Annoncé ce jeudi 5 octobre par le ministre du logement Patrice Vergriete, un plan d’1,2 milliard d’euros sur trois ans sera déployé pour la rénovation énergétique des logements sociaux. Une priorité pour bien des experts.
Une «bombe sociale»?
Avant l’été, à l’occasion de la sortie de son livre «L’Habitat fait le citoyen», Jean-Philippe Dugoin Clément (vice-président de la région Ile-de-France en charge du Logement, de l’Aménagement durable et du SDRIF Environnemental) nous donnait déjà une interview dans laquelle il alertait sur la «bombe sociale à retardement» que lui semblait être la question du logement. Ceci, tant sur le volet de l’éco-construction que sur celui des rénovations. «En Ile-de-France, c’est 49% des logements actuellement en location qui ne seront plus louables dans les dix prochaines années!», alertait-il. Même chose du côté de Thomas Guénolé qui nous disait, quelques mois plus tôt, combien «le dossier des grands travaux d’isolation thermique doit passer avant tous les autres.»
Autant d’arguments repris ces jours-ci par Edouard Philippe. A propos de la pénurie des logements, l’ex-Premier Ministre prévient lui aussi: «Il y a là quelque chose qui est une bombe sociale, une bombe humaine qu’il faut régler.» Et le potentiel candidat à la succession d’Emanuel Macron d’évoquer également «l’impasse» que représente aujourd’hui le calendrier visant à sortir du marché locatif les logements classés G en 2025. «C’est mécaniquement réduire l’offre locative pour les plus modestes. (…) Il faut déstresser le marché locatif sans rien céder à l’ambition écologique qui est la nôtre, qui est absolument impérative!»
«Ce fonds a vocation à soutenir un objectif d’environ 120 000 rénovations énergétiques par an dans le logement social et de monter progressivement à 150 000.»
Patrice Vergriete, ministre en charge du Logement
Des aides et une bonification des prêts à la production
Fort de ces alertes de plus en plus nombreuses (et fortes), le gouvernement a donc réagi. D’abord, ce furent les annonces faites tout récemment par Emmanuel Macron au moment de déployer sa feuille de route pour la planification écologique. La réforme de Ma Prim’renov devrait se poursuivre et s’intensifier ces prochains mois, tandis que ménages et bailleurs sociaux seront accompagnés, a-t-il dit. De fait, sur ce dernier point, l’annonce n’a pas tardé. Ce jeudi 5 octobre, l’exécutif a confirmé que l’Etat entendait bien participer à la rénovation de 120 000 logements sociaux par an sur trois années. A commencer, bien sûr, par les nombreuses passoires thermiques.
Budget consacré: 1,2 milliard d’euros. «Ce fonds a vocation à soutenir un objectif d’environ 120 000 rénovations énergétiques par an dans le logement social et de monter progressivement à 150 000.», a précisé Patrice Vergriete, en clôture du congrès HLM à Nantes. Avant qu’il ne salue l’accord signé la veille avec les organismes HLM. Un accord qui passe aussi par la bonification des prêts à la production à hauteur de 8 milliards d’euros et le maintien d’un Prêt à Taux Zéro (PTZ) pour l’accession sociale. Bien entendu, avant d’être appliqués, ces différents engagements devront impérativement passer par un amendement au projet de loi de finances 2024.
Bon à savoir: La CDC (Caisse des Dépôts et Consignations) envisage d’augmenter elle aussi ses aides: 150 millions d’euros supplémentaires devraient être apportés en soutien à «la production de logements et la transformation des quartiers prioritaires».