Thomas Bladier, CEO et fondateur de l’entreprise Oklima nous en dit plus sur comment Oklima s’associe à des entreprises pour promouvoir des initiatives écologiques à impact positif !
Cette interview a été réalisée au World Impact Summit édition 2024.
Pouvez-vous nous en dire plus sur Oklima ?
Oklima, c’est une entreprise qui se mobilise pour des projets climatiques. Notre objectif, c’est d’aider des projets, que j’appellerais des projets orphelins, à voir le jour. C’est quoi ces projets ? C’est des forêts qui dépérissent et qu’il faut replanter, c’est des agriculteurs qu’il faut aider dans leur transition climatique… Et ça, c’est le travail qu’on fait. Ces projets sont orphelins tant qu’il n’y a pas une entreprise qui accepte de contribuer pour permettre à ces projets de voir le jour.
Vous vous engagez dans la compensation carbone des entreprises ?
Exactement. Nous parlons plutôt de contribution carbone. Nous ne demandons pas à l’entreprise d’utiliser ses projets pour se dédouaner de ses émissions et faire comme si le problème était réglé. C’est un peu comme quand je nettoie mon jardin et que je vais aussi aider à nettoyer ceux des autres. Compensation, et contribution puisque j’ai déjà fait ma part et maintenant j’ai envie d’aller plus loin pour aider les autres.
Quelles entreprises s’occupent de ce genre de projets ?
Il y a des grandes entreprises mais aussi des entreprises de taille moyenne. Le secteur est très difficile à déterminer. C’est essentiellement la maturité des entreprises ou la conviction personnelle des dirigeants et des collaborateurs qui va jouer.
Les finances disponibles jouent aussi ?
Justement, on est dans cette logique de contribution. On a donc la possibilité de vraiment s’adapter à des financements d’entreprise assez variés. On peut démarrer des projets à 15 000€ ou 20 000 €. Ça va jusqu’à des millions d’euros. Il n’y a pas de limite. Encore une fois, il y a plusieurs choses qui vont jouer. C’est la conviction de l’entreprise en ses responsabilités ou en sa capacité d’action. On est sur un marché sur lequel il y a une grande diversité de projets. Les entreprises vont pouvoir choisir des projets qui font sens pour elles, avec des coûts qui seront assez variés.
Comment cela se passe t-il quand les entreprises viennent vous voir avec un ou plusieurs projets ?
D’abord, on discute avec les représentants de l’entreprise pour bien comprendre dans quelle philosophie ils sont, dans quelle trajectoire de décarbonation ils sont. S’ils sont bien dans une action de réduction et pas dans une action « alibi », quelque part. Ensuite, on a cette discussion avec eux pour comprendre quelles sont leurs préférences, leurs centres d’intérêt parce qu’on a deux grands types de projets. On a des projets en France et des projets à l’international dans les pays en voie de développement. Pour plein de raisons, les prix ne sont pas du tout les mêmes dans ces différents types de projets. Tu as des entreprises qui vont vraiment valoriser le fait d’avoir des projets locaux à proximité de leur site français, d’autres à proximité de leur site étranger, d’autres qui vont vouloir des projets qui contribuent à des objectifs de développement durable qui protègent le climat, mais qui, en plus, vont aider à l’égalité hommes-femmes ou à la scolarisation des enfants par exemple. Donc, on va choisir des projets qui sont adaptés à ces priorités.
Il y a toujours une dimension environnementale, mais potentiellement aussi sociétale et plus large ?
Oui c’est ça. Par exemple, on a un programme en Zambie. C’est un pays où 80% des foyers font la cuisine avec un feu de bois, une marmite posée sur trois pierres avec le feu en dessous. Résultat, c’est de la déforestation, c’est du temps pris pour les femmes et les enfants qui sont de corvée de bois. Il y a donc beaucoup de fumée qui envahit le logement. On estime qu’en Afrique subsaharienne, tu as 2 000 personnes qui meurent chaque jour à cause de la mauvaise qualité de l’air dans ces logements. Si tu équipes cette famille avec un petit fourneau qui coûte 20 € et qui est fabriqué localement, ça te permet de diviser par quatre le besoin de combustible parce que tu as un plus d’efficacité énergétique. Tu crées aussi de l’emploi local, tu diminues la déforestation, tu redonnes du temps aux femmes, aux enfants et tu règles un problème de santé publique. Ça, c’est le genre de projets qui vont séduire des entreprises qui souhaitent avoir un impact sur le climat, mais aussi un impact pour aider des communautés fragiles.
Comment EDF s’est retrouvé à porter une entreprise comme Oklima ?
EDF a une raison d’être. Et comme tu le sais, une raison d’être, c’est quelque chose qui est juridiquement impliquant. Ce n’est pas un slogan marketing. La raison d’être du groupe, c’est de construire un avenir énergétique neutre en CO₂. Le groupe a plein de solutions pour aider les entreprises à réduire leurs émissions, pour leur efficacité énergétique, pour leur mobilité électrique… toutes ces solutions. On veut aller plus loin en créant un climat qui va aider les entreprises à contribuer à des projets qui ne seront pas dans leur chaîne de valeur directement, mais qui sont nécessaires pour protéger notre climat.
Pensez-vous qu’il y a un vrai mouvement en cours et que la prise de conscience est terminée ?
Je pense que ça va de plus en plus vite mais qu’en même temps ça ne va pas assez vite. Il y a un travail énorme à faire de sensibilisation. On parle d’un degré cinq, deux degrés, tout le monde est conscient. Je pense qu’aucun de nous n’a vraiment touché du doigt ce que ça veut dire d’avoir 20% de la surface du globe inhabitable dans 30 ans ou d’avoir un milliard de réfugiés climatiques au niveau mondial.
Site de OKLIMA