CEO et Head of Capital Markets Ile de France chez Catella Property, Raphaël Amouretti voit dans les J.O. de Paris un catalyseur de la transition durable pour l’immobilier d’entreprise, les territoires, et même pour les espaces de travail. Il nous explique pourquoi.
Pouvez-vous nous présenter Catella en France ?
Raphaël Amouretti: «Catella est une société de conseils en immobilier tertiaire et résidentiel. Nous intervenons notamment auprès d’investisseurs institutionnels et privés qui nous confient des missions dans le cadre d’acquisitions ou de cessions d’actifs en France. Nous accompagnons également les promoteurs dans la commercialisation de programmes résidentiels en lot par lot ou en bloc. Enfin, nous réalisons des expertises immobilières pour toute typologie d’actifs (bureau, commerce, logistique, santé, hôtel, résidentiel) pour le compte de différents investisseurs (banques, OPCI, SCPI, fonds, collecteurs d’épargne, family offices, etc.).»
Vous voyez les J.O. de Paris comme un probable catalyseur. A commencer pour la redynamisation du marché immobilier, à l’image de ceux de Londres en 2012 après lesquels on a connu une flambée des prix. Sur quelle croissance misez-vous?
Raphaël Amouretti: «C’est très difficile à chiffrer ! Mais l’un des gros impacts qu’ont d’ores et déjà eu ces J.O. de Paris se porte sur les infrastructures de transports en commun. Or, cela s’est toujours vérifié : lorsqu’une desserte s’améliore, les valeurs de l’immobilier aux alentours progressent. Concrètement, en Seine-Saint-Denis, toutes ces nouvelles gares qui ont été ouvertes amélioreront nécessairement la mobilité. Sans oublier la construction de nouveaux quartiers. Et cela aura probablement un impact sur les valeurs de l’immobilier résidentiel.»
Cet effet ne risque-t-il pas d’être à double tranchant, à savoir provoquer une explosion des prix sur le marché locatif, donc une accentuation des problèmes de logement pour les Franciliens?
Raphaël Amouretti: «A priori non, car un certain nombre de pares-feux ont été créés sur les valeurs et sur la typologie d’habitations. La programmation combine du logement en accession libre, du logement locatif intermédiaire, et du logement social. Cette mixité devrait donc empêcher ce phénomène. Quoiqu’il en soit, le ralentissement que connaît le marché résidentiel actuellement ne provoque pas aujourd’hui une explosion des prix.»
Les J.O. revitaliseront les territoires et favoriseront un urbanisme durable, selon vous. A commencer par la Seine-Saint Denis, bien entendu?
Raphaël Amouretti: «Oui, essentiellement. On l’a souvent vu lors des précédents Jeux: l’accent est souvent mis sur les territoires les plus «en retard» afin de leur faire bénéficier de nouvelles infrastructures, de nouveaux quartiers, de nouvelles installations sportives. Il était donc plutôt logique que le choix se porte sur ce département. Est-ce que cela aura les effets escomptés? Là encore, c’est difficile à prévoir. Il faut généralement quelques années pour mesurer ces effets.»
Troisième point que ces J.O. pourraient induire, la transformation des espaces de travail, via le «design actif», dites-vous. De quoi s’agit-il?
Raphaël Amouretti: «Il s’agit de toutes sortes d’aménagements qui incitent à bouger ou à faire plus de sport au sein des espaces publics ou des entreprises. Dans celles-ci, de plus en plus souvent il est possible de travailler dans un environnement ludique avec, par exemple, un compteur de calories en fonction de la distance parcourue, une déco spécifique ou une signalétique incitant à emprunter les escaliers. Ce design actif se développe beaucoup dans les grands ensembles immobiliers tertiaires, comme au siège d’Orange, dans les espaces de réunion proposés chez Comet, ou encore sur l’immeuble Campus à Boulogne-Billancourt où un terrain de paddle a été aménagé.»
Mais en quoi les J.O. influent sur ces nouveaux espaces et cette nouvelle façon d’envisager la vie au bureau?
Raphaël Amouretti: «Bien entendu, dire que c’est un effet uniquement lié aux J.O. serait réducteur. Mais depuis plusieurs années, la dynamique est là: des villes ont surfé sur les J.O. pour proposer des installations sportives souvent temporaires qui pourront très bien devenir pérennes. Pour ce qui concerne les entreprises, il s’agit davantage d’une tendance née avant l’arrivée des J.O. à Paris et qui s’accentue. Et on comprend pourquoi. L’entreprise délivre là un message positif grâce au sport. En termes de communication, elle véhicule des valeurs tant en interne qu’en externe. Elle participe aussi au bien-être au travail, et ce peut être une bonne façon de faire revenir leurs collaborateurs en présentiel, avec moins de télétravail à la clé, mais également d’attirer les jeunes talents, sensibles à l’environnement de travail proposé.»

Comet Place des Victoires @duchili
Pour conclure, le J.O. bashing et l’actualité politique ne risquent-ils pas de venir ternir (ou au moins d’amoindrir) tous ces effets positifs dont vous venez de nous parler?
Raphaël Amouretti: «Ce ne peut être qu’un avis personnel, évidemment. Ce bashing fait partie de notre culture. Lorsque les Jeux auront commencé (sauf incidents majeurs et non anticipables), ce sera forcément une belle fête et le bashing n’aura plus cours. Au contraire, les J.O. resteront une vitrine incroyable pour la France, et tout particulièrement pour Paris et sa région. Restent les impacts politiques. Nul ne sait dire au moment où je vous parle ce qu’il se passera ces prochaines semaines. Mais, en effet, il ne faudrait pas que cela vienne gâcher la fête…»