On l’a connue journaliste et animatrice télé. Depuis 2023, cette diplômée de l’ESJ Lille est devenue Directrice exécutive d’Orange, en charge de la RSE. Une trajectoire singulière. Ou quand un engagement personnel devient combat collectif, entre diversité, égalité et développement durable.
A l’époque de son passage à l’animation des « Maternelles » sur France 2 et à la présentation des JT sur TV5 Monde, Elisabeth Tchoungi faisait déjà figure de symbole. «J’étais l’une des premières présentatrices métisses en France.», rappelait-elle, en juin dernier, au quotidien Le Parisien-Aujourd’hui en France. Son passage du monde des médias à celle de l’entreprise n’est donc en aucun cas une rupture, quand bien même a-t-elle pu surprendre, de prime abord. «C’est vrai que c’est le grand saut d’une sphère de saltimbanque au comité exécutif avec des personnes en costume et cravate, mais évidemment il y a un lien qui est celui de l’engagement». D’engagement il en a effectivement toujours été beaucoup question dans les combats de la franco-camerounaise née il y a 51 ans à Washington DC. D’ailleurs, son arrivée chez Orange, très implantée en Afrique, représentait à ses yeux le terrain d’action idéal. Et un levier d’impact social majeur: «L’Afrique a peu connu les téléphones fixes. On est passé de pas de téléphone du tout à cette soudaine ouverture vers le monde.»
Féminiser la tech et briser les idées reçues
Dans l’interview qu’elle donnait au Parisien-Aujourd’hui en France, Elisabeth Tchoungui racontait aussi ses premières réunions chez Orange, lorsqu’elle dût d’entrée se heurter aux biais inconscients qui freinent l’égalité femmes-hommes. Se penchant sur le programme Orange Graduate, destiné à former les futurs cadres, elle constate que peu de femmes sont candidates. Surtout, l’un des participants s’inquiètait d’une éventuelle «dégradation du niveau» si l’on recrutait davantage de jeunes diplômées! Résultat? Quelques années plus tard, sous son impulsion, le programme compte 48% de candidatures féminines et 63% de recrutées. Et cette volonté forte, la dirigeante l’incarne aussi dans Hello Women, un programme emblématique de reconversion qui permet non seulement d’ouvrir la tech aux femmes, mais aussi de donner du sens au recrutement en élargissant le vivier de talents.
Une vision inclusive, culturelle et environnementale de la RSE
À travers la Fondation Orange qu’elle préside (et de l’association Capital Filles notamment), Elisabeth Tchoungui défend ardemment une vision inclusive et culturelle de la RSE. L’éducation numérique, l’accès à la culture pour les publics éloignés, le mentorat pour les jeunes filles, la question du handicap ou -plus généralement- de la différence: autant de leviers à ses yeux pour réduire les fractures sociales. Et, bien sûr, elle n’oublie pas l’urgence environnementale. À l’heure où les entreprises doivent conjuguer numérique et sobriété, son rôle consiste à relier les grands enjeux mondiaux à des actions concrètes. En résumé, pour elle la RSE ne doit pas être un poste isolé, mais une manière de penser l’entreprise dans son ensemble. Pour preuve, à Décideurs Magazine, en mars dernier, elle expliquait concrètement la politique du groupe: «J’anime un comité de direction RSE qui réunit les responsables des quatre piliers de notre politique, et tous les deux mois, nous organisons un comité élargi. C’est une démarche très opérationnelle qui assure une coordination efficace avec les équipes RH.» Avant de préciser, à toutes fins utiles: «Un levier clé est l’intégration des indicateurs RSE dans les dispositifs de rémunération, d’intéressement et de participation. Cette approche permet d’aligner les objectifs de performance individuelle avec les engagements collectifs du groupe.»