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Farid Maniani : « Il fallait monitorer une innovation incroyable : l’abeille »

par Clara Blanquet

Farid Maniani, Président de Tech4Gaia. Cette interview a été réalisée au World Impact Summit édition 2024.

Farid Maniani

Président de Tech4Gaia nous explique comment les abeilles jouent un rôle crucial dans le recueil de données et dans la compréhension de la biodiversité.

Pouvez-vous nous en dire plus sur Tech4Gaia ?

Tech4Gaia est une entreprise qui utilise et recueille de la donnée dans les ruches d’abeilles pour réussir à monitorer toute l’activité de la biodiversité présente dans les alentours. Il fallait monitorer une innovation incroyable, l’abeille, qui a 100 million d’années. Et le sujet c’est qu’en collectant cette donnée, on va pouvoir accompagner des acteurs pour piloter plus efficacement les actions de transition environnementale.

La donnée est-elle récoltée à l’intérieur des ruches ?

Entre autres, on va avoir des capteurs dans la ruche et sous la ruche, et cette donnée va être remontée et assemblée, en tout cas liée à des données contextuelles, dans quel environnement évoluent ces colonies ? Et derrière, on va pouvoir comprendre quels sont les facteurs de pression environnementaux qui impactent cet acteur qui est une sentinelle de nos écosystèmes.

Qu’est-ce qui va nous permettre de sentir les changements et de savoir s’il y a un problème ?

Comme je le disais, l’abeille étant cette sentinelle de l’environnement, elle va collecter de la donnée environnementale qui permet de comprendre que dans l’environnement dans lequel elle évolue, elle collecte de la ressource, donc un écosystème riche, et l’ensemble de la bio-université en profite, dont les autres pollinisateurs par exemple.

On va pouvoir comprendre que telle activité humaine a potentiellement un effet négatif sur elle, par de l’analyse de cette information qui est collectée, on va parler d’intelligence artificielle très souvent, il n’y a que l’IA qui est en capacité d’analyser cette masse de données. Cette IA va être en capacité de dire voilà ce qui se passe sur cet espace-là, puisque l’abeille est un drone sur un rayon de 2 à 3 km, voilà ce qu’il s’y passe. Et concrètement, si on décidait d’avoir une action environnementale, voilà ce qu’il faudrait faire. Voilà le facteur de pression environnementale qui pose vraiment problème à cet endroit-là.

Qui utilise cette donnée ?

Aujourd’hui, les acteurs que l’on accompagne, sont aussi bien des collectivités, là on est bien d’accord, ce sont eux qui impulsent les politiques, et cette donnée-là leur permet de comprendre quels sont les vrais enjeux ou les vraies problématiques sur leur territoire, et de dire à tel endroit on va actionner de cette manière-là. Ce sont des chercheurs qui ont besoin de données environnementales et qui, dans le cadre de leurs recherches, ont besoin de cette information pour pouvoir faire des préconisations et proposer des choses.

Ce sont des entreprises en démarche RSE ou tout simplement qui ont un besoin de mesurer leur impact sur un territoire. On a un acteur avec lequel on a parlé de métal ou de polluants ou même dans le BTP qui nous disent aujourd’hui on a besoin nous de cette information là parce que lorsqu’on aménage un territoire on a ce qu’on appelle une séquence ERC, c’est-à-dire qu’on doit essayer d’éviter un dommage, de le réduire, de le compenser. Mais pour faire ça il faut un état, il faut comprendre ce qu’il y avait avant ce qui se passe pendant, et ensuite, est-ce que ce que j’ai mis en place a eu un effet bénéfique ou non sur mes écosystèmes.

Est-ce qu’il n’y a que l’abeille qui permet de faire ça ?

Il n’y a pas que l’abeille qui le permet, c’est pour ça qu’on parle de bio-indicateurs. On a d’autres espèces qui sont bio-indicatrices et qui sont  importantes et avec lesquelles on envisage aussi de travailler. La chauve-souris est un bio-indicateur. On a des truites qui sont des bio-indicateurs. Le hérisson, le vert de terre, moins sexy très souvent, mais tout aussi important que l’abeille. Dans le monde agricole et viticole, c’est un véritable enjeu aujourd’hui de pouvoir considérer que cette bio-université est cruciale dans la vitalité de l’agriculture et de ce qu’on va pouvoir produire et proposer pour nos avenirs futurs, en tout cas en termes d’alimentation.

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