Selon l’ARPP et la DGCCRF, le greenwashing reste omniprésent

Par Laurent F.
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Greenwashing

Si, comme on l’a souvent dit ici, le greenwashing est une pratique à proscrire dans toute politique RSE, le mensonge (ou la déformation de la réalité) n’a jamais été aussi fort que ces derniers temps. C’est en tout cas la conclusion de deux rapports distincts, signé de la DGCCRF pour l’un, de l’ARPP pour l’autre. 

Un tiers des affichages sur les produits ne sont pas conformes

Les rapports de l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) et de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes  (DGCCRF) sont sans appel: malgré les lois, les réglementations et les différentes normes et labels, le greenwashing reste omniprésent en France, tant dans la publicité que dans l’affichage sur les produits eux-mêmes. Ainsi, concernant cet affichage, la DGCCRF a examiné les informations fournies sur les étiquettes des dits produits. Résultat: sur 1 760 allégations environnementales et labels apposés, près d’un tiers «posait problème». Un chiffre en progression par rapport au dernier rapport de la DGCCRF.

Ce qui pose problème? Des allégations trompeuses ou mensongères, des informations fournies trop vagues ou trop exagérées. Idem sur les étiquetages obligatoires, tout particulièrement sur ceux concernant la sobriété énergétique ou la réparabilité. Le contrôle de l’organisme a porté sur 226 fournisseurs et distributeurs physiques et en ligne; la moitié ne répondait pas aux obligations. Voire plus d’un sur deux pour ce qui concerne la réparabilité. Autres mensonges réguliers, ceux sur le supposé «Made in France», ou sur les vertus prétenduement environnementales de produits phytosanitaires.

Une non-conformité jusqu’à 300 fois plus élevée

Les conclusions de l’ARPP ne sont guère plus réjouissantes. Tandis que la DGCCRF regrette le manquement aux obligations des marques et des distributeurs en terme d’étiquetage, l’ARPP -elle- pointe du doigt «le taux encore trop élevé de publicités non-conformes aux règles de déontologie», et  tout particulièrement celles à visée environnementale. Sur le papier, bien sûr ce taux est à relativiser quand on sait que le greenwashing s’observe sur «seulement» 6,4% de l’ensemble des publicités liées à l’environnement diffusées en France en 2023-2024.

Pour autant, elle est jusqu’à 300 fois plus élevée que sur les autres thématiques analysées par l’ARPP. Là encore, les entreprises dans le viseur se voient reprocher une exagération des bénéfices écologiques, l’utilisation de termes flous et imprécis, quand ce ne sont pas des messages purement et simplement mensongers qui sont véhiculés. Des situations qui se rencontrent tout particulièrement sur les publicités diffusées par Facebook (14%) et à la radio (11%)).

Des consommateurs vigilants mais trompés

Si, bien sûr, il appartient aux consommateurs d’accroître leur vigilance face à ces publicités trompeuses, les entreprises aussi. Car ces messages qui surfent sur l’air du temps et qui se jouent de la crédulité de leurs clients pourraient bien à court, moyen ou long terme influer durablement sur leur image de marque. Reste la question des affichages sur les produits. Selon l’ADEME, près de 80% des consommateurs se fient désormais aux étiquettes. Alors, si ces mensonges ou ce prétendu flou artistique se poursuivent, ces tromperies pourraient un. jour ou l’autre aboutir à une véritable crise de confiance et ralentir conséquemment la nécessaire évolution de nos habitudes de consommation. Donc de la transition environnementale. 

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