Il est devenu si à la mode qu’on le voit désormais partout. Une véritable arme de vente pour le secteur touristique comme pour celui des sports et des loisirs. Sauf que, comme pour tous les autres produits de consommation, le slow washing peut sévir. Alors, qu’entend-on vraiment par slow tourisme? Et quelles différences avec le tourisme durable?
Quatre éléments clé indissociables
Pour comprendre l’origine du slow tourisme, il faut d’abord revenir à la naissance du mouvement slow food. Ce concept a été inventé par Carlo Petrini en 1986, lorsque McDonald’s a ouvert un restaurant en plein centre historique de Rome. En réaction à cette implantation, voire par franche opposition, l’Italien a souhaité sensibiliser ses compatriotes. Il les a encouragés à privilégier les restaurants locaux. Par extension, le slow tourisme s’est imposé. Il répond au besoin de revenir à notre propre culture, à nos territoires et à leurs habitants, ainsi qu’à notre patrimoine. Aujourd’hui, le slow tourisme c’est donc (comme son nom l’indique) voyager tout en prenant son temps. Mais pas n’importe comment. L’ADEME propose sa propre définition du slow tourisme. Elle y intègre quatre piliers indispensables et indissociables. Ces piliers sont l’expérience, le temps, les mobilités bas carbone, ainsi que la protection du patrimoine.
Prendre son temps mais pas seulement…
En clair, «l’expérience désigne le fait de choisir des activités de découverte du territoire qui impliquent la rencontre et l’échange avec les habitants. Le temps se réfère au fait de choisir des temporalités plus lentes et plus riches: c’est le fameux «prendre son temps»! Qui dit slow tourisme dit aussi «mobilités bas carbone», plus précisément le fait de privilégier les transports collectifs et les mobilités douces pour se rendre à destination et pour se déplacer pendant le séjour. (…) Enfin, le slow tourisme intègre des activités liées à la protection et à la valorisation des patrimoines matériels et immatériels: cuisine, savoir-faire, architecture, nature…»
Slow tourisme et tourisme durable n’exigent pas tout à fait le même engagement
On le sait, le slow tourisme passe bien souvent par le cyclotourisme. Ces dernières années, de nombreuses véloroutes ont été créées qui émaillent la France, et même l’Europe entière. À ce jour, dix-sept itinéraires Eurovélo sont en service à travers l’Europe, totalisant 45 000 km. Parmi eux, dix traversent la France. Il passe aussi par le tourisme fluvial. En France, pas moins de 8 500 km de voies navigables sont mis à disposition par Voies navigables de France (VNF). Mais ce peut aussi être des randonnées à pied, à cheval, à ski l’hiver venu ou en raquettes, par exemple. Ces activités s’accompagnent de pauses dans des hébergements et des restaurants qui sont forcément durables. Autrement dit, ils privilégient l’utilisation de matériaux écologiques et proposent des menus en circuits courts. Attention, toutefois: pour les experts de l’ADEME «il ne s’agit pas de simplement «prendre son temps», «faire un stage de yoga pour se ressourcer» ou «se déconnecter des écrans» pendant une semaine.»
Le tourisme durable est une chose, le slow tourisme en est une autre! La différence? Le slow tourisme intègre systématiquement les quatre ingrédients clés soulignés par l’ADEME, et pas seulement la dimension écologique. «La notion d’identité du territoire est très forte dans le slow tourisme.», souligne Sophie Portier, responsable du Fonds Tourisme Durable à l’ADEME. «Il ne s’agit pas de faire des activités qu’on pourrait dupliquer n’importe où. L’expérience dans le Gers ne sera pas la même que dans la vallée de la Roya !»