Pierre angulaire de la directive CSRD, le reporting de durabilité des entreprises européennes est aujourd’hui devenu essentiel. Mais qu’entend-on, au juste, lorsque l’on parle d’analyse de double matérialité? Et qui est concerné? On fait le point.
Devenue indispensable dans l’organisation et la stratégie des différentes entreprises, la RSE exige un pilotage et une surveillance strictes via (dans certains cas, au moins) une analyse de double matérialité. A savoir une analyse financière et extra-financière. Quelles différences? En clair, la matérialité financière (ou matérialité simple) prend en compte les impacts positifs et les risques générés notamment par les résultats de l’entreprise. Elle concerne les revenus, les bénéfices, la trésorerie… Quant à la matérialité extra-financière (ou matérialité d’impact), elle s’attache aux impacts liés aux enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (donc aux critères ESG).
Bon à savoir: Ce concept de double matérialité est aujourd’hui intégré aux standards ESRS (European Sustainability Reporting Standards), et diffère de l’approche anglo-saxonne qui se concentre essentiellement sur une matérialité simple. En résumé, la Commission européenne a fait de cette analyse de double matérialité un pré-requis incontournable pour l’ensemble des entreprises soumises à la CSRD.
Qui est concerné par l’analyse de double matérialité?
Rappelons qu’en février 2025, la Commission européenne a revu ses exigences via la loi Omnibus qui vise à simplifier différentes législations, notamment celle concernant la CSRD. Ainsi a-t-elle proposé de réduire le champ d’application ainsi que le nombre de points de données exigés par la directive. De plus, l’entrée en application de la CSRD devrait être reportée de deux ans pour toutes les grandes entreprises et les PME cotées qui ne l’ont pas encore mis en œuvre. Une chose est sûre, en tout cas: le principe de double matérialité n’a en aucun cas été remis en cause par les dirigeants européens. L’analyse devra donc être absolument réalisée par les entreprises concernées par la CSRD.
Et pour les entreprises de moins de 1 000 salariés?
A celles-ci, un reporting volontaire est proposé (voire encouragé), même si pour l’heure son cadre légal n’est pas encore connu précisément. Une seule certitude: ce cadre volontaire reposera sur les normes VSME publiées en décembre 2024. Pour les organisations souhaitant les appliquer, l’analyse de double matérialité ne devrait pas être obligatoire. Pour autant, de nombreuses voix s’élèvent qui prônent son intégration aux futurs reportings volontaires.
Comment réaliser cette analyse de double matérialité?
Les normes européennes n’imposent pas la manière dont la double matérialité doit être conduite. A cela une raison toute simple: un process unique ne serait en aucun cas adapté à la multitude de secteurs d’activité concernés par la CSRD. Néanmoins, des évidences s’imposent d’elles-mêmes, la première étape résidant forcément dans l’identification du contexte de l’entreprise (à savoir ses activités, ses parties prenantes, ses spécificités etc..) avant de sélectionner les différents enjeux. Pour ce faire, des logiciels existent qui permettent un accompagnement et un pilotage facilité.