Lors du World Impact Summit à Bordeaux, Nathalie Delattre, ministre déléguée au Tourisme, a partagé sa vision d’un tourisme français durable, compétitif et tourné vers l’avenir. Elle revient sur les leviers de transformation du secteur, l’engagement des acteurs et les défis réglementaires à surmonter.
Une stratégie 2030 axée sur la durabilité
Il y a aujourd’hui une volonté affirmée de faire de la France le premier pays visité au monde pour un tourisme durable, inclusif et innovant. Durable, cela signifie évidemment un respect de l’environnement, mais aussi une durabilité dans le temps : faire vivre un tourisme tout au long de l’année, et pas uniquement en haute saison.
Trois quarts des Français expriment aujourd’hui le souhait d’avoir des vacances durables. Ils veulent choisir des destinations en nature, pouvoir prendre les transports en commun, utiliser le vélo ou marcher. Cette demande se reflète déjà dans l’offre touristique. Et sans même vouloir s’adapter, le secteur du tourisme est très engagé sur l’environnement. Il va devoir continuer à s’adapter puisqu’aujourd’hui, le tourisme en France représente près de 10 % des émissions de gaz à effet de serre.
Le transport, premier levier de décarbonation
Les émissions liées au tourisme s’élèvent à 11 % du total national, soit l’équivalent de 11 millions de Français. Quand on entre dans le détail, 69 % de ces émissions proviennent du transport. Et parmi elles, 29 % seulement sont liées à l’aérien. Cela signifie que l’essentiel vient de la voiture.
Décarboner les voitures, c’est donc décarboner de façon très conséquente la filière touristique. Et c’est une priorité. Parallèlement, les professionnels du secteur sont déjà très engagés. Ils travaillent aussi sur d’autres gestes de préservation de l’environnement, comme la sobriété hydrique. Des comités de filière se réunissent, avec des engagements forts et une vraie volonté de transformation.
Mais cette transition ne pourra pas reposer uniquement sur les acteurs du tourisme. Il faut aussi que les touristes s’adaptent. Les Français sont globalement sensibilisés. Ce n’est pas forcément le cas des touristes étrangers, qui, en vacances, peuvent se sentir moins concernés par les gestes à adopter.
Un modèle économique solide, mais freiné par certaines normes
Le secteur touristique français affiche une vitalité impressionnante. 2024 a été une année record, avec 100 millions de visiteurs étrangers accueillis en France. Et le tourisme intérieur progresse aussi.
Le modèle économique du secteur est suffisamment robuste pour permettre des investissements dans la transition. La volonté est là. Mais il reste des freins. Le développement du photovoltaïque, par exemple. Beaucoup d’architectes des bâtiments de France freinent l’installation de panneaux solaires en raison des bâtiments classés ou des paysages.
C’est pourtant indispensable aujourd’hui pour réduire les coûts énergétiques de la filière, de lui permettre d’innover et de rester compétitive. Donc, je travaille sur cette problématique afin d’assouplir les contraintes.