C’est dans le cadre du premier forum de l’Agence pour l’innovation dans les transports (AIT) que le ministre délégué Clément Beaune vient d’annoncer souhaiter la mise en place d’un billet unique permettant de se déplacer partout en France. De quoi s’agira-t-il? On fait le point.
L’annonce a été faite ce mercredi 8 février: Clément Beaune, ministre délégué aux transports, envisage donc la création d’un billet unique permettant aux usagers de se déplacer partout en France, quel que soit le transport public emprunté. «C’est par des solutions innovantes et concrètes qu’on peut révolutionner le quotidien des usagers des transports en commun en France. Le billet unique est une mesure qui pourra être déployée sur tout le territoire et qui facilitera tous les voyages». Le ministre s’appuyait là sur les premiers résultats du grand concours d’innovation organisé les 7 et 8 février à l’occasion du premier forum de l’Agence pour l’innovation dans les transports qui se tenait à la Cité des sciences et de l’industrie.
Bon à savoir: Créée en novembre 2021, l’AIT a pour mission de réfléchir sur les quatre grands défis que doit relever le secteur. A savoir:
- la transition écologique et énergétique
- la révolution digitale «qui génère de grands volumes de données à protéger et valoriser».
- la nécessité de résilience des services de transport et de logistique en temps de crise
- la cohésion des territoires, en offrant de nouveaux services de transports adaptés
Une expérimentation dès la fin de 2023
C’est donc lors de ce premier forum que l’AIT a lancé un hackathon qui a abouti à soixante-dix candidatures parmi lesquelles celles de start-ups et de grands opérateurs comme la RATP et la SNCF. Deuxième étape: un jury composé de représentants de l’Etat et des collectivités locales devait ensuite décider du projet pilote qui permettra de tester l’initiative dès la fin de 2023 (dans des territoires volontaires). Ceci, même si le ministre entend développer cette offre dans les deux ans. D’ici là, pour définir les modalités de cette «révolution» qui s’annonce, un groupe de travail devrait être rapidement lancé avec les autorités organisatrices de mobilités dans les régions et les agglomérations.
«Il faut respecter cette politique de décentralisation. Ce n’est pas à l’Etat de dire aux régions quelle est leur offre et le prix de leurs transports.»
Clément Beaune, Ministre délégué aux Transports, dans « 20 minutes », le 8 février 2023.
Une solution déjà mise en pratique ailleurs
En développant cette solution (que la SNCF avait déjà tenté de lancer dans les années 1990, sans succès), Clément Beaune s’appuie -dit-il- sur les initiatives existantes ailleurs en Europe. Comme il l’expliquait dans une interview accordée ce mercredi au quotidien 20 minutes, «en Allemagne, on parle beaucoup d’un billet à 49 euros qui se met en place. (…) Les Pays-Bas l’ont fait, les Suisses s’y sont engagés, l’Autriche y réfléchit aussi. Les pays les plus engagés dans la transition écologique sont en train de le faire.»
Sans parler de ce qui se fait déjà (et depuis longtemps!) à l’échelle de certaines métropoles. A Londres tout particulièrement où l’on peut parcourir la ville d’est en ouest et du sud au nord avec une simple carte Oyster. Une carte utilisable dans le métro, les bus, les tramways, les trains Overground et National Rail, le Docklands Light Railway, le téléphérique de Thames, le Heathrow Express etc…
Uniformiser l’offre et développer l’intermodalité
Quoi qu’il en soit, si ce projet voit le jour, les bénéfices devraient être nombreux pour les usagers. «On va tirer un fil qui aura sans doute pleins d’applications. Il y aura beaucoup plus de transparence. Par exemple, quand vous faites un trajet entre la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie dans le sens Bordeaux-Toulouse, vous avez un certain tarif, mais vous en avez un autre dans l’autre sens, car ce n’est pas la même région qui est responsable de la tarification. Cela crée de la défiance chez les usagers qui ont l’impression de se faire arnaquer. Le titre unique met de la facilité.» Autre argument de poids, incontestable, avancé par le ministre: «On sait que plus les transports publics sont faciles d’utilisation, plus ils sont utilisés. Et vous facilitez aussi l’intermodalité.»
Quelle forme devrait prendre ce billet unique?
A ce stade, le billet unique pourrait passer par une application dédiée ou par des titres dématérialisés. Mais, pour l’heure, Clément Beaune préfère rester prudent: «Il faudra aussi prendre en compte les personnes qui ne connaissent pas le numérique, qui sont plus âgées ou moins habituées à ce type de solutions. L’Allemagne l’a fait ces derniers mois. Ils ont à la fois développé une nouvelle application et des titres papiers.»
Même prudence quant au futur tarif appliqué: «Il faut respecter cette politique de décentralisation. Ce n’est pas à l’Etat de dire aux régions quelle est leur offre et le prix de leurs transports. C’est leur responsabilité. Je distingue le support et le tarif même si je pense que le support peut entraîner des simplifications et inciter les autorités organisatrices à proposer des tarifs communs.» Aucun doute: ce «chantier» ne faisant que commencer, du projet à sa réalisation les discussions s’annoncent (très) longues…