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Pollution Lumineuse

Pollution lumineuse: Les Français appellent à la sobriété!

par Laurent F.

Un sondage réalisé pour le compte de l’ANPCEN vient de le révéler: si la pollution lumineuse ne cesse de croître, nos concitoyens en ont assez et appellent massivement à baisser la lumière. Une opinion partagée et relayée dès le lendemain, par une note scientifique parlementaire.

C’est ce 25 janvier qu’ont été communiqués les résultats d’un sondage très attendu. Commandé par l’Association Nationale pour la Protection du Ciel et de l’Environnement Nocturne (ANPCEN) et réalisé par Opinionway, il vient nous en dire plus sur ce que pensent les Français de la pollution lumineuse qui touche nos villes. Mais rappelons d’abord ce qu’est l’ANPCEN et ce que sont ses combats. 

Qu’est-ce que l’ANPCEN?

Entièrement dédié aux enjeux de la qualité de la nuit, l’ANPCEN développe son expertise sur le sujet depuis plus de vingt ans. Une action (bénévole) soutenue par le Ministère de la Transition Ecologique ainsi que par de nombreux partenaires. Notamment la Fédération nationale des Parcs naturels régionaux, la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), l’Association des Maires de France, le Museum national d’histoire naturelle… L’organisation (qui réunit une centaine d’associations membres) prône une approche globale des enjeux liés à la lumière, s’intéressant tout autant à la biodiversité, à l’énergie, au climat, au sommeil, à la santé, à l’éco-conception, aux déchets ou aux dépenses publiques. 

ANPCEN

Une expertise nationale, mais aussi locale

Sur le plan national, l’ANPCEN a notamment fait inscrire les enjeux des nuisances lumineuses dans la Loi de transition énergétique pour la croissance verte en 2015. Et dans la Loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages en 2016. Du côté des territoires, elle agit au plus près des élus et des collectivités, et leur apporte ses recommandations et ses outils. De même, elle propose aux communes une charte d’engagements volontaires. Et organise le label national «Villes et Villages étoilés» et «Territoires de Villes et Villages étoilés». Grâce à elle (du moins, en partie!), 12 000 communes pratiquent aujourd’hui la réduction du temps d’éclairage.

Des nuits de plus en plus éclairées… 

Bref, pour l’ANPCEN, ce nouveau sondage provoque tout sauf une surprise! Au contraire, il vient plus que jamais la conforter dans la nécessité de ses combats: pour elle, contrairement à que certains peuvent prétendre, «l’augmentation de la pollution lumineuse en Europe et aux États-Unis ne serait pas d’environ 2% en moyenne par an, mais de 10%, représentant (…) un doublement en moins de huit ans.» Et l’association de rappeler les chiffres de 2015: «En France, le nombre de points lumineux du seul éclairage public avait alors augmenté de 89%, en seulement vingt ans, engendrant +94% de lumière émise la nuit 

pollution lumineuse

Les Français sont d’accord

Bref, que dit ce sondage? D’abord, que la pollution lumineuse est de plus en plus mise en avant, puisque 75% des Français interrogés estiment en avoir davantage entendu parler ces dernières années. Pour autant, 70% considèrent que, par rapport à d’autres pollutions, elle n’est pas suffisamment prise en compte. Et, «contredisant fortement ce que nombre d’acteurs, encore enclins à tergiverser pendant des décennies, essaient de faire croire», les Français se déclarent favorables à 93% à davantage de sobriété lumineuse et énergétique.

Ainsi, 94% d’entre eux souhaitent la réduction de la durée d’éclairement dans les extérieurs privés en milieu de nuit. Pour les éclairages publics, même quasi unanimité puisque 92% souhaitent l’extinction des bâtiments publics aux heures creuses. Surtout, de manière générale, 91% prônent la réduction du nombre de sources lumineuses extérieures pendant la nuit. Un chiffre que l’ANPCEN juge «énorme, et témoignant d’une forte prise de conscience des excès de sources lumineuses multipliées sans réflexion pendant les dernières décennies.» 

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Une note parlementaire vient confirmer l’urgence

Hasard du calendrier? Au lendemain de la publication de ce sondage, l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST) a adopté une note scientifique sur la pollution lumineuse présentée par la sénatrice centriste du Doubs Annick Jaquemet. Note qui vient conforter la position de l’ANPCEN, notamment sur sa (grande) réserve concernant l’usage massif et grandissant des éclairages LED. 

Les LED en question

Ainsi, dans son communiqué publié le même jour, l’OPECST fait un triste constat: «La croissance de la population mondiale et de l’urbanisation ont entraîné une explosion des émissions lumineuses anthropiques. A partir des années 2000, la forte diffusion des LED a encore accru ces émissions. (…) Longtemps sous-estimée, la pollution lumineuse a de nombreux effets néfastes: elle perturbe les cycles naturels de lumière et d’obscurité qui structurent le monde vivant, fragmente les habitats et participe au déclin de la biodiversité. Elle compromet l’observation des étoiles, contribue au gaspillage énergétique et aux émissions de gaz à effet de serre. En exposant à des sources lumineuses bleues et en créant un risque phototoxique pour la rétine liés à certains éclairages LED non réglementés (lampes torches, phares), elle soulève de réelles préoccupations en matière de santé publique.» 

pollution lumineuse

Et Annick Jacquemet de préciser encore:«La rénovation énergétique par les LED ne permettra de lutter efficacement contre la pollution lumineuse que si elle s’accompagne d’une réflexion préalable sur la finalité des éclairages et sur leur réelle utilité au regard des besoins avérés des habitants. »

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