Transition écologiqueONU: Un traité international pour protéger la haute mer

ONU: Un traité international pour protéger la haute mer

Si ces zones maritimes sont essentielles à la vie terrestre, plus de quinze ans de négociations auront été nécessaires pour voir aboutir un traité international visant à les protéger. Salué comme «historique» on ne sait pourtant rien (à ce jour) de son contenu. On fait le point.

On n’y croyait plus; cette fois ça y est: le samedi 4 mars, les Etats membres de l’ONU ont signé le premier traité international de protection de la haute mer. Comprenez des zones maritimes ne répondant à la juridiction d’aucun Etat car se trouvant au delà des zones économiques exclusives de chaque pays (soit au delà de 370 kilomètres des côtes). Ce traité -appelé B.B.N.J. («Biodiversity Beyond National Juridiction», ou «Biodiversité au-delà des juridictions nationales»)- concerne donc 60% de la surface des océans. L’ONU entend en sanctuariser 30% d’ici à 2030.

Seulement 1% de la haute mer était jusque là protégée

Traité mer

Plus de quinze années de négociations auront donc été nécessaires pour aboutir à cet accord entre l’ensemble des pays membres (à l’exception notable de la Russie, de la Turquie et du Nicaragua qui ont tous trois émis des réserves). Pour faire monter la pression et inciter ces Etats à enfin trouver un terrain d’entente, de nombreux défenseurs de la planète étaient montés au créneau tout au long des cinq jours qu’aura duré cette conférence. A commencer par l’actrice et militante écologiste Jane Fonda qui a assisté à l’ensemble des débats et tenu une conférence de presse au retentissement mondial.

Celle qui, en 2019, fut arrêtée et conduite au poste pour avoir manifesté contre l’inaction des Etats-Unis a imploré les participants à «arrêter de tergiverser.» Et de rappeler alors, études scientifiques à l’appui, que l’océan produit 50% de l’oxygène, que c’est lui qui absorbe le plus de CO2, qu’il nourrit des milliards de personnes mais que, malgré tout, «nous le faisons mourir.» En cause notamment la sur-pêche, la pollution plastique, les marées noires, l’acidification, le réchauffement climatique. «Tous les indicateurs nous disent que nous avons besoin d’un traité dès maintenant. Nous n’avons pas le luxe d’attendre.» De fait, face à toutes ces menaces, à peine 1% de la haute mer est aujourd’hui protégée.

Une bonne nouvelle… dont on ne sait pourtant pas grand chose!

Jane Fonda aura donc été entendue. «Le navire a atteint le rivage.», s’est félicitée la Présidente de la conférence Rena Lee dès l’annonce de l’accord, tandis que le Secrétaire Général des Nations Unies, Antonio Guterres, a vu là une «victoire pour le multilatéralisme et pour les efforts mondiaux visant à contrer les tendances destructrices qui menacent la santé des océans, aujourd’hui et pour les générations à venir.» Mais, au fait, que contient ce traité international qu’on nous dit historique? 

Difficile à dire puisque son contenu n’a pas encore été divulgué. D’où l’appel à la prudence de nombreux acteurs de la lutte pour l’environnement. Comme l’avocat Arnaud Gossement notamment qui, sur Twitter, a rapidement mis les points sur les i. Ce dimanche 5 mars il publiait: «Etonnant emballement médiatique et politique ce matin. Tout le monde qualifie d’«historique» un texte que personne n’a lu. Et dont ni le contenu, ni le statut juridique, ni la liste des Etats signataires, ni le délai de ratification ne sont connus.» Dont acte!

Des mesures quoiqu’il en soit bénéfiques

Traité mer

Tout de même, on sait qu’une fois ratifié le «Biodiversity Beyond National Juridiction» portera notamment sur l’instauration d’études consacrées à l‘impact des activités humaines ainsi que sur le partage des bénéfices liés aux ressources génétiques marines. «Les Etats-Unis ont accepté dans la dernière ligne droite que la notion de «Patrimoine mondial de l’humanité» soit inscrite dans le préambule, alors qu’ils étaient jusque-là attachés au principe de liberté. Ce n’était pas gagné, et c’est fondamental!», a tout de même ajouté Romain Troublé, Directeur Général de la Fondation Tara Océan.

Quant aux conditions de mise en place des futures aires marines protégées dont on parlait plus haut, bonne nouvelle: elles ne devraient finalement pas être soumises au veto des pays riverains. «Il y aura toutefois des exceptions pour les régions sous tensions géopolitiques, comme l’Arctique ou la mer de Chine.», a encore précisé Romain Troublé. A suivre…

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