Thomas Launay, chef de projet développement durable & RSE au sein de Bpifrance, évoque lors du salon professionnel Produrable comment Bpifrance a intégré les considérations environnementales et sociales dans ses opérations et ses financements, soulignant l’importance de soutenir les entreprises dans leur transition vers des pratiques durables.
Les enjeux extra-financiers
Dès 2013, quand Bpifrance a été créée, dans l’article 4 de la loi de création, il était marqué que la banque publique d’investissement devait prendre en compte les enjeux extra-financiers. Le monde financier commence aussi à comprendre de plus en plus qu’une performance financière, c’est une résultante d’une performance extra-financière. Durant la création de Bpifrance, nous avons mis en place une stratégie pour infuser cet enjeu de durabilité dans tous les leviers d’actions de Bpifrance, le financement, l’investissement, l’accompagnement.
Cet enjeu de durabilité a évolué au fur et à mesure des années. Les dispositifs ont grandi de plus en plus. De plus en plus d’entreprises ont été accompagnées, et dans ce sens ont été financées. Ce qui nous a amenés à établir notre record l’année dernière, avec plus de 7 milliards d’euros injectés dans l’économie française en faveur de la transition écologique et énergétique.
La place de la transition écologique dans les investissements
Dans les chiffres qu’on donne, on injecte directement pour la transition écologique. C’est soit par le financement d’entreprises, pour réussir leur transformation en matière de durabilité. Soit par le financement, l’innovation de nouvelles solutions pour la transition écologique et énergétique, que ce soit avec les levées du financement ou de l’investissement. Mais dans tous les cas, pour toutes les autres entreprises, on a à cœur de regarder toutes les performances de stratégie financière de l’entreprise qui nous paraissent essentielles, justement pour établir leur profil.
Nous pouvons tout de même accompagner ce changement. À partir du moment où il y a une volonté de l’entreprise ou des dirigeants, de vouloir faire changer les choses, si les résultats sont mauvais, mais que l’entreprise est encline à améliorer la situation, alors, on peut construire avec eux des objectifs. Afin d’essayer d’améliorer la situation, de les aider de manière financière, de manière extra-financière, en leur apportant tout un accompagnement derrière pour leur permettre d’avoir toutes les clés pour réussir cette transformation.
Les obligations de respecter certains éléments liés à la transition durable de l’entreprise varie en fonction des véhicules. Ce n’est pas la même chose si on parle du financement d’après ou si on parle d’investissement. Mais il y a toujours ce dialogue que l’on souhaite avoir. On souhaite être le plus proche possible des entreprises pour leur permettre d’être à leur côté au quotidien.
Les 4 000 collaborateurs de Bpifrance vers la transition durable
Il y a eu tout un travail, d’abord de formation, parce que ces sujets-là, sont quand même relativement naissants. Il y a beaucoup de collaborateurs aussi qui les découvraient. On a créé une Académie du climat qui permet de former en permanence et d’expertiser aussi nos collaborateurs sur ces sujets-là pour que tout le monde puisse comprendre les enjeux et risques qui sont associés. Et derrière, on a fait aussi impliquer dès le début les collaborateurs, je pense notamment au projet Ecofrugal, où on leur proposait de venir travailler avec la direction des loisirs en durable pour proposer des actions pour alimenter la stratégie RSE. Ça, c’était un levier d’engagement formidable pour nos collaborateurs qui pouvaient mettre leur pierre à l’édifice pour construire un monde meilleur tous ensemble.
Aujourd’hui, les plans de transformations sont totalement transverses chez Bpifrance. Tous les métiers sont concernés. En Scopes 1 et 2, c’est l’un de nos plus gros postes, c’est notamment le secteur du numérique. On a développé un énorme projet Green IT pour arriver à moderniser tous nos process, arriver également à avoir le moins d’impact négatif possible sur l’environnement.
Le numérique vers la transition durable
Il faut savoir que dans Bpifrance, on nous connaît souvent par le biais de l’acteur financier. En plus d’être là pour donner les moyens financiers aux entreprises de se transformer, on est là pour leur donner toute la boîte à outils nécessaire, toutes les compétences pour y arriver. On a une division qui s’appelle l’accompagnement qui a développé tout un cursus, tout un continuum pour donner toutes les clés de réussite aux dirigeantes et aux dirigeants. Nous abordons notamment les thématiques de la transition environnementale et de la fusion sociale. On a des diagnostics sur à peu près tout, sur l’ACV (Analyse du Cycle de Vie), par exemple, à la fois pour les produits, mais aussi pour les services.
On va pouvoir justement élaborer la thématique numérique des responsables de manière plus approfondie et à chaque fois, on va pouvoir être aux côtés des dirigeants pour notamment les aider à faire leur transformation. Il y a beaucoup de dispositifs qui sont subventionnés parce qu’on souhaite lever les freins financiers qui pèsent sur ces transformations. Parce que souvent, une dirigeante ou un dirigeant d’entreprise, surtout s’ils ont une PME, avec des ressources parfois humaines ou financières limitées, on n’a pas envie que ce soit un frein, mais plutôt que ce soit un levier d’innovation et création de valeur fondamentale.
La norme CSRD
Il y a beaucoup de grands groupes qui font appel à nous pour les aider à transformer un petit peu leur système de collecte. Beaucoup de dirigeants ne connaissent pas forcément cette CSRD de PME, même s’ils y sont soumis par le biais de questionnaires ou de leurs clients, en tant que fournisseur, ils n’en ont pas forcément conscience. Ça va venir petit à petit. Tous ces enjeux de réglementation, chez nous, sont assez complexes.
Il y a beaucoup de défis qui sont liés à ça, des défis de données. Tout cet accompagnement doit être fait petit à petit en profondeur avec les entreprises pour leur permettre de se préparer. Effectivement, ce ne sera pas la seule réglementation. Nous avons eu cette année, en plus, la CSRD, la CS3D, qui va arriver. On essaye doucement d’être le plus proactif possible pour arriver à permettre aux entreprises d’anticiper, d’être proactifs par rapport à l’avenir.