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Villeneuve-lès-Avignon

Transition écologique: Villeneuve-lès-Avignon, Un territoire très engagé!

par Laurent F.

Mis en place par l’ADEME le programme «Territoire engagés Transition écologique» permet aux collectivités de structurer leur politique de transition écologique. Il concerne tous les territoires. Villeneuve-lès-Avignon et ses quelques 12 500 habitants font toutefois figures de précurseurs.

A quelques kilomètres en périphérie de la Cité des Papes, Villeneuve-lez-Avignon est une bourgade tranquille prisée (notamment) des cyclo-touristes. A sa tête, l’ancienne sénatrice (LR) du Gard Pascale Bories a depuis longtemps montré son vif intérêt face aux enjeux de la transition écologique. Pour preuve, lors de son passage au Sénat (de 2017 jusqu’à son élection à Villeneuve en 2020), elle a été Vice-Présidente de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable. Rien d’étonnant alors de voir en cette petite ville une sorte de précurseuse. Emmanuel Suffet, conseiller municipal en charge du Plan Climat, et de la coordination des actions Développement Durable a accepté de nous en dire plus sur les actions menées ici depuis bientôt trois ans.

Emmanuel Suffet

La transition écologique est l’un des objectifs majeurs de votre politique municipale. Comment cela se traduit-il? 

Emmanuel Suffet: «Dès le début du mandat nous avons décidé d’entamer un processus de labellisation «Territoire engagé Transition écologique» auprès de l’ADEME. Peu de communes de notre taille le font, et cela nous paraissait très important. Aussi nous avons recruté un consultant extérieur (recommandé par l’ADEME) et sommes entrés dans ce processus qui devrait s’étendre sur trois ou quatre ans. Avec, pour objectif, d’atteindre le premier niveau de labellisation fin 2023 ou début 2024. Il était important de nous faire accompagner par ce biais afin de pouvoir mesurer ce que nous avons déjà fait, mais aussi ce que nous comptons faire. L’intérêt de cette démarche est d’exclure tout greenwashing et d’intégrer dès que possible ces actions très concrètes dans le quotidien de la commune.»

Quelles mesures avez-vous déjà prises? Et que comptez-vous faire? 

Emmanuel Suffet: «L’une de nos premières décisions a concerné l’intégration dans tous nos marchés publics de la dimension Développement durable. Désormais, ceux qui souhaitent répondre à nos appels d’offres doivent obligatoirement englober dans leurs propositions une série de critères venant en écho à la transition écologique. Par ailleurs, nous avons établi plusieurs plans. Notamment un plan Lumières, un plan Rénovation énergétique, un plan Végétalisation, un plan Vélo…

Nous avons d’ores et déjà effectué les audits énergétiques de l’ensemble des bâtiments communaux. Nous sommes en train de concevoir une école 100% durable, avec toiture photovoltaïque, imperméabilisation des sols etc… Et toutes les autres seront rénovées au fur et à mesure. Nous avons aussi déjà changé la moitié des éclairages de la ville pour les passer en LED, le reste devant l’être dans les deux ans. Et nous changerons toutes celles des bâtiments communaux dès cette année.»

Et pour ce qui concerne la végétalisation?

Emmanuel Suffet: «Parmi les différentes mesures, nous avons végétalisé certaines rues, revu nos parcs en y intégrant des essences naturelles du sud afin d’essayer d’avoir des parcs autonomes et économes en eau. Nous y avons supprimé tous les produits phytosanitaires. Nous préférons largement avoir quelques mauvaises herbes plutôt que d’utiliser trop de produits!»

Parlez-nous de votre ambitieux plan Vélo…

Emmanuel Suffet: «Nous allons nous raccrocher à la Via Rhona avec la boucle des Chartreux (déjà réalisée) ainsi que la construction de la piste cyclable qui la reliera au centre ville. La fin des travaux est prévue au premier semestre 2024. Nous avons aussi terminé la piste qui nous relie à Pujaut, le village d’à côté qui doit encore assurer la continuité. Nous sommes en cours de réflexion pour relier le haut et le bas de Villeneuve via les mobilités douces.

Dès la fin 2023, nous installerons aussi trois nouvelles bornes de vélos électriques Velopop (qui dépendent de l’agglomération du Grand Avignon). Nous avons installer des garages et des abris à vélo pour les cyclotouristes dans différents endroits stratégiques de la ville (d’autres sont à venir). Et nous songeons à élargir la voie 1, l’avenue principale qui relie le haut et le bas de la ville afin qu’à terme voitures, cyclistes et piétons puissent cohabiter.»

D’autres projets?

Emmanuel Suffet: «Un grand projet éco-développement avec des missions d’éducation à l’environnement, des jardins partagés, des solutions de compostage collectif. Nous comptons également développer des poubelles pédagogiques et ludiques (à la façon des paniers de basket, par exemple) pour inciter et favoriser le tri sélectif. Nous venons d’investir dans un vélo cargo électrique qui assurera dès cet été la collecte des cartons dans les commerces du centre-ville. D’ailleurs, nous avons remplacé l’ensemble des véhicules de notre centre technique municipal par des véhicules électriques. A ce titre, nous avons été les premiers en Occitanie (et parmi les premiers en France) à faire appel au V2G (Véhicle-too-Grid).»

Sentiez-vous une attente des administrés, ou vous faut-il user de pédagogie pour mieux convaincre?

Emmanuel Suffet: «Il y a une attente, oui. Mais on vit bien à Villeneuve; le cadre de vie est agréable, donc on n’a pas forcément envie de mesures qui peuvent changer le quotidien et les habitudes. La pédagogie peut donc parfois être nécessaire. Comme dans beaucoup d’autres endroits, certaines questions peuvent susciter des débats. Comme lorsqu’on instaure une Zone 30 en ville ou que l’on autorise les vélos à circuler à contre-sens des voitures, par exemple. Mais l’accueil et l’écoute sont bel et bien là.

D’ailleurs nous avons lancé l’opération «Villeneuve Demain», bâtie sur la démocratie participative. Nous avons demandé à la population, au travers de trois ateliers (avec la participation de 100 à 150 personnes à chaque fois!) leurs idées sur le Villeneuve de demain, et sur ce qu’ils attendent à court ou plus long terme. De cela est sorti tout un panel de propositions que nous voterons en conseil municipal avant ou juste après l’été. Et, bien sûr, nous nous engageons à mettre en place ces propositions ou engager les actions d’ici à la fin du mandat.

«Nous avons l’avantage d’avoir l’agilité d’une petite commune. Nous allons donc plus vite que la moyenne!»

Emmanuel Suffet, en charge de la coordination des actions Développement Durable à Villeneuve-lez-Avignon

Villeneuve-lez-Avignon a cette spécificité de se trouver à la frontière de deux départements (le Gard et le Vaucluse) et de deux régions (l’Occitanie et PACA). Qu’est-ce que cela implique au quotidien? 

Emmanuel Suffet: «D’un côté nous dépendons du Gard et de l’Occitanie, et de l’autre de la communauté de communes du Grand Avignon. Il est vrai que cette situation atypique amène régulièrement des lenteurs… Le fait d’être tout au bout de l’Occitanie (mais aussi le fait que la commune soit considérée comme assez riche) peut parfois faire de nous des «oubliés». Mais nous avons dans notre équipe des agents formés à la commande publique et aux marchés, et notamment une personne qui épluche toutes les demandes de subventions possibles et/ou des dispositifs. Cela nous permet de de caler au mieux notre agenda d’actions sur ces aides. Globalement, cela se passe plutôt bien. D’autant que nous avons l’avantage d’avoir l’agilité d’une petite commune. Nous allons donc plus vite que la moyenne !»

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