Alors que France Villes et Territoires Durables vient d’annoncer la 4ème édition de « Villes Durables en actions» qui se tiendra les 6 et 7 février 2025 à Bayonne, son Délégué général Sébastien Maire a accepté de nous présenter la mission et les actions de cette association particulièrement engagée dans la transition et la résilience des territoires.
Quelle est la mission de France Villes et Territoires Durables ?
Sébastien Maire : «France Villes et Territoires Durables est avant tout un lieu de coopération entre l’Etat, les collectivités, les entreprises et les experts. Nous sommes partis de notre souhait de faire se rapprocher les différents acteurs qui -malgré leurs intérêts à priori divergents- peuvent faire des choses en commun. Ces quatre parties prenantes (Etat compris) sont chez nous sur le même pied d’égalité, et cela constitue un positionnement très particulier, assez unique je crois. Pour résumer, le but de notre association est de repérer et de diffuser le plus largement possible des outils, des méthodes et des exemples. En clair, des démonstrateurs qui permettent non seulement d’accélérer les transformations nécessaires, mais de le faire vite et d’entrer ainsi en résilience.»
Mais comment aller vite ?
Sébastien Maire : «Nous travaillons beaucoup sur la sortie du déni des élus. Notamment en mobilisant les datas. Pour cela, nous nous appuyons sur nos membres qui produisent de la data territoriale. Celle-ci n’est pas encore utilisée par la sphère publique, mais elle l’est largement par la sphère privée. Elle peut décrire très facilement comment chaque parcelle du territoire métropolitain va être confronté aux événements liés au dérèglement climatique mais aussi au franchissement des autres limites planétaires. Par exemple, nous travaillons beaucoup avec les DGS des collectivités sur la question de savoir comment préparer le diagnostic des territoires pour les élections de 2026 afin qu’à l’arrivée des nouveaux élus, ceux-ci puissent enfin connaître les véritables enjeux de leurs territoires, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Ainsi, on pourra agir et travailler à l’adaptation devenue nécessaire, y compris face à l’inattendu.»
Cela exige des financements particulièrement lourds, non ?
Sébastien Maire : «Le monde entier dit qu’il faut beaucoup plus d’argent pour la transition écologique, et c’est vrai. Mais nous ne rentrons jamais dans ce paradigme. Nous préférons nous appuyer sur les programmes d’investissement des mandats en cours. Beaucoup d’élus nous disent qu’ils n’ont pas d’argent car il leur faut finir de dépenser celui qu’ils ont déjà. Ceci pour financer dans le mauvais sens, c’est-à-dire bien souvent pour des projets entamés depuis longtemps. Alors, nous travaillons beaucoup sur les techniques de redirection. Et cela fonctionne très bien. Nous sommes très soutenus par l’exécutif et par les directions des finances des collectivités. Nous sommes aussi très proches des agences. Par exemple, le Directeur de l’ADEME est notre Secrétaire, la Directrice de l’ANRU est notre Trésorière. Le Cerema est avec nous aussi, de même que la Banque des Territoires et ses filiales. Bref, nous nous appuyons sur un très gros réseau de membres que (je le répète) nous souhaitons voir travailler ensemble.»
«On a longtemps cru (et nous les premiers!) qu’il fallait rentrer par les solutions en les imposant que façon universelle quelles que soient les spécificités des territoires. Bien sûr que non, et c’est pour cela que ça ne fonctionne pas!»
Sébastien Maire, Délégué général de France Villes et Territoires Durables
Vous venez d’annoncer la 4ème édition de «Villes Durables en actions» qui se déroulera à Bayonne. De quoi s’agit-il ?
Sébastien Maire : «Notre précédent événement, qui s’est déroulé à Marseille il y a environ un an, visait à poser le concept de «ville durable» qui a beaucoup évolué ces dernières années. Ceci, avec le soutien de l’Etat qui a adopté (et même endossé) notre manifeste. Bref, nous avons beaucoup travaillé pour arriver à nous dire qu’il fallait abandonner le développement durable qui nous semble être un oxymore et qui n’a pas fait ses preuves. Bien au contraire, depuis qu’on l’a mis en place on n’a jamais réussi à baisser nos émissions GES; il y a donc un problème! Il nous faut revoir les législations et les différentes approches, sortir du développement obligé des territoires pour laisser place un juste équilibre. Et en abandonnant aussi la concurrence entre territoires. Plutôt que la compétition, prônons la coopération. Cela passe par un meilleur équilibre entre privé et public, entre public et habitants, et entre entreprises. Voilà le but de ces journées qui auront pour thématique «(Co)-opérons pour des territoires vivants et résilients!». On a longtemps cru (et nous les premiers!) qu’il fallait rentrer par les solutions en les imposant que façon universelle quelles que soient les spécificités des territoires. Bien sûr que non, et c’est pour cela que ça ne fonctionne pas! Cela n’a aucun sens. Désormais il nous faut encourager les coopérations. C’est de celles-si que naîtront les solutions!»
Concrètement, cela se passera comment ?
Sébastien Maire : «Nous allons réunir 200 professionnels venus de toute la France. Nous changerons de format en nous éloignant des traditionnelles tables rondes pour proposer quelque chose de beaucoup plus immersif. À commencer par des visites thématiques présentant concrètement des exemples inspirants. Il y aura quatre parcours : un Parcours diagnostic (avec la visite de la trame de fraîcheur et des études sur le confort d’été et la renaturation des espaces publics), un Parcours culture avec un atelier sur une culture en commun(s), un Parcours Ville et Territoires productifs avec des visites consacrées à l’économie circulaire ou à la reconstruction écologique d’une école, et enfin un Parcours eau (un atelier sur la gestion de l’eau et son impact sur l’habitabilité). Nous aurons aussi des moments festifs, avec une pièce de théâtre, un déjeuner locavore, des ateliers participatifs…»
«Le Pays Basque est un magnifique cas d’étude, et ceci pour tout un tas de raisons.»
Sébastien Maire, Délégué général de France Villes et Territoires Durables
Et pourquoi le choix de Bayonne ?
Sébastien Maire : «D’abord, parce qu’après nos appels à proposition, Bayonne a été la première à se montrer intéressée. D’autre part, parce que le Pays Basque est un magnifique cas d’étude, et ceci pour tout un tas de raisons. Ils sont confrontés aux gros enjeux du littoral. Avec 168 communes, c’est la plus grande communauté d’agglomération de France. Ils subissent le sur-tourisme, tant sur leur territoire de montagne qu’à la mer. Ils rencontrent une vraie difficulté à loger leurs habitants, avec un coût du foncier qui explose. Ils sont très exposés aux submersions marines et aux tempêtes. À moyen ou long terme, ils font face à un vrai sujet en terme de ressources en eau sur les nappes phréatiques. Enfin, en terme de coopération, c’est aussi un extraordinaire exemple. Nous ferons évidemment venir le Pays Basque espagnol qui fait face aux mêmes enjeux, et c’était aussi un critère essentiel que d’aller parler coopération dans un territoire qui en a toujours fait ! Pour tout vous dire, nous avions très envie d’aller là bas pour cette édition, et nous avons été ravis qu’ils nous le proposent d’emblée !»