Les entreprises, catalyseuses de la transition selon l’Observatoire de la durabilité

Par Laurent F.
3 minutes de lecture
Triangle de l’inaction et urgence climatique

Si l’urgence climatique est très largement reconnue, la mise en pratique d’une transition environnementale reste souvent hésitante. Du moins contradictoire. Pour mieux comprendre ces décalages, la Matmut et OpinionWay viennent de lancer le premier Observatoire de la durabilité. L’objectif? Croiser les regards des citoyens, des élus et des dirigeants d’entreprise. Voici ce qu’il faut en retenir.

Une démarche totalement inédite

Mieux qu’une classique enquête d’opinion, le Baromètre Matmut-OpinionWay combine analyse de tendances, entretiens avec des experts et sondages. Un cahier de tendances a d’abord permis de situer la durabilité dans ce contexte marqué par les tensions économiques,  géopolitiques, sociales et réglementaires. Treize experts issus de différents secteurs (urbanisme, sciences environnementales, RSE, journalisme spécialisé, prospective économique) ont ensuite été interrogés. À cela viennent s’ajouter trois sondages. Le premier a mesuré les attentes des citoyens. Le second, mené auprès de 501 dirigeants d’entreprises de plus de 20 salariés, a éclairé la manière dont le monde économique intègre ces enjeux. Enfin, un troisième sondage auprès de 501 élus a révélé les contraintes spécifiques aux décideurs publics. Et ce qu’il en résulte est plutôt étonnant.

Un concept encore trop flou

Premier constat: près de 90% des Français ont entendu parler de durabilité, et la moitié dit savoir précisément de quoi il s’agit. Néanmoins, les définitions restent floues et souvent très imprécises, pour ne pas dire trompeuses. Ainsi, pour une majorité de nos concitoyens, la durabilité se réduit à «ce qui dure».  De leur côté, paradoxalement moins nombreux à connaître le terme, les chefs d’entreprise en ont une compréhension plus fine. Ils l’associent à la gestion des ressources, à la RSE et à l’adaptation des modèles économiques.

Entre convictions, intentions et pratiques réelles…

Autre paradoxe: si 96% des Français estiment que la durabilité est une priorité, seulement 68% jugent que cela influence leur vie quotidienne. En clair, beaucoup ne sont pas enclins à ces quelques efforts souvent nécessaires. Par exemple, moins de 10% se disent prêts à payer plus cher pour des produits durables, et seulement 12% refuseraient de travailler dans une entreprise non engagée vers la transition. Contre toute attente, ce sont les 18-24 ans qui incarnent le plus cette ambivalence. Certes, ils sont sensibles aux enjeux climatiques, mais ils expriment un net sentiment d’impuissance et se montrent moins mobilisés que leurs aînés. Selon eux, c’est d’abord aux entreprises et à l’État d’agir concrètement. 

Pour décrire la situation actuelle les différents experts parlent alors de «triangle de l’inaction». D’un côté, les citoyens estiment que ce sont les entreprises qui doivent agir quand celles-ci désignent plutôt les pouvoirs publics. Des pouvoirs publics qui considèrent, quant à eux,  que les citoyens ne sont pas prêts. Bref, chacun se renvoie la responsabilité. Une impasse, assurément! Comment en sortir? L’Observatoire appelle  à la nécessité d’un profond changement. Selon lui, chaque acteur doit accepter de prendre sa part, même limitée plutôt que de s’appuyer sur la responsabilité des autres. Et c’est ainsi que les entreprises paraissent comme l’un des leviers les plus puissants.

Les entreprises en première ligne

Pour autant, la très grande majorité des entrepreneurs affirme déjà intégrer la durabilité dans leur stratégie. 86% disent agir sur le plan environnemental, 80% sur le plan sociétal, 77% sur le plan économique. Mieux, 75% considèrent la durabilité essentielle à leurs activités. Et selon 68% d’entre eux, une profonde transformation est encore nécessaire. A cela, plusieurs raisons: leur pérennité économique, une anticipation réglementaire, leur réputation, leur attractivité RH, et une différenciation concurrentielle. Mais, si l’on en croit le baromètre Matmut-Opinionway, tous les efforts déjà entrepris ne seraient pas suffisants…  Pour les experts, trois directions s’imposent alors pour ces organisations: innover, communiquer avec authenticité, et mobiliser en interne. Ainsi, en empruntant simultanément ces chemins  les entreprises pourront-elles devenir de véritables catalyseuses, et transformer ainsi la transition durable en un projet collectif partagé par l’ensemble des parties prenantes. Avec le succès au bout du chemin… 

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