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Des Tiers-Lieux pour dynamiser nos territoires

par Laurent F.

Ces espaces hybrides offrent l’opportunité -pour les territoires comme pour les entreprises- de donner une seconde vie à des espaces laissés vacants. Et de sensibiliser les publics à la transition écologique. Sinny & Ooko pilote cinq de ces Tiers-Lieux, à Paris et au Havre. Elle s’est aussi spécialisée dans le conseil et dans l’incubation de projets. Marie Floquet, sa Directrice Stratégie Impact, nous en dit plus.

La Recyclerie ©AdrienRoux

Pouvez-vous nous présenter Sinny & Ooko?

Marie Floquet: «Sinny & Ooko se dédie à la création de tiers-lieux éco-culturels qui répondent à des thématiques liées à l’écologie et à la sensibilisation. Nous proposons des modes de vie un peu alternatifs qui prennent soin de l’environnement et des êtres vivants au sens large du terme. Avec toujours des valeurs de respect, d’égalité, d’inclusion. Pour résumer, nous suivons trois axes essentiels: 

  • La mise en relation de personnes pour susciter des connexions, créer du lien social, rompre l’isolement, voire créer des emplois.
  • Le partage de connaissances autour de la transition écologique.
  • La mise en commun de ressources entre plusieurs acteurs d’un même territoire. Ces ressources, ce sont nos espaces que nous mettons à disposition gratuitement. Toutefois, à la différence de ce que font souvent les mairies, il ne sont jamais réservés à une seule association ou structure. En venant chez nous, vous partagez l’espace avec d’autres.»

Et quels sont ces lieux?

Marie Floquet: «La Recyclerie a été créée en 2014, en lieu et place de la gare Ornano, dans le 18ème arrondissement. Elle vise à sensibiliser à l’éco-responsabilité: comment chacun à notre niveau pouvons-nous agir pour l’environnement? En 2018, la Cité Fertile s’est ouverte à Pantin sur une ancienne gare de marchandise, dans un Quartier Politique de la Ville (QPV). Elle s’adresse, cette fois, au collectif puisqu’il s’agit ici de parler de la ville durable. Sur 10 000 m2 et 6 000 m2 de surfaces extérieures, elle nous permet d’intégrer des grands rendez-vous citoyens, des conférences, des festivals. Et d’accueillir des entreprises qui viennent organiser manifestations ou séminaires dans un cadre qui a du sens. C’est le cas aussi au Pavillon des Canaux installé dans l’ancienne maison du douanier du Canal de l’Ourcq. Et à la Machine du Moulin Rouge et son Bar à Bulles, Cité Véron. Enfin, il faut ajouter La Halle aux poissons installée au Havre depuis juin dernier. Une ancienne criée pour les pêcheurs devenue un forum urbain dédié à l’écologie marine

©Adrien Roux

Concrètement, qu’y trouve-t-on?

Marie Floquet: Nos tiers-lieux se veulent hybrides. Outre la restauration-bar qui vient renforcer la convivialité et la cohésion sociale, ce peut être un atelier de réparation. Ou de l’agriculture urbaine, avec notamment «Les Amis Recycleurs» qui gèrent la Ferme urbaine de La Recyclerie. Ou l’association «La Sauge» qui s’occupe du potager de la Cité Fertile. La serre, elle, est gérée par Ophélie Demblée, la fondatrice de «Ta Mère nature» très présente sur Youtube et sur les réseaux sociaux. 

Nous proposons également des formations, spécifiquement à la Cité Fertile où l’on peut trouver une école d’apprentissage qui vient former des futurs restaurateurs. D’ailleurs, ce sont eux qui s’occupent du restaurant le midi. Enfin, autre activité: le travail. Des espaces sont réservés pour des structures souhaitant louer des bureaux. De même, 40% des gens qui sont présents dans nos cafés ou restaurants en semaine ont un ordi ouvert. Ils viennent, prennent une consommation ou pas, et s’installent pour travailler. Nous appelons cela le «travail informel»

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@Adrien Roux

Vous pilotez aussi le Campus des Tiers-Lieux. De quoi s’agit-il ?

Marie Floquet: Depuis 2017 ce Campus est notre pôle ressources qui nous permet de transmettre notre savoir-faire par le biais d’une formation de 40 heures proposée tous les mois. Le sujet Tiers-lieux est en pleine émergence au sein des municipalités. Et parce qu’il n’est pas forcément facile de comprendre la notion d’hybridation (ni la transversalité qu’imposent ces nouveaux lieux), elles nous envoient leurs agents afin de mieux cerner les problématiques. Même chose du côté des entreprises ayant du foncier vacant et qui souhaitent le transformer. De plus, le Campus dispose également d’un département Conseils. Il permet aux aménageurs, aux promoteurs ou aux collectivités de s’adresser à nous pour établir un diagnostic territorial. Et pour réfléchir sur leur positionnement et/ou la recherche d’exploitants. 

Vous disposez aussi d’un incubateur. Quelle est sa mission?

Marie Floquet: «Ce programme permet aux participants de travailler sur tous les aspects opérationnels de leur lieu, de la mise en œuvre du concept jusqu’à son ouverture en passant par le choix du modèle économique, de la forme juridique, du contenu de programmation et de l’identité visuelle. L’objectif est donc notamment de consolider le positionnement, l’ancrage territorial et de déployer efficacement le projet. D’ailleurs, nous lançons actuellement (et jusqu’au 17 mars) un appel à candidature pour la troisième promotion qui se déroulera d’avril à octobre prochain. Dix projets seront alors accompagnés, avec notamment 112 heures de formation et 28 heures de mentorat. Nos partenaires seront présents. A savoir SNCF Immobilier, la Banque des Territoires, et Réinventer le Patrimoine.»

Bon à savoir: Pour télécharger l’appel à candidature, c’est par ici

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@Adrien Roux

Combien de lieux ont ouvert en France, suite à votre soutien?

Marie Floquet: «Je ne peux pas vous donner de chiffres exacts, car certains dossiers sont confidentiels. Mais disons une cinquantaine. Certaines personnes ont aussi rejoint des lieux existants après leur passage chez nous. D’autres encore avaient déjà des lieux et les ont fait pivoter. C’est le cas, par exemple, de la Scène nationale 61 à Alençon. Ils ont souhaité élargir l’utilité de ce théâtre en y intégrant d’autres activités. La Snat61 est aujourd’hui «Fabrique de Territoire».

Vous venez de publier un bilan impact. Pouvez-vous nous en parler? 

Marie Floquet: «Au delà de notre modèle économique évidemment nécessaire pour assurer notre pérennité et payer les salaires, notre finalité, c’est l’utilité! Chez Sinny & Ooko ma mission est précisément d’étudier cet impact. Ce bilan constitue une collecte colossale de données récoltées tous les mois depuis trois ans dans nos différents lieux. Il nous est très utile pour expliquer ce que l’on fait, mais aussi pour piloter nos activités. Ainsi, un exemple parmi bien d’autres: nous savons désormais que 60 écoles viennent visiter chaque année la ferme urbaine de la Recyclerie. Et que ce lieu est donc identifié par un certain nombre d’enseignants comme particulièrement utile pour renforcer leurs outils pédagogiques. Hélas, faute de moyens financiers suffisants, nous ne pouvons pas mesurer cet impact plus concrètement, mais à terme nous espérons bien y parvenir, notamment en nous ouvrant à l’open data.» 

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