Une enquête inédite, réalisée à l’initiative de 24 grands acteurs de la RSE, a interrogé près de 300 entreprises sur leurs positions en matière de CSRD, ceci avant que le texte final ne soit voté par l’Union Européenne. S’ils plébiscitent très largement la directive, beaucoup souhaitent quelques simplifications.
Parce qu’ils estiment que les entreprises (tout particulièrement les ETI et les PME) n’ont pas eu réellement voix au chapitre lors de la consultation organisée par la Commission Européenne, 24 acteurs experts la RSE ont souhaité lancé la leur. Près de 300 cadres et dirigeants français (DG, DAF, directions RSE, directions des risques), tous responsables de la préparation à la CSRD au sein de leur organisation, ont pu s’exprimer à l’occasion de cette large enquête organisée par Makeasens et réalisée en ligne entre le 10 et le 18 février dernier. Ceci, en amont des échanges européens sur la loi Omnibus. A noter que ces 24 acteurs représentent à eux tous plus de 1 800 collaborateurs, et accompagnent plus de 600 entreprises sur la CSRD.
78% des répondants sont des PME et ETI
Au total, 294 entreprises ont finalement participé à cette consultations. Notamment le groupe Accor, Aroma-Zone, Bouygues Construction, Caisse d’Epargne Bretagne Pays de la Loire, Harmonie Mutuelle, Kiloutou, La Redoute, Médiamétrie, ou encore Phenix, Picard, Sodebo et Unibail-Rodamco-Westfield. Des profils plutôt variés, 30% se disant bien avancés puisqu’ayant déjà choisi leur auditeur de durabilité quand d’autres n’ont encore rien préparé (17%). A noter aussi que 78% des répondants exercent dans des entreprises dites de la deuxième vague, c’est-à-dire des PME et des ETI non cotées qui devront publier leur reporting en 2026. 11% travaillent dans des entreprises cotées qui publieront le leur dans les prochaines semaines, 10% dans des entreprises qui ont fait le choix de publier leur rapport de manière volontaire. Enfin, seulement 1% travaille dans des PME cotées qui devront publier le leur en 2027.
La CSRD? Un plébiscite… mais pas sans simplification
Les résultats? Ils tournent au plébiscite face à cette CSRD pourtant critiquée par certains. 80% des répondants sont en effet satisfaits. Non seulement de l’existence de cette directive européenne, de son contenu actuel aussi. 13% demandent même à l’U.E. de ne pas y toucher quand 67% souhaitent tout de même des simplifications. Les PME et ETI de la deuxième vague (pour lesquelles l’effort demandé est de loin le plus lourd) sont elles aussi largement satisfaites: 79% d’entre elles l’affirment. Seulement 14% demandent des modifications profondes, 1% souhaitant la suppression pure et simple de la CSRD.
Des aides concrètes aux entreprises
S’agissant des évolutions, de nombreuses pistes ont été évoquées par les différents acteurs mais, pour les participants à cette grande consultation, ce sont celles qui apportent de l’aide concrète aux entreprises qui sont largement préférées: 72% souhaitent des guides et des normes sectorielles, 52% espèrent un guichet unique, 45% des aides publiques ciblées. Quant aux allègements, 52% veulent la révision du nombre de data points, 48% celles des règles de l’audit, 46% du nombre de narratifs. Enfin, 39% aimeraient pouvoir rendre facultatifs certains ESRS. Autant de mesures «faciles à mettre en place rapidement dans la loi Omnibus et qui demanderont moins de débats parlementaires et d’incertitude pour les entreprises que celles de Niveau 1», estiment les responsable de cette consultation.
Un report non souhaité par plus de 80% des entreprises consultées
Reste le report envisagé, voire espéré par certains. De toute évidence, de façon très majoritaire elle n’est pas souhaitée. Seulement 11% des répondants aimeraient bénéficier d’une année supplémentaire, 8% préfèreraient même deux ans. 9% seulement souhaiteraient plutôt la suppression de la CSRD pour les entreprises de moins de 750 collaborateurs, 2% pour toutes les entreprises et 1% l’abandon pur et simple de la double matérialité.