L’IA reste peu considérée dans les gouvernances RSE des entreprises française selon le Baromètre RSE 2025 d’ORSE et Wavestone

Par Laurent F.
3 minutes de lecture
IA et RSE : vers un avenir responsable

Signé de l’ORSE (Observatoire de la responsabilité Sociale des entreprises) et du cabinet de conseil  Wavestone, le quatrième baromètre RSE 2025 dresse un état des lieux des pratiques liés à l’intégration de l’IA dans les démarches durables des entreprises. Des pratiques qui, forcément, se développent. Mais à quel rythme? Et qu’en est-il de la prise en charges des risques éthiques?

Pour les organisations le défi est double: savoir faire face à une numérisation devenue nécessaire tout en devant obligatoirement répondre aux différentes réglementations en terme de durabilité. En d’autres termes, il s’agit pour chacune d’elles de s’assurer à court terme de l’usage d’une IA responsable. D’autant qu’entre les obligations fixées par la prochaine réglementation CSRD, la montée en puissance des labels RSE numériques et la future législation européenne, l’IA est devenue un enjeu absolument majeur. Basé sur un questionnaire adressé à des responsables RSE, juridiques, IT ou data, le baromètre Orse-Wavestone vient le confirmer. Tout en soulignant combien les risques éthiques sont trop souvent sous-estimés ou mal encadrés.

Un puissant accélérateur de transformation durable

Aucun doute: les entreprises commencent à mobiliser l’IA. Dans la majorité des cas, on fait appel à cette technologie pour le calcul de l’empreinte carbone, pour assurer et vérifier la traçabilité des chaînes d’approvisionnement. Pour l’analyse du cycle de vie de produits ou services aussi, ainsi que l’automatisation du reporting extra-financier. Sans oublier la veille réglementaire et la cartographie des risques, elles aussi au cœur des pratiques liées à l’intelligence artificielle. Une IA plus que jamais vue comme un puissant accélérateur de transformation durable.

Des risques réels qu’il faut absolument éviter

Mais, si le mouvement est en marche les auteurs du baromètre alertent toutefois sur la manière dont les dérives potentielles sont appréhendés par les entreprises. A commencer par les biais algorithmiques, qu’ils voient comme des reproducteurs d’inégalités souvent invisibles. Des inégalités potentiellement accrues par l’absence de contrôle sur l’impact humain. L’IA entraînerait également une réelle opacité du fait du manque d’explicabilité des décisions, notamment dans les systèmes d’aide au recrutement, à la notation ou à la tarification. Et n’oublions pas l’incontournable protection des données qui constitue -comme chacun sait- un énorme enjeu.

Des directions RSE encore trop peu impliquées

Autre faiblesse révélée par le baromètre ORSE-Wavestone: la faible implication des directions RSE dans la gouvernance des projets IA. Moins d’un tiers des répondants affirment que leur service RSE participe aux comités de pilotage. Ainsi, si l’IA peut avoir un impact majeur sur la politique sociale, environnementale et éthique des entreprises, elle reste très majoritairement l’affaire des DSI, des data scientists ou des consultants IT.

Pour une culture commune de l’IA responsable

Face à ces constats, plusieurs leviers paraissent incontournables pour faire de l’IA un outil durable compatible avec la RSE. Les auteurs du baromètre préconisent alors quelques pistes. La transparence des algorithmes, d’abord. L’évaluation d’impact également, par le bais d’analyses des risques éthiques, environnementaux et sociaux. Charge aussi aux entreprises d’élaborer une charte ou un cadre éthique dédié à l’IA qui structurera leurs engagements. Sans oublier la mise en place d’indicateurs de performance responsable. Enfin, toutes ces mesures ne doivent pas faire oublier la nécessaire formation des parties prenantes, des salariés jusqu’aux fournisseurs. 

Plus largement, les auteurs du baromètre en appellent à l’émergence d’une culture commune de l’IA responsable comparable à celle qui s’est développée ces dernières années autour du climat ou de la diversité. Car, non, l’IA n’est pas neutre. Les conséquences de son entrée dans les modèles d’affaires dépendront de la capacité (ou non) des organisations à l’encadrer, à la piloter et à savoir l’expliquer.

Articles similaires