En faisant des défis environnementaux et des critères d’inclusion et de diversité des non-sujets, Donald Trump va-t-il mettre à mal les politiques RSE des entreprises américaines? Et risque-t-il de faire des émules un peu partout sur la planète? S’il est évidemment beaucoup trop tôt pour le dire, les premières conséquences se font déjà sentir…
A peine a-t-il été proclamé une deuxième fois Président des Etats-Unis que Donald Trump a signé de nombreux décrets dont beaucoup ont donné la couleur de ce que sera sa politique environnementale et sociétale dans les quatre ans à venir. Sortie des Accords de Paris, soutien aux énergies fossiles et prise de distance avec les énergies renouvelables, ou encore fin des débats sur les questions de genres et d’inclusion… Pas de surprise, en vérité. Donald Trump l’avait annoncé lors de sa campagne: son second mandat serait notamment dédié au détricotage des normes environnementales et ESG au moins autant qu’à la mise à mal de la mobilité électrique et de celle du prétendu wokisme. Du même coup, les conséquences financières n’ont pas tardé; elles ont même précédé son arrivée au sein du bureau ovale.
Ainsi, les différentes institutions financières américaines ont-elles subi des pressions (de plus en plus fortes au fil des mois) de la part des Républicain, toutes concentrées sur leurs politiques ESG. Conséquence: selon Morningstar Sustanalytics, si 189 nouveaux fonds ESG ont été lancés en Europe en 2024, on en a compté seulement 7 aux Etats-Unis où, de plus, les clients ont retiré jusqu’à 16 milliards de dollars de ces mêmes fonds!
«Le financement des énergies propres se poursuivra sous l’administration Trump. Il suffira de ne pas utiliser le mot «climat» dans les demandes de financement.»
CleanTechnica
«Climat», un mot devenu tabou?
Là encore, rien de véritablement surprenant. Son premier mandat avait largement donné le ton. Les Américains s’étaient déjà retirés une première fois des Accords de Paris, le Président affichant très régulièrement son climato-scepticisme et un net anti-wokisme sur les questions de diversité et de genres. Des opinions qui n’ont fait que s’amplifier, tant dans ses déclarations de campagne que dans les premiers décrets signés. Avant cela, depuis son élection en novembre dernier, les USA ont quitté une à une les coalitions climatiques internationales. Des acteurs phares comme Goldman Sachs ou JP Morgan en ont claqué la porte, immédiatement suivies par d’autres institutions.
Ceci, même si toutes (sans exception) disent aujourd’hui vouloir continuer à agir dans le sens de la décarbonation et de la transition écologique. Un double langage qu’Hortense Bioy (responsable de la recherche sur l’investissement durable chez Morningstar Sustanalytics) qualifie de «greenhushing». En clair, il s’agirait pour ceux-ci de moins visibiliser leurs engagements environnementaux pour… éviter les problèmes! Une intention partagée par nombre d’entreprises, et notamment par les start-ups du secteur des Cleantech qui semblent avoir trouvé l’«astuce» imparable: pour le site spécialisé (et plutôt optimiste) CleanTechnica, «le financement des énergies propres se poursuivra sous l’administration Trump. Il suffira de ne pas utiliser le mot «climat» dans les demandes de financement.»
Un retour en arrière mondial…
Selon le site français spécialisé dans la transition écologique Youmatter, «les politiques climatiques pourraient donc s’en sortir, du moins pour un temps. Mais toutes les dimensions environnementales, comme la biodiversité, pourraient ne pas avoir cette chance là.» Et de citer le Financial Times qui dénonçait il y a peu un retour en arrière (partout dans le monde) des politiques environnementales sous la pression des populistes. «Toutefois, c’est sur le S et le G de l’ESG que les inquiétudes sont les plus fortes.», ajoute Youmatter. Premiers signes tangibles, le lest lâché par nombre d’entreprises américaines sur les questions de DEI (Diversité, Equité et Inclusion). En cause, la crainte d’actions en justice depuis que Donald Trump et Elon Musk ont fait du DEI leur cible.
«Le mouvement est particulièrement visible depuis novembre dans de nombreux secteurs et entreprises plutôt «conservatrices»: Ford, Toyota, Jack Daniels ou Harley-Davidson ont reculé sur leur politique diversité», confirme encore Youmatter. Des signes plutôt alarmants quand on sait qu’à leur suite, Walmart a reculé sur ses engagements pour la communauté afro-américaine comme sur leur soutien à la cause LGBT. Même tendance chez McDonald’s qui vient de renoncer à ses objectifs chiffrés et à ses exigences DEI auprès de ses fournisseurs. Sans parler de Meta dont le PDG Mark Zuckerberg (en ralliant la cause de Trump) vient d’annoncer la fin pure et simple de ses programmes DEI.