Si la révision à la baisse du bonus écologique et la fin de la prime à la casse étaient attendues, l’exclusion des véhicules d’entreprise du dispositif a surpris. Un immense paradoxe au moment du probable renforcement des sanctions face au quota imposé de véhicules à faibles émission dans les flottes.
Depuis le 2 décembre et la parution du désormais fameux décret, la nouvelle est tombée comme un couperet: non seulement le bonus écologique s’est trouvé sérieusement raboté, mais le dispositif exclut désormais les quadricycles légers et l’ensemble des véhicules utilitaires. Une très mauvaise nouvelle pour les entreprises qui, forcément, n’ont pas toutes pu passer commande avant la publication du dit décret dont les effets ont été à fortiori immédiats. Conséquence: à chaque nouveau véhicule électrique qu’elles achèteront désormais, c’est 3 000 euros de subventions en moins pour ces organisations.
Le bonus écologique disparait mais les sanctions pourraient se renforcer
De quoi sérieusement s’inquiéter pour le verdissement pourtant obligatoire (autant que nécessaire) des flottes d’entreprises. D’autant qu’en parallèle, le projet de loi de finances 2025 préparé par feu le gouvernement de Michel Barnier prévoyait le renforcement des sanctions visant les flottes de plus de 100 véhicules ne respectant pas les quotas de véhicules dits verts. Un véritable paradoxe donc, doublé d’un casse-tête pour les entreprises concernées qui, jusqu’ici peinaient à passer à l’électrique. A cause de la récurrente question de l’autonomie bien entendu, ainsi que celle de la recharge. Mais pas seulement… Parmi les autres freins persistants figure surtout le prix de ces VUL électriques qui demeurent plus chers que leurs équivalents thermiques.
Concrètement, le tarif de départ d’un Kangoo électrique se situe aujourd’hui autour des 34 000 euros quand sa version diesel est proposée 10 000 euros moins cher. L’effort financier s’annonce donc démultiplié pour ces entreprises. Pour les constructeurs également qui n’auront d’autre choix que de baisser leurs marges pour optimiser l’attractivité de leurs modèles. Sans oublier d’intensifier leur pédagogie vis à vis de leurs clientèles afin de mettre en avant les coûts à l’usage évidemment bien plus faibles lorsqu’on opte pour l’électrique!
Le gouvernement Barnier réfléchissait à une nouvelle aide spécifique aux VUL, mais…
C’est pour toutes ces raisons (et pour les conséquences contre-productives que pourraient induire cette mesure) que le gouvernement Barnier a aussitôt annoncé travailler sur de nouvelles aides spécifiquement dédiées à l’achat de véhicules utilitaires électriques. Si les contours de ce dispositif n’avaient pas été précisés, son financement -non par l’Etat mais par le biais des certificats d’économie d’énergie (CEE)- avait été envisagé. Mais la censure du gouvernement Barnier est évidemment venue rebattre totalement les cartes.
Des aides financières indispensables
Reste maintenant à savoir si le nouveau gouvernement de François Bayrou suivra la direction que semblait envisager son prédécesseur. Prédécesseur qui ne s’était toutefois engagé ni sur les montants qui seraient alloués ni sur la date d’application du dispositif. Bref, la situation demeure plus que jamais dans le plus grand flou. Mais les pouvoirs publics auront-ils vraiment le choix s’ils veulent tenir les objectifs de verdissement des flottes sans ajouter de la crise à la crise du côté des constructeurs? Et, surtout, sans atteindre à la situation financière des entreprises, tout particulièrement des PME? Rien n’est moins sûr…