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Paiement des recharges électriques: Et si tout changeait?

par Laurent F.

Lorsqu’il s’agit de se ravitailler en essence, rien de plus simple: une carte bancaire ou de l’argent liquide suffit. Pas pour la recharge électrique! On fait le point.

Si la question du nombre de bornes de recharge disponibles fait encore partie des freins à l’achat de véhicules électriques, celle du paiement des recharges s’avère souvent tout aussi problématique. Aujourd’hui, plusieurs solutions sont proposées face auxquelles les usagers doivent se familiariser avant de pouvoir se sentir tout à fait à l’aise. Quand ils parviennent à l’être ! Ainsi, trois possibilités leur sont le plus souvent proposées.

1 – L’abonnement auprès d’un opérateur

Pour y accéder, un badge (souvent payant) vous sera nécessaire. Sur le papier, c’est évidemment la formule la plus simple. Sur le papier seulement, car tous les opérateurs ne sont pas forcément déployés partout sur le territoire. Aussi, si vous passez souvent d’une région à une autre il vous faudra commencer une belle collection de badges! Pas très pratique, en vérité.

2 – Passer par un opérateur de mobilité

Ces opérateurs (comme  Izivia, Freshmile ou encore Chargemap) vous permettront d’avoir un seul badge pour différents réseaux de recharge. Certains vous imposeront la souscription à un abonnement, d’autres non. Apparemment beaucoup plus pratique, mais vous devrez tout de même vous acquitter de frais de fonctionnement supplémentaires. La recharge vous coûtera donc (légèrement) plus cher.

3 – Le paiement à l’acte

Le 26 décembre 2019, la possibilité de payer à la recharge a été rendue obligatoire par la LOM (Loi d’Orientation des Mobilités). Une bonne solution pour les usagers ponctuels ou pour ceux qui privilégient les recharges à domicile et ne font appel aux bornes publiques ou privées que rarement. Là, vous pourrez payer en utilisant une carte prépayée, par exemple. Mais ne songez pas à utiliser votre carte bancaire. Et pour cause: très rares sont aujourd’hui les opérateurs qui proposent ce type de paiement pourtant quotidien!

Pourquoi ne peut-on pas payer par carte bancaire ?

Hormis ces systèmes de badges et d’abonnements, on n’a donc guère le choix! Pas de carte de crédit, pas d’argent liquide. Un sérieux problème que le député LREM de Saône-et-Loire Benjamin Dirx soulevait en octobre 2020 auprès de l’Assemblée Nationale. Demandant par question écrite s’il était envisageable d’espérer la «mise en place systématique de lecteur de carte bancaire» dans les stations de recharge, ses espoirs avaient été vite douchés. Réponse du Ministère de la Transition écologique: «La mise en place systématique de lecteur de carte bancaire n’est pas envisagée car, outre des surcoûts importants pour chaque borne, cela nécessiterait de rétrofiter le parc actuel, ce qui limiterait le déploiement massif des bornes.» Fin du débat ! 

Une cause commerciale

Pour une question de surcoûts uniquement ? Pas sûr. Dans un souci de connexion aussi. Certaines bornes étant situées dans des zones mal couvertes par le réseau téléphonique, passer par un autre système que le badge ou l’abonnement pourrait poser parfois problème. Pour une question commerciale surtout: obliger l’usager à s’abonner permet aux différents acteurs de capter et de fidéliser une nouvelle clientèle. Exit la CB, donc!

Une «lueur d’espoir» existe toutefois pour ceux qui préfèrent ce moyen de paiement. L’actuelle mutation des distributeurs de carburants pourraient en effet rapidement changer la donne. Ainsi, Total Energies, par exemple, prévoit l’équipement en aires de recharge de 500 de ses stations-service d’ici à 2023. Là, comme pour ceux qui viendront se ravitailler en essence ou en diesel, il sera évidemment possible de régler par ce biais. De là à penser que la concurrence devra s’adapter, il n’y a qu’un pas… qu’on n’hésite pas à franchir!

Le «Plug and Charge» est-il LA solution? 

Depuis plusieurs années un groupe de travail composé d’une quinzaine de grands acteurs du secteur (Stellantis, EDF, Porsche, Shell, BP, BMW…) planchait sur le développement de cette solution innovante. Mais ils peinaient à s’entendre sur l’objectif fixé: sa mise en œuvre au second semestre 2021. Depuis quelques semaines, voilà qui est fait! Ionity (une co-entreprise BMW, Mercedes-Benz, Ford, Audi et Porsche) a pris les choses en main! De quoi s’agit-il?

Le «Plug and Charge» vise à rendre les opérations de chargement et de paiement simples et sûres pour l’ensemble des usagers. Plus besoin d’abonnement, pas de badge non plus… A la manière des superchargeurs Tesla, c’est la voiture qui fait tout le travail en s’identifiant seule auprès de la station de recharge. La facturation se fait donc automatiquement. A condition, bien sûr, d’avoir passé contrat avec Ionity.

Une solution pas encore accessible pour tous

Mais un peu de patience! Car, dans un premier temps, seuls les véhicules dotés de la norme ISO 15118 (qui permet d’authentifier le V.E. avant la charge) peuvent y faire appel. En clair, ne sont concernés dans l’immédiat que les seuls Porsche Taycan, Ford Mach E et Mercedes EQS. Les autres? Ce sera selon le bon vouloir des constructeurs qui équiperont (ou pas) leurs nouveaux véhicules. Et des opérateurs de recharge qui devront eux aussi s’adapter. Là encore, face à l’enjeu, nul doute que tous s’y mettront vite!

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