lieu entièrement consacré à la transition écologique et sociale. Celle des habitants bien sûr, mais aussi des entreprises. Alicia Dubos, chargée de programmation écologique et sociale à la Manufacture des Capucins, nous en dit plus.

Pouvez-vous nous présenter la Manufacture des Capucins et sa singulière histoire?

Alicia Dubos: «Nous nous situons au cœur d’un écoquartier, l’écoquartier Fieschi. Au XVIIème siècle, le bâtiment a d’abord été un couvent (le Couvent des Capucins, d’où notre nom!). Au XVIIIème, celui-ci s’est transformé en une filature de coton. Puis, au XVIIIème, en caserne napoléonienne avant que, peu à peu, les lieux soient transformés en logements pour les militaires. Jusqu’à leur abandon en 1998. En 2017, après presque vingt ans, dans le cadre de la construction de cet éco-quartier Fieschi le propriétaire des lieux (à savoir Seine Normandie Agglomération et ses 71 communes) a lancé un appel à projet. La philosophie de notre manufacture se résumant au passage à l’action, à la transition écologique et solidaire et au vivre-ensemble, elle correspondait en tous points à celle d’un espace situé au cœur d’un éco-quartier. Aussi, nous avons été lauréats. Aujourd’hui, nous bénéficions d’un bail emphytéotique de 99 ans.»

Avant de pouvoir ouvrir vos portes, des travaux de rénovation ont-ils été nécessaires?

Alicia Dubos: «Absolument. Plusieurs gros chantiers participatifs ont aussitôt été mis en place. La tranche 1 (l’une des ailes du bâtiment, grande de 650 M2) a bénéficié d’aides de différentes collectivités ainsi que de l’Etat. Les travaux du deuxième étage et une majorité de ceux du premier étage viennent juste de se terminer. Le rez-de-chaussée est en cours de finition. Quant à la tranche 2 (l’autre aile), elle n’est pas encore restaurée, mais c’est notre prochaine étape!»

Comment fonctionne la Manufacture, aujourd’hui?

Alicia Dubos: «En SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif). Chaque personne  (qu’elle soit morale ou physique) qui apporte une part minimum de 50 euros devient automatiquement sociétaire de la Manufacture et possède une voix. Cette SCIC est organisée en cinq collèges : les salariés, les entreprises, les collectivités, les bénéficiaires, et les manufacturiers (c’est-à-dire les personnes à l’origine du projet). Tout cela représente 120 sociétaires, 180 bénévoles et quatre salariés.»

Et que peut-on trouver chez vous?

Alicia Dubos: «Nous disposons d’un jardin de plus de 5 000 m2 avec une mare pédagogique, des ruches dont s’occupent un apiculteur partenaire, ainsi qu’un verger et un potager pédagogiques dans lesquels nous organisons régulièrement des animations et des événements à destination du grand public. Comme, tout récemment, un atelier greffage ou une animation «Découverte des plantes sauvages», par exemple. L’objectif ici est, bien sûr, de jardiner, mais aussi de composter, de fleurir et… de sourire! Car il ne s’agit pas seulement de faire de la transition écologique. De la transition sociale aussi. Nous avons vraiment à cœur de mettre l’humain au cœur des préoccupations environnementales. D’ailleurs, nous proposons aussi un catalogue pédagogique pour les écoles et les centres de loisirs de la région afin d’éduquer de façon ludique sur les grands enjeux environnementaux au travers de nos foyers de biodiversité. Enfin, la Manufacture des Capucins, c’est aussi un lieu pour entreprendre autrement

C’est-à-dire? 

Alicia Dubos: «Via des espaces de travail partagés, des salles de réunion, une possibilité de domiciliation ou l’organisation d’événements. Nous disposons de douze bureaux proposés à la location ainsi que de plusieurs salles pour les événements d’entreprises (jusqu’à 30 ou 50 personnes). Elles se situent proches de la gare, ce qui s’avère pratique pour les sociétés qui ne seraient pas sur Vernon mais qui souhaiteraient participer à l’aventure de notre tiers-lieux. Enfin, nous œuvrons aussi à impulser les changements par l’animation d’ateliers ou par la mise en place de groupes d’actions tel qu’«ACT’Eure de la Transition»

De quoi s’agit-il?

Alicia Dubos: «D’un programme agréé et co-financé par l’ADEME dont nous avons été lauréats et qui offre un accompagnement des entreprises du territoire dans leur transition écologique. Douze entreprises de Seine Normandie Agglomération bénéficient de cet accompagnement qui se déroule sur vingt-six mois, avec différents consultants (ceux de Karbon Ethic et de Corporate for Change, notamment). L’objectif est de se dire: d’accord, faire son bilan carbone est une bonne chose, mais il faut ensuite passer à l’action!»

Pour conclure, vous venez tout juste de lancer une campagne de crowdfunding. Dans quel but?

Alicia Dubos: «Oui, via la plateforme Ulule, nous avons lancé début juin une grande campagne de financement participatif. L’objectif est de mettre en place un parking à vélo pour pouvoir accueillir facilement les usagers des mobilités douces. De créer une serre pédagogique ainsi qu’un marché de producteurs locaux et bio que nous aimerions pouvoir organiser très régulièrement. Et nous comptons ouvrir d’ici à la fin de l’année un café cantine qui sera assez unique en son genre puisqu’il proposera des repas locaux et de saison, toujours en circuits courts, mais où la viande ne sera qu’une option. Dans les 3/4 des restaurants, l’option, c’est le végétarien. Chez nous, ce sera l’inverse!»

Pour la location de bureaux, d’espaces ou de salles de réunion à la Manufacture des Capucins: commercial@mdc.coop.

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