Sylvain Waserman, Président de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie nous explique ce qu’est l’ADEME et comment réduire son impact environnemental pour atteindre les objectifs de 2050.
L’ADEME concrètement, c’est quoi ?
L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie maintenant, c’est même l’agence de la transition écologique au sens large. C’est quoi l‘ADEME ? L’ADEME, en fait, a deux missions principales. La première, c’est d’éclairer, d’inspirer la décision publique. Il y a 500 experts, il y a des chercheurs qui, sur tous les aspects de la transition écologique, vont non pas prendre les décisions, mais instruire des scénarios, réfléchir aux différents types de scénarios possibles, écrire des méthodologies, toute une expertise au service de la transition écologique en tant qu’agence de l’État.
La deuxième mission, c’est l’accélération. On n’est plus à l’époque où il fallait inventer, innover, expérimenter à petite échelle. On est à l’époque où, bien sûr, il faut continuer à innover, à inventer, mais il faut aussi accélérer la transition écologique. Déployer largement les solutions qui fonctionnent, qui donnent des résultats, déployer largement des infrastructures d’énergie renouvelables dans des territoires, déployer largement des politiques d’économie circulaire.
Nos Gestes Climat
Quand on dit un français, ça pèse huit tonnes, c’est globalement la division d’un nombre de tonnes de carbone en France par un nombre d’habitants. C’est un chiffre très macro. L’avantage de Nos Gestes Climat, c’est que ça permet de faire un lien entre nos actions du quotidien, notre mode de vie. Et en fait, le début du passage à l’action, c’est faire ce que vous avez fait. C’est-à-dire, aller sur Nos Gestes Climat, ou un autre, mais Nos Gestes Climat pour voir son poids carbone et se dire : Tiens, mais si finalement j’allais au bureau en bus, je laissais un peu plus ma voiture, si je prenais plus le vélo, etc. Si je changeais mon chauffage au fioul par un e-pack électrique, qu’est-ce que ça signifierait pour mon impact personnel ? Et ça, c’est le début.
-10% sur notre bilan carbone
Je crois personnellement que si vous dites à quelqu’un qui pèse 8 tonnes, ce qui est le poids moyen, il faut que tu pèses 2 tonnes, c’est au-dessus de nos forces. C’est une espèce de calcul arithmétique qui vous écrase. Oui, et je pense que l’enjeu, moi, aujourd’hui, c’est de dire à tous ceux qui nous écoutent,. L’enjeu, c’est les 10 premiers pourcents, de se dire : tiens, si je change mon fioul par du e-pack, si je vais au bureau en bus, etc, je peux faire 10% d’efforts. Et 10% d’efforts, c’est une tonne par personne. Quand on est 65 millions de Français, ça fait 65 millions de tonnes. Et c’est quoi 65 millions de tonnes ? C’est la moitié du chemin qu’on a à faire jusqu’à 2030 pour atteindre nos objectifs de décarbonation de 2050.
Se déplacer en zone périurbaine ou rurale
D’une part, il y a plein de solutions qui existent maintenant de plus en plus, que ce soit des solutions sur l’autopartage. Un maire, un élu local, il est capable d’essayer de visualiser ses flux, d’essayer d’agir dessus. Tiens, ces flux-là, ils sont plutôt tous regroupés au même moment. Donc tiens, un transport public, ça a un sens, tiens, même s’il est ponctuel, juste pendant les horaires spécifiques du boulot. Tiens, l’autopartage, on s’aperçoit que sur tel ou tel schéma, ça peut marcher, tiens, finalement, des véhicules électriques partagées, on peut y réfléchir. Tiens, le transport à la demande. Bref, il y a un panel de solutions.
La méthodologie ACT
Alors, ACT, c’est quoi ? C’est une méthodologie dont le but est quoi ? C’est de dire chaque entreprise fait un plan carbone, un plan de décarbonation. Maintenant, les entreprises le font de plus en plus. C’est une méthode qui va permettre d’évaluer la solidité du plan de transition qu’a construit l’entreprise. Pourquoi ça sert ? Tous les acteurs économiques sont soumis à trois choses: quelques seuls territoires.
D’abord, des groupes privés qui mettent de plus en plus pression sur leurs sous-traitants à cause des fameux scopes 1, 2, 3, leur impact, qu’ils travaillent pour eux-mêmes et donc aussi pour leurs sous-traitants. Deuxième point: les marchés publics. 2026, obligation de clause environnementale. Troisième point: la finance verte. Aujourd’hui, les grandes institutions bancaires se disent: Quelle est la part de financement que j’apporte à des entreprises vertueuses ou des projets vertueux ? Ces trois sujets font qu’une entreprise de nos territoires qui ne s’intéresse pas à sa décarbonation. Elle est menacée d’être sortie des grands marchés privés, d’être sortie des marchés publics, sortie des sources de financement.
Bénéficier d’une note
Avec la solidité de notre méthodologie, avec le sérieux de votre signature, une entreprise qui le souhaite pourra venir nous voir en disant : Moi, j’investis beaucoup dans ma décarbonation. Voilà mon plan, voilà mes investissements, voilà ce que disent mes actionnaires, voilà l’objectif que je me suis fixé, le niveau d’objectif, la gouvernance que j’ai mis en place, le plan d’action que je fais. Et d’avoir une note, je suis 15 B+ sur mon plan de décarbonation. C’est une note sur 20, une lettre et une tendance et un chiffre plus moins. Et donc du coup d’avoir quelque chose d’opposable, d’avoir quelque chose qui peut revendiquer la solidité de sa décarbonation. Donc la question, c’est comment on sort du greenwashing où tout le monde va expliquer qu’il est plus vert que vert et qu’en 2050, il sera complètement décarboné et que lui, comme il est très fort, ce n’est même pas 2050, c’est 2040, pour gagner un appel d’offres en 2024. C’est l’arme anti greenwashing !
Le pacte industrie, c’est quoi ?
Il se concrétise par deux choses: de l’expertise et des financements. Ce qui est important de bien voir, c’est qu’aujourd’hui, les enjeux de décarbonation de l’industrie, c’est des enjeux de compétitivité de l’économie. Il y a une étude qu’on a faite qui est passée un peu inaperçue. Mais le ministre l’a reprise à son compte et il a bien fait de le faire. C’est le coup de l’inaction. On a une étude avec des économistes qui a été faite qui montre que si on ne fait rien. Si on reste en l’état, donc je continue mon business, pas de problème, on s’en fout de tout ça, ce n’est pas mon sujet. Ça coûte jusqu’à 10 points de PIB, entre 5 et 10 points de PIB aux échéances 2030-2050.
En fait, il y a un coût à l’inaction. On n’arrête pas de dire: Il y a un coût à l’action. Bien sûr, il y a un coût à l’action, mais il y a aussi un coût à ne rien faire. Il y a un investissement à l’action !
Le Grand Défi Écologique de l’ADEME
Sur place il y avait plus de 1300 participants ! Il s’y est passé quelque chose. C’est très intéressant parce que pendant quatre jours, deux jours pour professionnels, collectivités et deux jours pour le grand public, qu’est-ce qu’on fait ? On touche du doigt la réalité de la transition écologique. C’est-à-dire qu’au-delà des discours, au-delà des chiffres, machin, on voit concrètement ce que ça peut signifier. Ce que ça peut signifier pour une entreprise et une collectivité, avec des innovations très concrètes. Et après, pour le grand public, c’était une espèce de simulation de la vie de la transition écologique. C’est-à-dire la maison de la transition, le transport de la transition. On a montré quelque chose d’extrêmement ludique qu’on aura l’occasion de présenter à Paris aussi en septembre.
Le message de l’ADEME
Le message qu’on porte à l’ADEME, c’est un message d’action parce que c’est notre quotidien, c’est un message de mobilisation. On l’a dit, ça ne fonctionne qu’avec les citoyens, qu’avec les entreprises, qu’avec les élus. Et c’est un message d’espoir parce que c’est possible. On le disait, si chacun fait 10% d’efforts, c’est déjà la moitié du chemin. Allons-y, c’est à portée de main.