Seconde main, réparation et recyclage ne sont plus des alternatives, selon une étude FMC-KPMG

Par Laurent F.
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Seconde main

La Fédération de la Mode Circulaire (FMC) et le cabinet d’audit et de conseil KPMG viennent de communiquer les résultats de leur nouvelle étude consacrée au marché de la mode circulaire en Europe. A la clé, quelques sérieuses pistes pour envisager circularité et recyclage au sein des modèles économiques, et pas seulement de ceux des entreprises du textile!

Créée en 2022, la Fédération de la Mode Circulaire (FMC) regroupe les acteurs européens de la mode circulaire avec, pour objectif, de soutenir le développement du secteur vers un modèle transparent et plus responsable. KPMG, lui, est le leader de l’audit et du conseil. Ensemble, les deux structures ont réalisé une nouvelle étude de marché à l’échelle européenne qu’ils ont structurés autour de quatre piliers: Reinvent, Reuse, Repair et Recycle avec pour volonté de mettre en avant «les leviers d’action, les opportunités économiques et les perspectives d’emploi associées à la transformation durable du secteur.» En clair, comment agir depuis la conception du produit textile jusqu’à son recyclage? Voici ce qu’il faut retenir de cette étude.

Repenser la mode dès la conception du produit

Selon les auteurs de cette étude, «la conception représente une étape décisive dans la chaîne de valeur textile: près de 80% de l’impact environnemental d’un produit est déterminé dès sa phase de design. Intégrer les principes de l’éco-conception permet aux marques d’agir en amont et de poser les fondations d’un modèle plus résilient. (…) Le développement d’offres «éco-conçues» est amené à devenir un critère différenciant central pour les marques, à la fois en termes de positionnement, de conformité réglementaire et de rentabilité à moyen terme.»

Transformer la seconde main en premier choix

En pleine expansion, le marché de la seconde main devrait représenter 26 milliards d’euros d’ici 2030. Une forte croissance portée par les plateformes de revente entre particuliers (Vinted, Le boncoin…) comme par les initiatives mises en place par les différentes marques. Ainsi, plus de 75 000 emplois pourraient être créés ces prochaines années. Une excellente nouvelle, surtout lorsqu’on sait que (toujours selon l’étude FMC/KPMG) «l’achat d’un vêtement d’occasion prolonge sa durée de vie de 2,2 ans en moyenne, ce qui permet de diminuer son empreinte carbone, hydrique et en déchets jusqu’à -73% Et les auteurs de souligner l’importance stratégique de cette solution qui permet de «générer de nouvelles sources de revenus, de renforcer la fidélisation client et de valoriser l’image de marque sur le plan environnemental.»

Favoriser la réparation plutôt qu’un nouvel achat

Réparer un vêtement plutôt que de le remplacer permettrait de réduire les émissions de CO2 de 30% et d’allonger sa durée de vie de 70%. «Ce marché, soutenu par des incitations publiques (comme le bonus réparation en France) est amené à croître fortement dans les années à venir, pour atteindre un volume estimé à 3,7 milliards d’euros en 2030, et près de 10 000 emplois créés à l’échelle européenne.» Pour les marques, déployer de tels services contribue non seulement à améliorer l’expérience après-vente et à réduire les retours produits, mais aussi à «recueillir de précieuses données sur l’usure réelle des vêtements, utiles pour optimiser la conception initiale».

«les modèles économiques circulaires ne doivent plus être perçus comme des alternatives marginales, mais bien comme des axes stratégiques porteurs de valeur à long terme.»

Etude FMC-KPMG

Donner une seconde vie aux textiles

Autre levier, «le recyclage des fibres textiles constitue un levier crucial pour limiter le recours aux matières premières vierges, comme le coton ou les fibres animales, qui représentent près d’un tiers de l’empreinte carbone d’un vêtement.» Là encore, bonne nouvelle: le marché européen du recyclage textile est estimé à 1,6 milliard d’euros à l’horizon 2030. Il pourrait générer plus de 3 500 emplois. Ceci, «malgré les défis encore importants liés aux freins techniques et à l’infrastructure», expliquent les auteurs de l’étude. «Investir dans le recyclage, c’est anticiper les nouvelles exigences réglementaires qui imposeront prochainement un pourcentage minimal de matières recyclées dans les produits mis sur le marché.»

Une dynamique forcément collective

Pour conclure, KPMG et FMC voient dans les résultats de leur étude une confirmation: «les modèles économiques circulaires ne doivent plus être perçus comme des alternatives marginales, mais bien comme des axes stratégiques porteurs de valeur à long terme.» Mais ils préviennent: «Le passage à l’échelle de la mode circulaire nécessitera une mobilisation coordonnée de l’ensemble des parties prenantes, des marques aux régulateurs, en passant par les distributeurs, les réparateurs, les innovateurs et les citoyens.» 

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