Après plusieurs reports ces derniers mois, les différents axes du grand plan de décarbonation souhaité par le gouvernement viennent d’être rendus public par le Président de la République après le Conseil de planification écologique organisé ce 25 septembre. L’objectif, on le connaît: réduire de 55% les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, lutter ainsi contre le réchauffement climatique. Et accompagner dans cette nécessaire transition les territoires autant que les industriels et les citoyens. Mais sans pour autant menacer la croissance. Voici, en bref, les principales annonces faites par Emmanuel Macron.
En finir avec notre dépendance aux énergies fossiles
D’abord, un cap clairement fixé: pour le Président de la République, même si les résultats enregistrés ces dernières années sont bons, il est absolument nécessaire d’accélérer encore la décarbonation. Il s’agit désormais de réduire de 5% chaque année les émissions de GES (contre 2,5% aujourd’hui). Pour y parvenir, Emmanuel Macron compte déployer une «politique de sobriété mesurée où les efforts seront partagées.» Une «écologie à la française» surtout. A savoir (entre autres) «basée sur la science (les études du Giec, notamment) et sur les résultats objectifs.» Et «une écologie souveraine» qui permettra de réduire notre dépendance aux énergies fossiles. L’objectif essentiel du Président, qui en a fait un «cheval de bataille»: «sortir du charbon avant la fin de mandat».
«Reprendre le contrôle du prix de notre électricité»
Cette réduction de notre dépendance, Emmanuel Macron l’a fixé à 40% en 2040 (contre 60% aujourd’hui). D’ici là l’éolien en mer sera largement développé, et même débattu dans les prochains mois. «Les 160 milliards que nous coûtent actuellement les énergies fossiles seront réinvestis». Deux grands chantiers seront mis en place: «un inventaire de nos ressources minières (lithium, cobalt…) afin de les sécuriser», et «les technologies telles que l’hydrogène». Enfin, «point important au cœur de ce projet: reprendre le contrôle du prix de notre électricité.» Des annonces devraient être faites en octobre qui «apporteront la compétitivité et donneront plus de visibilité aux industriels et aux Français.»
10 milliards pour les RER métropolitains, et 1 million de VE français d’ici 2027
Du côté des transports, le chantier des RER métropolitains est relancé. 10 milliards d’euros seront mobilisés. Et Emmanuel Macron vient d’annoncer treize projets d’ores et déjà retenus, et «700 millions d’euros engagés dès à présent pour soutenir ces projets (…) avec la signature des contrats plan dès octobre.» Particulièrement attendue aussi, la question des V.E. «Un million de voitures électriques seront produites en France en 2027. Et quatre usines de batteries, de Dunkerque à Douai, fonctionneront d’ici là. Ce qui nous permettra d’être exportateurs en 2027.»
Quant au leasing annoncé lors de la campagne des élections présidentielles, le dispositif devrait apparaître d’ici novembre, même s’il ne concernera «que quelques milliers de voitures en 2024». Des voitures qui, comme annoncé précédemment, devront nécessairement être produites en Europe.
Tripler la production des pompes à chaleur et accélérer les rénovations thermiques
Autre dossier attendu, celui des logements. Emmanuel Macron l’a répété: pas d’interdiction des chaudières à gaz, mais «une incitation à changer plus vite.» Pour ce faire, l’Etat souhaite développer une filière de fabrication de pompes à chaleur, et tripler sa production d’ici 2027. Cap fixé: 1 million de pompes made in France à cette échéance.
Pour ce qui concerne la nécessaire rénovation thermique, le gouvernement entend poursuivre l’accompagnement des ménages les plus modestes. «Au delà de Ma Prime Renov’ dont la rénovation et la réforme vont se poursuivre, nous accompagnerons les ménages et les bailleurs sociaux.» De plus, dans son devoir d’exemplarité, l’Etat accélérera la rénovation des logements dont il est propriétaire, a promis le Président.
«Cette territorialisation est absolument essentielle. (…) Avec une liberté donnée sur les moyens et les chemins à atteindre.(…). Et avec des objectifs clairs et des responsabilités partagées.»
Emmanuel Macron
Une écologie territorialisée
40 milliards d’euros seront consacrés à ce plan en 2024 (contre 33 milliards en 2023). Avec l’objectif de déployer «une écologie accessible et juste, qui ne laisse personne sans solution.» Et «qui protège les Français et la nature.» Le gouvernement entend donc souhaiter travailler notamment avec les agriculteurs (agri-voltaïsme, biomasse, carburants renouvelables…), avec les forestiers («avec la plantation d’1 milliard d’arbres d’ici 2030»), avec l’Outre-mer, et avec l’ensemble des territoires. «Cette territorialisation est absolument essentielle», a même estimé le chef de l’Etat. Début octobre, dans chaque région des débats devraient être pilotés par Elisabeth Borne. «Avec une liberté donnée sur les moyens et les chemins à atteindre.» Et des budgets verts territoriaux seront mis en place. «Avec des objectifs clairs et des responsabilités partagées.»