Le 28 octobre dernier, la sénatrice PS des Pyrénées-Atlantiques Frédérique Espagnac a rendu les conclusions de sa mission consacré aux enjeux de la mobilité pour l’accès à la culture en milieu rural. Si les initiatives se multiplient, de sérieuses difficultés demeurent.
Tout commence en janvier 2024, quand -à l’occasion du Printemps de la ruralité- une consultation nationale est organisée auprès d’élus, d’habitants et d’acteurs culturels des territoires ruraux. Deux mois plus tard, à la demande du Ministère de la culture et du Premier ministre Gabriel Attal, une mission est confiée à la sénatrice PS des Pyrénées-Atlantiques Frédérique Espagnac sur la question de la mobilité pour l’accès à la culture en milieu rural. Une mission dont les conclusions ont été rendues fin octobre. Ce qu’elles disent? Même si elle est jugée plutôt satisfaisante par les principaux concernés, la situation demeure nettement perfectible. «Les habitants des territoires ruraux considèrent l’offre culturelle comme globalement satisfaisante, mais soulignent trois freins principaux à son accès: le prix des billets, l’intérêt de l’offre et la proximité des lieux.» Des freins sur lesquels la mission sénatoriale s’est donc penchée.
Un accès aux transports trop limité et des moyens faibles
Bien que soulignant l’existence de nombreuses initiatives visant à enrichir l’offre culturelle en zones rurales -à l’image du Fonds d’innovation territorial qui a permis de soutenir 200 projets en 2023, dont 97 en ruralité) ou encore des Micro-Folies Mobiles (144 installations de musées numériques), le rapport de la sénatrice Frédérique Espagnac met en avant les persistantes difficultés. A cela plusieurs raisons. Sans surprise, l’éloignement géographique des lieux culturels et les problématiques de mobilité (manque de moyens de locomotion et notamment de transports en commun, coûts et longueurs des trajets…) ne sont évidemment pas les moindres.
Mais ce ne sont pas les seuls facteurs à remettre en cause. La sénatrice souligne en parallèle la faiblesse de l’équipement culturel de certaines communes (manque de cinémas, de théâtres, de salles de spectacle…), une offre encore plus limitée dans les communes situées «dans l’orbite de pôles urbains», et «la difficulté d’accès, pour les petites communes rurales, à un ensemble d’aides publiques». Sans oublier les moyens humains et financiers «plus faibles pour les communautés de communes en zone rurale, comparativement aux intercommunalités urbaines mieux dotées et plus à même d’activer des soutiens auprès de la région ou de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC).»
40 propositions pour faciliter l’accès à la culture dans la ruralité
Au final, la mission menée par Frédérique Espagnac émet une quarantaine de propositions qui, toutes, s’articulent autour de trois axes principaux. Premier d’entre eux, «Faire venir le public » en améliorant les services de transport afin de permettre aux ruraux de se déplacer jusqu’aux lieux culturels, grâce notamment à la mise à disposition de navettes ou de «bus-culture» ainsi qu’au développement du co-voiturage. Deuxième axe, «Aller vers» en facilitant le déplacement des œuvres et des artistes par le biais d’itinérances culturelles, de résidences artistiques ou d’artothèques. Enfin, troisième axe, la mise en place d’une stratégie ministérielle sur un temps long. Sont souhaités (entre autres) la désignation de référents ruraux auprès de la DRAC, la mise en place de contrats d’objectifs avec des grands établissements culturels, celle d’un mécénat culturel rural, d’une «exception mobilité culturelle en ruralité», ou encore d’un nouveau label «Villages d’avenir culturels».