Fausses infos ou «simples» idées reçues, les climato-sceptiques persistent et signent dans leur déni de la réalité scientifique et des faits directement observables. Pour une partie d’entre eux, le réchauffement climatique serait d’autant moins un problème qu’il n’y aurait guère que des bénéfices à en tirer: de la neige à Noël, de la douceur au printemps et la chaleur en été. Et, quoi qu’il en soit, l’Homme s’adaptera toujours au changement climatique, disent-ils. Si seulement les choses étaient si simples….
«L’Homme s’adaptera toujours»?
Les faits sont pourtant difficilement contestables: depuis 1900, la température moyenne sur la planète a augmenté d’environ 1°C, et celle de la France métropolitaine de près de 2°C. Et ce n’est là qu’un début puisque 2024 est d’ores et déjà l’année la plus chaude jamais enregistrée quand 2023 avait eu elle aussi ce lourd «privilège». Des faits avérés qui ne convainquent pourtant pas les climato-sceptiques qui voient là une évolution naturelle face à laquelle l’Homme devra bien s’adapter. Surtout, ces températures à la hausse ne seraient pas si désagréables, bien au contraire. Franchement, pourquoi faudrait-il se plaindre de la douceur au cœur de l’hiver ou d’un beau soleil qui dure jusqu’en novembre? Certes…
Mais voilà qui fait preuve d’un sacré égoïsme, non? Car que dire aux générations futures quand, à l’horizon 2100, les projections prévoient le pire, avec la disparition des glaciers dans l’Arctique, la fonte des neiges et des catastrophes naturelles risquant de se multiplier encore davantage? Comment oublier les ravages de l’ouragan Chilo à Mayotte, ses innombrables victimes et la totale-destruction de l’île française? Comment ne pas tenir compte non plus des inondations tragiques en Espagne, et celles à répétition sur tout le territoire métropolitain tout au long de 2024? Sans parler des épisodes caniculaires qui surviennent de plus en plus tôt, de plus en plus souvent, causant chaque fois des victimes…
Le réchauffement le plus rapide que la Terre n’ait jamais connu
Sauf que, là encore, les climato-sceptiques ont une explication. Ou plutôt une philosophie. Ces catastrophes ont toujours existé, tout autant que ces périodes de réchauffement ou de refroidissement. Et, face à celles-ci l’homme a toujours «suivi le mouvement». Et puis, de toutes façons, cela prendra des «milliers d’années»... Des arguments imparables? Pas vraiment. Sur son site internet, Météo France corrige: «Notre climat a toujours changé en fonction de cycles. Nous savons ainsi que, durant le quaternaire, le climat alterne entre périodes glaciaires et interglaciaires (plus chaudes) tous les 100 000 ans environ. Les chercheurs ont pu également identifier de plus courtes périodes de changement du climat. Mais depuis le début de l’ère industrielle, notre climat se réchauffe à une vitesse beaucoup plus rapide. Et ceci depuis 1950.»
«Aujourd’hui on sait que, par rapport aux coûts, il serait beaucoup moins cher d’atténuer le changement climatique que de s’y adapter.»
Gerhard Krinner, climatologue, chercheur à l’Institut des géosciences de l’environnement et membre du GIEC
L’atténuation plutôt que l’adaptation
Reste à savoir si les Hommes sauront bel et bien s’adapter au changement climatique devenu plus fortes et à leurs conséquences. Sur le site Natura Sciences, le climatologue, chercheur à l’Institut des géosciences de l’environnement et membre du GIEC Gerhard Krinner précise: «J’aimerais réagir à ceux qui disent que ça ne fait pas de mal, on aime bien quand il fait chaud ou froid. Certes, toutes les sociétés se sont adaptées au climat dans lequel elles ont évolué. Mais tout changement de climat induit des coûts d’adaptation.
Il existe aussi des écosystèmes qui ne peuvent pas s’adapter rapidement. Par exemple, les plantes n’ont pas de petites pattes avec lesquelles se déplacer pour trouver un endroit plus froid quand le climat se réchauffe!». Et d’en souligner quoiqu’il en soit les limites: «Aujourd’hui on sait que, par rapport aux coûts, il serait beaucoup moins cher d’atténuer le changement climatique que de s’y adapter.». Dont acte.