Parce que les livraisons du dernier kilomètre constituent l’un des enjeux majeurs dans la décarbonation de nos villes, initiatives et expérimentations se multiplient. Comme à Strasbourg où, jusqu’au 26 octobre, la livraison des colis par les transports en commun est testée.
Saviez-vous que le transport des marchandises représente aujourd’hui 20% du trafic urbain et pas moins de 30% d’utilisation de la voirie ? Il est aussi à l’origine de 50% des consommations de gazole. Et est tenu responsable de 25% des émissions GES et de 35% à 45% des émissions de particules. D’où l’absolue nécessité de trouver des solutions qui permettent une décarbonation efficace du secteur. Menée conjointement par l’Eurométropole de Strasbourg, La Poste, Alstom, et la Compagnie de Transports Strasbourgeois (CTS), une expérimentation est actuellement en cours. Une expérimentation qui semblera tellement évidente à certains qu’ils se demanderont sans doute pourquoi elle n’a pas été testée plus tôt…
Le tramway plutôt que les camions
De quoi s’agit-il ? Jusqu’au 26 octobre prochain, l’efficience du transport de colis Colissimo par tramway est vérifiée par les autorités locales et les différents opérateurs concernés. Et pas n’importe où : au cœur de la ville, sur la ligne B du tramway strasbourgeois. Rappelons d’abord que l’Eurométropole de Strasbourg est composée de 33 communes, et peuplée de plus de 505 000 habitants. À leur disposition, 35 lignes de bus, 6 lignes de tram, 2 lignes de Bus à Haut Niveau de Service (BHNS) et 6 lignes Chron’hop. Le tout pour plus de 492 000 voyages par jour. À terme, si l’expérimentation porte ses fruits, les tramways devraient donc bientôt remplacer les actuels camions pour une circulation urbaine décongestionnée, et pour des livraisons évidemment beaucoup moins coûteuses en émissions carbone. Et sans doute plus rapides aussi !
La cohabitation entre usagers et colis ne doit être impactante pour rien ni personne
Sur le papier le principe est donc très simple : deux fois par jour (chaque matin et chaque début d’après-midi), sous la surveillance d’un facteur une centaine de colis sont chargés dans la voiture de tête du tramway à la station Hœnheim Gare, avant d’être dirigés vers celle de Broglie, c’est-à-dire dans l’hyper-centre de la capitale alsacienne. Là, un second facteur les réceptionne, les dépose sur un vélo-cargo, puis part les distribuer à leurs destinataires. Simple donc, mais pas sans risques.
D’où la nécessité d’expérimenter la solution avant de pouvoir ou non la pérenniser. Car ce mode de livraisons doit impérativement pouvoir co-exister avec le transport des passagers sans les impacter de quelque manière que ce soit. Pas plus qu’il ne doit affecter l’efficacité des livraisons ni entraver à la bonne circulation des trams et à leur fluidité. Les résultats de ce test grandeur nature réalisé sur deux mois devraient être connus à la fin octobre.
Bon à savoir: La Poste s’est fortement investie ces dernières années dans la décarbonation de ses services, proposant (à l’image de cet exemple strasbourgeois) différentes solutions dans une vingtaine de métropoles françaises. Les solutions qui utilisent le fleuve ou les deux-roues électriques sont désormais légion. Et, dans les zones difficilement accessibles d’Isère et du Var des livraisons de colis par drones ont même été mises en place.