La 30ème Conférence des Nations unies sur le climat -qui se tient à Belém (Brésil) jusqu’au 21 novembre a fait l’objet d’une grande première: à une époque où les fakes news en tous genres pullulent, dix pays ont appelé à lutter contre les manipulations et à soutenir l’intégrité de l’information.
C’est dès son allocution inaugurale que le Président brésilien Lula a donné le ton, dénonçant haut et fort les «négationnistes» qui depuis quelques années (et de plus en plus fortement) s’opposent autant aux preuves scientifiques qu’aux progrès du multilatéralisme. Et Lula d’appeler alors à une mobilisation mondiale avec l’objectif d’«infliger une nouvelle défaite» à ces complotistes de tous poils. De fait, l’heure est grave: selon la coalition Climate Action Against Disinformation, les contenus trompeurs liés à la COP (souvent générés ou gonflés par l’IA) ont bondi de 267% rien qu’entre juillet et septembre dernier!
«Nous réaffirmons notre responsabilité commune d’assurer aux sociétés les connaissances nécessaires pour agir de manière urgente»
Déclaration commune des dix Etats défendant l’intégrité de l’information climatique.
Une démarche internationale inédite pour l’intégrité de l’information climatique
C’est dans ce contexte si particulier (pour ne pas dire si hostile) que dix États (parmi lesquels la France, l’Allemagne, le Canada, la Finlande, l’Espagne et le Brésil) ont signé la première déclaration internationale visant à défendre l’intégrité de l’information climatique. Un texte qui exprime une inquiétude partagée face à «l’impact croissant de la désinformation», responsable selon eux d’une évidente réduction de la compréhension publique, mais aussi de retarder des mesures urgentes et de menacer la réponse collective à la crise climatique. Ainsi, les dix gouvernements s’engagent-ils à promouvoir des cadres légaux pour contrer la diffusion de ces fake news, mais aussi pour renforcer la protection des scientifiques, des journalistes et des personnalités œuvrant sur les enjeux environnementaux. Les signataires affirment également la nécessité de développer l’éducation et la formation sur les enjeux climatiques, soulignant au passage que seule une population correctement informée peut participer efficacement aux décisions collectives. «Nous réaffirmons notre responsabilité commune d’assurer aux sociétés les connaissances nécessaires pour agir de manière urgente». Bien entendu, l’initiative est ouverte aux autres États, et plusieurs pays ont déjà manifesté leur volonté de la rejoindre.
Les ONG font pression
La signature de cette déclaration répond à une mobilisation croissante d’acteurs de la société civile. Ainsi, à la veille du lancement de la COP 30, des centaines d’organisations et de personnalités avaient déjà signé une lettre ouverte exhortant les États à mettre en place un cadre contraignant afin de garantir l’intégrité de l’information. Ainsi, parmi les ONG les plus actives, Quota Climat a salué la déclaration comme «historique». Mais elle appelle toutefois à des mesures fortes, demandant à la France de publier rapidement un plan d’action national contre la désinformation climatique. Selon l’ONG, l’Europe doit devenir un espace leader en matière de régulation et de protection de l’information scientifique. Ou quand la bataille contre les contenus trompeurs doit devenir stratégique au même titre que les politiques de réduction des émissions.