Après de longs mois d’âpres négociations, les 27 pays de l’Union européenne se sont finalement accordés sur un objectif commun particulièrement ambitieux. Un accord, obtenu au terme de compromis et d’assouplissements sur plusieurs dossiers clés. Au moins ce compromis envoie-t-il un signal fort aux entreprises et à leurs partenaires. Car aucun pays n’a mis son veto; ce qui, il y a encore quelques semaines, semblait totalement hors de portée! Voté le 23 octobre dernier, cet objectif marque donc une étape symbolique majeure dans la politique climatique européenne. Explications.
Des compromis qui font grincer les dents des experts…
Que contient ce compromis final? Davantage de flexibilité, avant toute chose. Mais il n’est pas sans susciter aussi quelques inquiétudes. Ainsi, la Pologne a-t-elle obtenu une clause de révision de l’objectif 2040, permettant de réévaluer l’ambition européenne en fonction des évolutions scientifiques, technologiques et économiques. Pour certains experts, cette possibilité représente un «affaiblissement potentiel» de l’objectif climatique de l’U.E.. Par ailleurs, le recours aux crédits carbone internationaux demeure flou: aucun pourcentage précis n’a été fixé, laissant la possibilité de dépasser le niveau initialement prévu par la Commission (3% à partir de 2036). De quoi en irriter plus d’un. D’autant que de nombreuses études ont démontré que ces crédits avaient une efficacité très limitée dans la réduction des émissions GES. Ils pourraient donc freiner le développement de solutions locales innovantes, certains experts craignant également un report des efforts vers les pays ou les entreprises les plus avancés.
Interdiction des voitures thermiques, Loi anti-déforestation… l’UE a revu sa copie
Sans vraie surprise, le calendrier de l’interdiction des voitures thermiques neuves en 2035 a été l’un des points les plus débattus. L’Allemagne plaidait pour un assouplissement, tandis que la France et l’Espagne demandaient plus de flexibilité pour préserver le secteur automobile européen et son «Made in Europe». Conséquence: la loi pourrait être assouplie et autoriser les véhicules circulant aux bio-carburants. Dans le même temps, la loi anti-déforestation a elle aussi été ajustée pour les petites et micro-entreprises, avec un report de six mois au lieu d’un an. Certes, ces mesures ont facilité l’accord politique, mais elles sont vues par certains spécialistes comme des «brèches dangereuses» qui pourraient être exploitées par de futurs gouvernements tentés d’ assouplir encore davantage les engagements pris.
Une vision un peu plus concrète pour orienter les stratégies des entreprises
Malgré ces compromis, c’est une évidence: l’accord permet aux entreprises européennes de garder le cap sur la transition écologique en leur offrant une vision relativement claire du cadre réglementaire à long terme. De quoi leur permettre d’orienter leurs investissements vers des solutions bas-carbone, de renforcer la recherche et le développement dans l’énergie propre, et d’adapter leurs chaînes d’approvisionnement et leurs infrastructures. À quelques jours de la COP 30, cette perspective constitue donc un signal fort, même si les détails restent à finaliser. En effet, les ministres de l’Environnement devront préciser les cibles climatiques lors du Conseil Envi extraordinaire du 4 novembre prochain. Une étape cruciale pour consolider l’ensemble des mesures avant leur mise en œuvre effective.