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Futuroscope

Futuroscope: Le territoire est au cœur de sa transition écologique

par Laurent F.

Créé en 1987 par le Conseil Départemental de la Vienne, le Futuroscope est rapidement devenu le premier site touristique de la région Nouvelle-Aquitaine: 60 millions de visiteurs depuis son ouverture, quelque deux millions chaque année. Fortement engagé dans la transition écologique, ce parc d’attraction a fait de son modèle RSE une exemplarité. Christine de Samie, Responsable Clients et Environnement, nous en dit plus.

Le Futuroscope s’est engagé dans un ambitieux programme «Vision 2025» dont l’un des objectifs vise au zéro carbone en 2025. Quels sont les moyens déployés pour y parvenir?

Christine de Samie: «Cet objectif concerne spécifiquement les Scopes 1 et 2 des bilans carbone, à savoir ceux liés aux besoins énergétiques dont nous avons besoin pour l’exploitation du site. Nous visons une baisse de 20% de consommations d’énergie par visiteur. L’an dernier, nous avons intégré des thermofrigopompes (de grosses pompes à chaleur fonctionnant en géothermie) et une chaudière en biomasse sera raccordée dès cette année. Elle sera alimentée par des palettes de bois produites dans une zone maximale de 80 km autour du parc. Bref, différentes technologies sont intégrées au fur et à mesure, dans le but de nous rapprocher au maximum du 100 % d’énergies renouvelables et de réduire en même temps nos émissions carbone.»

Autre levier, le tri des déchets.

Christine de Samie: «Sur ce sujet nous visons la réduction de 10% du poids des déchets par visiteur, et zéro enfouissement à l’horizon 2025. La loi nous oblige à trier au minimum cinq flux à l’arrière d’un restaurant. Nous en sommes plutôt entre dix et treize flux sur chacune de nos unités. Avec notre prestataire GSF, nous souhaitons déployer (toujours d’ici 2025) un centre de tri à proximité directe du parc, ce qui nous permettra de trier également les déchets jetés par nos visiteurs. Nous leur proposons déjà du tri dans les allées du parc, mais nous souhaitons aller plus loin. 

Nous amorçons également les questions du gaspillage alimentaire. Nous réfléchissons à travailler différemment nos offres de restauration, et souhaitons interroger nos visiteurs sur le sujet. Notamment sur la façon dont ils perçoivent la composition de leurs assiettes afin de voir comment on peut optimiser au mieux ces offres.»

Bon à savoir: Les bancs des gradins du spectacle nocturne ont été réalisés à partir du recyclage de 7 000 briques alimentaires Tetra Pak. Et 142 îlots de tri sont déjà disponibles dans les allées du Parc. 

Mais demander de tels «efforts» à des visiteurs venus là pour s’amuser n’est-il pas promis à peu d’efficacité?

Christine de Samie: «Lorsque nous avons mis en place notre démarche environnementale il y a quinze ans, c’était effectivement assez loin de la préoccupation de nos visiteurs. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Et nous pensons même qu’à l’avenir ce peut être un critère déterminant en matière de choix de destination de court séjour comme nous le sommes.» 

Pour ce qui concerne la réduction de vos consommations d’eau, le partenariat avec Toopy Organics récemment mis en place vous semble-t-il concluant ?

Christine de Samie: «40% de nos blocs sanitaire sont désormais équipés, et les 60% restants le seront dans les mois à venir. L’une des questions était de savoir si cette opération de recyclage des urines humaines aurait une incidence sur la satisfaction visiteurs, et ce n’est pas du tout le cas. Or, c’était une véritable inconnue lorsque nous avons démarré le projet! La première année, alors que nous n’avions que deux blocs équipés, nous avons déjà pu valoriser 23 tonnes d’urine. Honnêtement, ces chiffres nous ont nous-mêmes surpris. Et très satisfaits. D’ailleurs, nous poursuivons sur cet axe. Avec GSF (qui nous a rapproché de Toopy Organics), nous souhaitons que, dans un avenir proche, la fertilisation des terres permise par ce tri se fasse via une coopérative située à proximité du parc.»

Vous venez d’inaugurer, à la mi-juillet, le village Ecolodgee avec -en son cœur- une micro-forêt. Pouvez-vous nous en dire plus? 

Christine de Samie: «Ces 120 lodges peuvent accueillir chacun quatre à cinq personnes et sont intégrés dans une parcelle offrant un vrai retour à la nature. Une micro-forêt a été créée sur un peu plus de 2 ha. Elle abrite plus de 20 000 plants afin de pouvoir recréer un éco-système qui se développera au fil du temps et nous permettra d’apporter fraîcheur et ombrage l’été. À l’autre bout du parc, nous disposons aussi d’une parcelle de plus d’1,5 ha sur laquelle, à l’automne dernier, nous avons re-semé en prairie naturelle avec des graines locales fournies par le Conservatoire des espaces naturels. Cette prairie change totalement le visuel initial du parc. Désormais, nous laissons totalement s’exprimer la végétation de même que la logique d’entretien (deux fauches à l’année) vient s’inscrire dans les cycles naturels. Et nous sommes également très attentifs aux palettes de végétaux choisies sur nos différents aménagements, même petits.»

Un mot sur l’éco-construction de ces Ecolodgee?

Christine de Samie: «Il faut savoir que plus de 80% des entreprises ayant travaillé sur ce projet sont locales. Ces lodges sont faits de bois issus de forêts françaises durables, Les structures (en bois modulaires) ont été préfabriquées à moins d’un km. Nous avons positionné l’usine d’assemblage à proximité du site en utilisant nos parkings. Et chaque lodge a été transporté par grue sur la parcelle, puis posé hors-sol, sur pilotis, ce qui a permis de limiter leur impact et de favoriser le développement de la biodiversité.»

Parlons mobilités. Quels sont vos objectifs sur le sujet? 

Christine de Samie: «La mobilité des salariés fait partie des volets importants. Parmi nos sujets de réflexion, l’installation de bornes de recharge. Nous mettons également à disposition une formule de covoiturage par le biais de l’application Karos. Avec un petit soutien financier d’un euro par trajet pour le conducteur. Et nous avons demandé à nos deux prestataires principaux, présents sur site d’intégrer aussi cette offre. De même, nous leur avons demandé de suivre la même logique que nous sur les déplacements décarbonés. Enfin, nous verdirons 100% de notre flotte interne d’ici à 2025 pour passer entièrement aux véhicules électriques.»

Bon à savoir: La flotte du Futuroscope comprend une quarantaine de véhicules, dont 8 golfettes, 12 trottinettes, 2 segways et 8 vélos. 

Imaginez-vous (à l’image de ce que propose depuis quelques mois Universcience) la mise en place d’une tarification préférentielle pour les visiteurs venant via une mobilité verte ?

Christine de Samie: «Cela fait partie des sujets à l’étude. Mais pour cela, il faut pouvoir leur mettre des bornes de recharge électrique à disposition. Nous en avons déjà quelques-unes, et nous projetons d’étendre cette offre d’ici deux à trois ans en déployant entre 400 et 600 places équipées de bornes.» 

L’ancrage territorial est l’une des raisons d’être du Futuroscope. Comment se traduit-il aujourd’hui ?

Christine de Samie: «Comme vous le savez, le Futuroscope est la propriété du Conseil Départemental de la Vienne. Il est donc forcément inscrit dans nos gênes. Mais le parc a aussi à cœur de pouvoir travailler sur des sujets transverses. Ainsi, nous avons lancé une étude sur la production d’hydrogène qui dépassera le seul Futuroscope pour toucher l’ensemble des entreprises et des structures qui nous entourent. Avec le département, nous travaillons aussi sur la mobilité sur l’ensemble du territoire. Enfin, nous visons le zéro carbone, mais nous savons qu’il y aura forcément un reliquat. Aussi, nous avons intégré deux projets de compensation carbone. Sur l’un de ces programmes, nous avons signé un contrat pour la replantation de 27 ha de forêts dans trois communes du département. Sur le second, nous travaillons avec la Fondation Terre à Terre et finançons des producteurs agricoles de la Vienne afin qu’ils puissent basculer en pratiques bas carbone.»

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