Depuis début juillet, l’Union Européenne impose des droits de douanes supplémentaires aux véhicules chinois. Mais Bruxelles et Pékin ont entrepris des négociations qui pourraient bientôt aboutir.
On l’a dit dans un précédent article: face à la croissance exponentielle des modèle chinois sur le marché européen, et pour contrer la menace que celle-ci laisse planer sur les constructeurs occidentaux, l’Union Européenne a décidé d’instaurer des droits de douanes supplémentaires sur l’ensemble des véhicules venus de Chine. Une taxe qui vient s’ajouter aux 10% déjà existants, et qui peut grimper jusqu’à 37% selon les cas. Mis en place depuis le 5 juillet dernier, ces nouveaux droits de douanes dits «compensateurs» ne devaient qu’être provisoires. Pour cinq ans seulement, affirmait alors prudemment Bruxelles qui envisageait avant tout de négocier avec Pékin.
D’abord pour trouver un compromis sur les subventions chinoises jugées anticoncurrentielles. Mais aussi parce que, dès l’annonce de cette sur-taxation, Pékin a vu rouge, menaçant de mesures similaires sur les produits européens exportés chez eux. Comme le Cognac, les vins, les produits laitiers ou encore les voitures à grosse cylindrée. Autant de raisons qui ont poussé les deux parties à ouvrir fissa des négociations. L’objectif étant, bien entendu, de trouver la voie de l’apaisement par le biais de nouvelles mesures pouvant convenir à chacun.
Du « gagnant-gagnant » pour tout le monde ?
Depuis peu, une solution semble émerger qui pourrait bien s’imposer, et donc se substituer à ces droits de douanes compensateurs: l’instauration d’un prix de vente minimum à tous les modèles chinois arrivant sur le marché européen. Pour l’Union Européenne la mesure aurait le mérite d’être «gagnante-gagnante». D’une part, elle permettrait aux constructeurs européens de pouvoir mieux rivaliser avec les marques asiatiques et de ne plus avoir à s’inquiéter (ou un peu moins?) de l’afflux de voitures chinoises particulièrement compétitives sur le marché. D’autre part, les fabricants chinois seront donc définitivement débarrassés de ces fameux droits de douane. Du «gagnant-gagnant» pour eux aussi, selon le pouvoir chinois.
Faut-il craindre une forte hausse des V.E. venues d’Asie ?
Reste à trouver un accord sur ces prix minimum. Et, sur ce point, les négociations pourraient bien s’avérer tendues. Surtout quand on sait qu’en Chine, 65% des voitures électriques sont aujourd’hui moins chères que les véhicules thermiques. Pour les Chinois, un objectif s’impose alors: pouvoir bénéficier sur le Vieux continent d’une marge bien plus large que celle d’aujourd’hui afin de s’assurer des bénéfices qu’ils pourront répercuter chez eux. Au détriment des consommateurs européens, forcément ? Une chose est sûre: si ce prix minimum est adopté, et alors que tous les experts espèrent une baisse des prix des voitures électriques afin de stimuler les ventes et d’accélérer ainsi la transition écologique du parc automobile, cette baisse des tarifs amorcée depuis quelques temps pourrait bien s’en trouver ralentie…
À moins que la crise que traverse actuellement le marché automobile européen impose une loi du marché toute différente ? Quoiqu’il en soit, l’attente ne devrait pas être longue: Bruxelles a annoncé son intention de rendre sa décision définitive d’ici au 30 octobre prochain.