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Emmanuel Petit: «Je veille à ne surtout pas faire de greenwashing dans la façon dont je développe mes hôtels.»

par Laurent F.

Neuf établissements, 2 000 chambres, 130 salariés, 10,5 millions de chiffres d’affaires en 2022… Depuis sa création il y a peu, Eklo s’est engagé dans une vision résolument durable et éco-responsable des hôtels. Son fondateur et Président Emmanuel Petit nous parle de ce concept inédit. Et de l’exemplaire démarche RSE de son Groupe.

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Pouvez-vous nous retracer l’histoire des hôtels Eklo?

Emmanuel Petit: «J’ai travaillé pendant douze ans au sein du Groupe Accor où j’ai occupé les fonctions de Directeur commercial et de Directeur de Business Unit. Puis j’ai eu l’envie de me lancer dans cette grande aventure entrepreneuriale en créant un concept d’hôtels qui soient à la fois économiques, écologiques, design et conviviaux. Des hôtels hybrides qui proposent des chambres standards, des chambres familiales, et d’autres de type auberge de jeunesse. Des lieux de vie ouverts vers l’extérieur aussi, avec une partie restaurant/bar importante. En fait, je voulais apporter à l’hôtellerie économique ce côté lifestyle qui lui manquait jusqu’ici. En 2014, les premiers établissements pilotes ont été ouverts, mais le concept s’est vraiment déployé en 2017 à Lille. Aujourd’hui, nous avons neuf hôtels en exploitation, dont le dernier a ouvert mi-février à Roissy. Et nous en ouvrirons un dixième l’été prochain, à Montpellier.»

Lorsque vous avez commencé à présenter ce concept, quelles ont été les premières réactions? 

Emmanuel Petit: «Lorsque j’ai dit en 2013 que nous allions nous lancer dans des constructions d’hôtels en ossature bois dans les cœurs de ville, on m’a pris un peu pour un fou! En fait, cet aspect développement durable a pris sens après le Covid. La clientèle recherche désormais des lieux responsables. Pour tout vous dire, je ne l’avais pas fait pour ça au départ, plutôt par conviction personnelle. Mais il est évident que c’est maintenant un véritable atout commercial. Avant le Covid, les gens venaient essentiellement parce qu’on n’était pas cher. Et parce que les lieux de vie leur plaisaient. Le durable était accessoire. Ce n’est plus du tout le cas, désormais.» 

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Eklo Bordeaux – Le potager urbain

Cette éco-responsabilité commence dès le choix de vos futurs emplacements d’hôtels. Expliquez-nous…

Emmanuel Petit: «Nous choisissons des emplacements qui sont toujours à proximité des transports en commun, en privilégiant si possible les mobilités douces. Si possible aussi, nous choisissons des lieux assez urbains, donc facilement accessibles. Et de préférence dans des éco-quartiers, comme c’est le cas pour notre établissement de Bordeaux par exemple. Pour la construction, le bois n’est pas toujours possible, mais nous le privilégions. Côté énergies, des panneaux photovoltaïques sont installés sur nos toits, ce qui nous permet de produire une partie de notre électricité. Plusieurs hôtels sont raccordés aux réseaux de chaleur urbains. A Bordeaux, on fait appel à la géothermie. A Toulouse et à Vénissieux, c’est une usine d’incinération des déchets qui nous procure l’eau chaude. Ces hôtels sont exemplaires en terme de consommation d’énergie!»

Et pour ce qui concerne les agencements? 

Emmanuel Petit: «Tous sont réalisés par un menuisier ne travaillant qu’avec du bois brut français, des pins des Landes. Nos luminaires sont en très grande partie français. Côté restaurants et bars, nous ne travaillons qu’en circuit court. Nous n’utilisons que des produits éco-labelisés, et faisons notre propre compost avec nos déchets organiques. Nous avons aussi créé un potager urbain à Bordeaux, et installé des ruches à Lille. En partenariat avec la start up Eco Megot nous récupérons tous les mégots de nos clients pour les faire recycler. Quant aux viennoiseries non consommées lors des petits-déjeuners, plutôt que de les jeter nous les proposons à la vente via Too Good To Go. Bref, nous veillions à chaque geste du quotidien.»  

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Vous êtes partenaire de Betterfly Tourism. De quoi s’agit-il?

Emmanuel Petit: «D’un organisme accrédité par l’ADEME qui réalise des audits dans le secteur du tourisme pour attribuer une étiquette environnementale, exactement comme l’étiquette énergétique que l’on trouve sur les produits électroménagers. Aujourd’hui, 80% de nos hôtels sont notés A, et celui de Bordeaux a mémé été classée cinquième hôtel le plus écologique de France.»

Vous dites vouloir «sensibiliser sans jamais culpabiliser». Mais, à voir toutes ces vertus durables mises en avant, certains de vos clients ne risquent-ils pas, justement, de culpabiliser? 

Emmanuel Petit: «Non, parce que -comme je le disais- nos clients sont désormais sensibles à ces sujets. D’autre part, je ne me vois pas du tout comme un écolo militant. Certes, je trie mes déchets, mais ça ne m’empêche pas de prendre l’avion quand c’est nécessaire. Et sans jamais culpabiliser! J’essaie juste d’être raisonnable dans ma façon de vivre. Surtout je veille à ne surtout pas faire de greenwashing dans la façon dont je développe mes hôtels. Bref, je suis cohérent avec ce que je fais. Et j’ai à cœur de sensibiliser mes clients sans jamais les culpabiliser. Nous leur expliquons ce qu’on fait, mais nous ne leur interdisons pas de prendre une douche de vingt-cinq minutes si ça leur chante! Evidemment, on préfèrerait qu’ils consomment moins, mais nous ne leur dirons jamais rien. Nous ne sommes surtout pas moralisateurs, ce n’est pas notre but.»

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Eklo Roissy

Outre ces différents points, y en a-t-il d’autres, dans votre démarche RSE, sur lesquels vous pensez devoir progresser?

Emmanuel Petit: «On peut toujours faire mieux, évidemment! Depuis un an nous travaillons énormément la partie sociale. Nous respectons déjà bien la mixité, mais il s’agit notamment d’améliorer le bien être au travail et le confort de nos équipes. Comment éviter qu’ils aient des coupures dans la journée afin de leur éviter plusieurs aller-retours Domicile-Travail, par exemple? Mais je pense que nous nous améliorons d’année en année.»

Quelles sont vos perspectives?

Emmanuel Petit: «Après l’ouverture des hôtels de Roissy et de Montpellier cette année, nous en ouvrirons deux autres en 2024, dont un Porte de Versailles à Paris avec 300 chambres. Nous devrions également ouvrir une dizaine d’autres sites dans les cinq ans à venir. Et nous visons la quarantaine dans les dix ans.»

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