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Guillaume De Navacelle : « On fabrique des produits à base de cartons ondulés, recyclés et recyclables. »

par Néo Prevot

Guillaume De Navacelle, directeur technique de l’entreprise BAT’IPAC, nous explique le fonctionnement de l’entreprise, ainsi que le processus de conception des panneaux autoportants recyclés et recyclables.

BAT’IPAC c’est quoi ?

Chez BAT’IPAC, nous concevons et fabriquons des produits pour la construction à base de cartons ondulés, recyclés et recyclables. Ce sont des panneaux autoportants qui sont à la fois isolants, thermiques, acoustiques et phoniques, qu’on va mettre en œuvre dans une ossature bois pour réaliser des murs, des planchers, des toits, mais également des cloisons, des doublages de sols et de l’isolation thermique par l’extérieur, notamment pour la rénovation.

La fabrication des panneaux

Nos panneaux sont fabriqués à partir de cartons recyclés et ils sont biosourcés. Actuellement, la question du biosourcé est primordiale pour tout ce qui est rénovation, construction, pour limiter l’impact des gaz à effet de serre, notamment dans la construction. La construction est un des premiers émetteurs de gaz à effet de serre en France. Donc, on agit depuis 12 ans pour limiter l’impact de la construction sur les gaz à effet de serre.

Les clients

Nos premiers clients, ce sont des charpentiers, des constructeurs qui vont mettre en œuvre les panneaux dans leur recette sur bois. Et les clients finaux, ce seront des particuliers qui vont faire construire leur maison, des bailleurs sociaux qui vont construire des logements collectifs, des collectivités qui vont rénover leur patrimoine. On a également des maîtres d’ouvrage public, des établissements qui reçoivent du public, des bureaux, des ateliers, de l’industriel, etc. On s’adresse à tout type de bâtiment, que ce soit en œuvre, en extension ou en rénovation.

Les partenaires

On s’est alliés avec trois partenaires majeurs pour mettre en œuvre nos panneaux :

DS Smith Packaging

Au niveau de la fabrication, on est associé à DS Smith Packaging, le leader européen du recyclage et de la fabrication de papier carton. C’est lui qui nous fournit la matière première. Il recycle à l’échelle européenne environ 6 millions de tonnes de papier carton par an. Nous, chez BAT’IPAC, si on vise 1% du marché de la construction, ce qui est déjà énorme à notre échelle, ça correspond à 30 000 tonnes. On a un ratio de développement qui est colossal. Il faut savoir qu’il est engagé depuis plus de 20 ans dans le recyclage du carton avec des sites qui fonctionnent en circuits fermés. C’est-à-dire que pour recycler du carton, on va utiliser de l’eau. Ils vont recycler l’eau sur leur propre site et la réinjecter dans leur circuit de fabrication. Ils vont séparer les déchets des cartons recyclés, les brûler et grâce à l’énergie récupérée,
pouvoir chauffer l’eau qui va permettre de refabriquer du carton.

Groupe Estille

Le second acteur est le Groupe Estille, qui rayonne sur l’Arc-Atlantique et qui est engagé dans le travail par l’insertion, par l’inclusion, inclusion sociale, notamment.  On a développé avec eux une ligne de production très low-tech, puisque c’est du personnel d’insertion, du personnel en situation de handicap, physique, sociétal ou mental, qui va venir fabriquer les IPAC. Nos panneaux s’appellent des panneaux IPAC. Ce personnel-là va fabriquer les IPAC en associant les plaques de carton les unes aux autres par collage. Ensuite, on va envelopper ces pains de carton avec une membrane qui va rendre étanche les panneaux, permettant d’avoir un air immobile à l’intérieur du panneau, parce que c’est l’air immobile qui donne le caractère isolant du panneau.
C’est ce personnel d’insertion, situé sur toute la France, qui va pouvoir être un effet de levier aussi important, puisque notre objectif est d’implanter des lignes de de la production dans des centres d’insertion, donc des ESAT, personnels pénitentiaires, entreprises d’insertion, entreprises adaptées, etc. On est là, au contraire, pour réindustrialiser localement, faire une économie locale et circulaire en se servant d’outils existants, venant s’intégrer dans des bâtiments existants, des friches, etc. Ce qui fait qu’on a une empreinte hyper faible sur le territoire.

BeeHive

Le troisième acteur, c’est une entreprise qui s’appelle BeeHive. Ce sont des anciens de Point P et de Saint-Gobain qui, eux, nous ont recensés auprès des principaux négoces de construction en France.  Ce référencement nous permet de pouvoir vendre aux charpentiers n’importe où sur le territoire. Grâce à ça, on va pouvoir mailler le territoire. Ces acteurs comme Point P, eux, ont des réseaux de partenaires charpentiers, constructeurs, etc, qui vont pouvoir aller démarcher pour pouvoir vendre nos produits.

On voit qu’avec ces trois acteurs, on maille vraiment la production, le social et la distribution.

La formation

En interne, chez BAT’IPAC, nous, on forme le charpentier. On a passé la certification Qualiopi très récemment, qui nous permet de former le charpentier, les architectes, les maîtres d’ouvrage, les bureaux d’études, économistes, etc. Tous les acteurs de la construction au carton. C’est un matériau assez récent dans la construction, quoique ça fait longtemps qu’on construit avec du Kraft pour le placo plâtre. Mais c’est un matériau qui a plus que deux siècles. Donc, on sait que c’est un matériau qui vieillit bien.

Pour éviter d’avoir de la sinistralité sur les opérations qui vont mettre en place, mettre en œuvre le carton, on forme le charpentier et ces professionnels à la bonne mise en œuvre du carton dans la construction. On a construit avec nos partenaires plus de 15 000 mètres carrés de surface planchée avec des panneaux IPAC et on a zéro sinistre. On sait que c’est un très bon isolant thermique l’hiver, très bon isolant thermique l’été, grâce à ce qu’on appelle le déphasage thermique.

Objectif de 2024: embaucher ce qu’on appelle des ambassadeurs. Ce ne sont pas des commerciaux. Ce sont des personnes qui vont aller sensibiliser les maîtres d’ouvrage, aller sensibiliser les maîtres d’œuvre, les charpentiers, faire des formations, faire de l’accompagnement technique. Parce que la mise en œuvre de nos panneaux n’est pas très compliquée. On se base sur les règles de l’art de la construction, mais il y a quand même des petits détails à maîtriser. C’est vraiment tout ce travail de fonds et travail d’assistance auprès des professionnels qu’on va mettre en place.

Où ?

Sachant qu’on a des brevets en France et en Europe. Donc à terme, on va attaquer le marché européen. Est-ce que c’est dans deux, trois, quatre, cinq ans ? On verra. Mais on a cette ambition de développer nos systèmes localement, toujours, et j’insiste là-dessus, pour faire une économie sociale et circulaire dans tous les territoires à l’échelle nationale et européenne.

 

 

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