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Luxe : Les diamants sont éternels… mais sont-ils durables ?

par Laurent F.

Souvent critiqués, voire décriés, les diamants et leur commerce sont-ils vraiment éco-friendly ? Faut-il préférer le synthétique au naturel ? Ou l’inverse ? Le Natural Diamond Council vient de publier un rapport qui met les choses au clair sur les pratiques et sur la durabilité de l’industrie. 

Diamant but @NDC

«À une époque où les consommateurs sont plus curieux et avisés que jamais, ils souhaitent connaître les valeurs et les pratiques éco-responsables des entreprises, voire de l’industrie dans son ensemble, auprès desquelles ils font leurs achats.» David Kellie est le PDG du NDC. Comprenez du Natural Diamond Council (NDC), une organisation mondiale à but non lucratif présente aux États-Unis, en Chine, en Inde, aux Émirats arabes unis et en Europe. Et qui fait autorité en matière de diamants naturels. Parce que les idées reçues sont nombreuses, le NDC a souhaité trier le vrai du faux. Pour ce faire, elle s’est appuyée sur les contributions d’experts du secteur, mais aussi sur celles de conseillers indépendants en matière de développement durable. Et sur des recherches menées par des organisations tierces comme le Gemological Institute of America (GIA), et le Bain&Compagny, NASA. La finalité ? À travers cette étude, il s’agit avant tout, pour le NDC, de s’inscrire dans une démarche RSE affirmée. Et surtout dans une politique de transparence afin d’«aider les consommateurs à prendre des décisions éclairées basées sur des faits.» A la clé, des réponses aux questions que nous sommes nombreux à nous poser…

Diamants synthétiques

Les diamants synthétiques sont-ils vraiment plus durables que les diamants naturels ? 

Pour le NDC, c’est clairement non ! «Reproduisant le processus de formation des diamants naturels en peu de temps, la fabrication des diamants synthétiques consomme beaucoup d’électricité, dépendant principalement du réseau national.» S’appuyant sur les informations délivrées par la NASA/GIA, l’organisation précise : «Plus de 60% des diamants synthétiques sont produits en Chine et en Inde où respectivement 63% et 74% de l’électricité du réseau provient du charbon. Et leur fabrication nécessite des températures similaires à 20% de la température de la surface du soleil.» Pour autant, l’organisation professionnelle appelle à ne pas faire de comparaisons hâtives et simplistes. Qu’ils soient naturels ou synthétiques, ces deux types de diamants présentent chacun «un éventail de processus de production, de lieux géographiques, de sources d’énergie, de capacités de productivité et de pratiques de durabilité.»

Mine de diamants au Canada @Rio Tinto

L’industrie du diamant met-elle en péril la biodiversité ? 

Pour le NDC, bien sûr que non ! «Le monde du diamant naturel protège la biodiversité d’une zone presque quatre fois plus étendue que celle qu’il utilise, soit l’équivalent de New York, Chicago, Washington et Las Vegas réunies. 99% des déchets issus de la récupération des diamants sont des roches, et 84% de l’eau utilisée pour la récupération des diamants est recyclée. L’industrie des diamants naturels respecte des normes environnementales mondiales et des lois nationales strictes.» Et l’organisation de préciser (à titre d’exemple) que «la Route du diamant est un réseau mis en place par le groupe De Beers, société diamantaire de premier plan, pour protéger les habitats essentiels de la faune et de la flore en Afrique du Sud et au Botswana.»

L’industrie travaille-t-elle vraiment à la réduction de son empreinte carbone ?

Oui, conformément aux objectifs climatiques mondiaux. «Les membres du Natural Diamond Council développent des projets d’énergie renouvelable en partenariat (souvent dans les pays en développement où il est plus difficile de trouver ce type d’énergie), et des projets de compensation des émissions de carbone. Des entreprises telles que le groupe De Beers se sont engagées à devenir neutres en carbone d’ici 2030, et Rio Tinto à atteindre des émissions nettes nulles d’ici 2050. (…) Les membres du NDC participent également à des programmes uniques de séquestration du carbone, par exemple en utilisant la kimberlite, la roche où l’on trouve les diamants, ou en recourant à diverses solutions basées sur la nature.» 

Bon à savoir : Pour un diamant naturel poli de 1 carat, les émissions CO2 équivalent à parcourir 426 kilomètres dans une voiture à essence de taille moyenne, soit à peine moins qu’un Paris-Lyon.

Le secteur est-il vraiment éthique ? 

Pour l’organisation professionnelle, c’est oui, mille fois oui ! «Dans le cadre du processus de Kimberley, mandaté par l’ONU et par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), le commerce des diamants bruts est strictement réglementé afin de garantir l’absence de conflit. D’autres initiatives, telles que le Responsible Jewellery Council (RJC), première organisation mondiale de normalisation en matière de développement durable pour l’industrie de la joaillerie et de l’horlogerie, contribuent à confirmer, par le biais de certifications vérifiées par des tiers, que les diamants naturels proviennent d’une source d’approvisionnement responsable.»

Ecole au Botswana @NDC

Mais profitent-ils aux pays dont ils proviennent ?

Selon le rapport du NDC, l’industrie du diamant naturel ferait vivre 10 millions de personnes dans le monde. Par ailleurs, jusqu’à 80% de la valeur des diamants bruts resterait «dans les communautés locales sous la forme d’achats locaux, d’emplois, de programmes sociaux, d’investissements dans les infrastructures ainsi que d’impôts, de redevances et de dividendes versés par l’industrie aux gouvernements respectifs.» Au Canada, elle contribuerait ainsi à 24% du PIB total dans les Territoires du Nord-Ouest (TNO). Au Botswana, ce serait 33% du PIB en 2021. «Les revenus tirés des diamants naturels contribuent au financement d’un système scolaire offrant une éducation gratuite à tous les enfants botswanais.» 

Et les conditions de travail dans tout ça ?

Les membres du NDC veillent à ce que tous les travailleurs miniers soient protégés par les normes mondiales les plus strictes. «En ce qui concerne les salaires, les sociétés membres du NDC ont versé en moyenne en 2019 jusqu’à 64% de plus que le salaire national moyen. La récupération des diamants est principalement effectuée par des entreprises à grande échelle utilisant des équipements et des pratiques minières modernes.»

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