Fin Juillet, l’ISSB a proposé deux nouvelles normes financières et durables qui, selon son PDG Emmanuel Faber, devraient pouvoir sonner le glas du greenwashing. Explications.
Epinglé par de nombreuses ONG et associations (comme Reclaim Finance et sa fondatrice et directrice Lucie Pinson notamment), les multinationales comme les grandes banques ont aujourd’hui le devoir et la nécessité d’intensifier leur transition écologique.
Et de clarifier au passage les informations que ces différentes organisations peuvent communiquer. Des informations jugées peu fiables par le secteur lui-même qui a récemment «pris le taureau par les cornes». Jusqu’à l’annonce de l’arrivée de deux nouvelles normes qui pourraient changer la donne. Enfin, peut-être…
«Le greenwashing au sens de «je vends à mes actionnaires de la finance durable qui n’est pas de la finance durable», ce sera terminé le jour où nos normes auront pris une place suffisamment importante dans les marchés.»
Emmanuel Faber, Président de l’ISSB, dans «Le Figaro»
La fin des mensonges et autres embellissements?
Ces deux nouvelles normes nous viennent de l’ISSB (International Sustainability Standards Board). Un organisme de normalisation créé en 2021 dans le cadre de la Fondation IFRS dont le mandat est de développer des normes financières afin de répondre aux besoins des investisseurs en matière d’informations environnementales. Celles-ci sont désormais utilisées dans plus de 140 pays et juridictions. Pour son Président Emmanuel Faber (l’ex-PDG de Danone), pas de doute: ces deux nouvelles normes devraient donc bientôt sonner le glas du greewashing. Dans un article publié récemment par le quotidien Le Figaro, il le proclamait: «Le greenwashing au sens de «je vends à mes actionnaires de la finance durable qui n’est pas de la finance durable», ce sera terminé le jour où nos normes auront pris une place suffisamment importante dans les marchés.»
Un langage commun et compréhensible par tous
Pourquoi tant d’optimisme? Parce que ces deux nouveautés devraient singulièrement atténuer le flou existant dans la mesure où elles obligeront les entreprises à prendre en compte tous les facteurs significatifs inhérents à leurs activités. Et avec une méthode commune afin que les comparaisons soient enfin parlantes d’une société à l’autre, ce qui n’est aujourd’hui pas le cas. En résumé, c’est la naissance d’une vraie comptabilité carbone que l’ISSB souhaite imposer. Concrètement, prenons l’exemple d’une entreprise pétrolière.
Avec ces normes, elle devra obligatoirement comptabiliser le «Scope3», à savoir les émissions «indirectes» générées par la combustion des carburants (essence ou gaz) par ses clients. Tous les rapports annuels devront aussi mentionner les stratégies relatives au climat qui ont été déployées.
Et pas question de rester planqué derrière un jargon incompréhensible: ces normes certifieront «que ce qu’elles font en réalité est détaillé dans un langage qui est commun à toutes les entreprises», précise Emmanuel Faber. Avant de stipuler que les vérifications seront effectuées par «les auditeurs financiers des entreprises de façon à ce que la connexion avec le langage financier soit totale (…) On passe de choses qui sont posées en l’air à un système qui est complètement à l’intérieur des process.»
Sur la base du volontariat… ou pas
Ces normes pourront être adoptées volontairement par les entreprises, ou rendues obligatoires par les États. Mais, là encore, Emmanuel Faber se veut optimiste: de nombreux pays semblent déjà en voie de les appliquer, comme le Japon, le Royaume-Uni, le Brésil, ou encore Singapour et Hong Kong.
A priori, pas l’Union européenne qui développe les siennes. Mais le président de l’ISBB espère bien la mise en place d’une compatibilité entre elles. Les premiers rapports annuels concernés devraient être publiés en 2025.