Jusqu’à 36% de taxes, voilà ce que l’Union européenne exige désormais sur les importations de voitures électriques chinoises. Mais cela va-t-il durer, et quelles en seront les conséquences ? On vous explique.
Devenue le premier exportateur automobile mondial, la Chine occupe une large place sur le marché européen, plébiscité pour ses véhicules performants et surtout très compétitifs au regard des prix affichés par les constructeurs occidentaux. Pour tenter de contrer cette croissance qui semble sans fin, des droits de douane (à hauteur de 10%) avaient déjà été appliqués par Bruxelles.
Une taxe largement insuffisante pour endiguer cette croissance qui menace aujourd’hui l’industrie automobile européenne. C’est pourquoi l’UE a décidé d’appliquer à compter du 5 juillet dernier de nouveaux droits de douane appelés «compensateurs». Pas de manière définitive. Pour cinq ans seulement, affirment prudemment les dirigeants de l’Union Européenne qui souhaitent ouvrir des négociations avec Pekin afin de trouver un compromis sur les subventions attribuées par la Chine, qu’elle juge anticoncurrentielles. Rappelons qu’en France, le bonus écologique 2024 a déjà exclu de son dispositif tous véhicules fabriqué hors UE, tout particulièrement ceux en provenance du continent asiatique.
Pourquoi cette nouvelle taxation, et à quelle hauteur ?
Ces nouveaux droits de douane imposeront des surtaxes qui varieront selon les différents constructeurs. En moyenne ceux-ci devraient s’élever à 21% si les constructeurs ont accepté de coopérer avec la Comission européenne, et jusqu’à 37,6% si ce n’est pas le cas. Ainsi, par exemple, Geely, Volvo et Smart devraient se voir surtaxer à hauteur de 19,9%, BYD de 17,4%. Quant à SAIC (Shanghai Automotive Industry Corporation), le leader incontesté du marché chinois -qui a formé quelques co-entreprises avec Volkswagen et General Motors notamment- ce sera 36,3%. Dans un communiqué, l’UE explique sa décision par le fait que ces subventions chinoises excessives «constituent une menace de préjudice économique pour les constructeurs de BEV de l’UE.» Des subventions particulièrement «déloyales» et «préjudiciables», affirme-t-elle.
Quelles conséquences pour les Européens ?
Faut-il ainsi craindre un recul des ventes (et donc de la production) des modèles chinois? Et surtout une pénalisation des consommateurs européens, voire une sanction sur leur pouvoir d’achat? Peut-être. Car, selon l’institut allemand Kiel, si ces taxes pourraient effectivement réduire de 42% les importations des VE chinois, la baisse serait «largement compensée par l’augmentation des ventes de producteurs européens et d’importations de pays tiers». Tout en précisant que la mesure ne rendrait «pas forcément plus abordable le prix des voitures électriques en Europe». Et pour cause: selon les experts, sur ces véhicules chinois l’impact devrait rester modéré, avec une augmentation estimée entre 0,3% et 0,9%.
A noter: En mai dernier, les États-Unis ont annoncé une mesure encore plus drastique que celle de Bruxelles: une augmentation de 100% des droits de douane sur les véhicules électriques chinois (contre 25% auparavant). Une décision que vient de suivre le Canada.
C’est pour quand ?
Depuis le 5 juillet dernier, ces droits de douane compensateurs sont d’ores et déjà appliqués, mais ils ne sont que provisoires. Leur instauration définitive est prévue en novembre. A quelques conditions près, toutefois. Elle le sera si aucun accord n’est trouvé d’ici là avec la Chine. Et, surtout, si ces surtaxes sont validées à l’unanimité des 27 États membres. En revanche, si une majorité qualifiée (c’est-à-dire au moins quinze pays représentant 65% de la population de l’UE) s’y oppose, alors le nouveau dispositif sera purement et simplement enterré. D’ici là, ces droits de douanes versés par les constructeurs seront bloqués sur un compte dédié, et ne seront perçus que lorsque la mesure deviendra définitive.