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Célia Agostini : du cabinet ministériel à la tête de Cleantech for France, un parcours au service de la transition

Par Maëlys Letailleur
4 minutes de lecture
Célia Agostini

À la suite d’études juridiques, Célia Agostini a construit un parcours singulier, mêlant politique, industrie et transition écologique et se tourne rapidement vers l’action publique, où elle occupe plusieurs postes stratégiques : collaboratrice parlementaire à l’Assemblée nationale, puis conseillère au cabinet de la ministre Agnès Pannier‑Runacher, au sein des ministères de l’Industrie et de la Transition énergétique. Aujourd’hui, elle dirige Cleantech for France, un collectif qui accompagne les industriels dans la montée en puissance des technologies propres et durables.

Un engagement politique précoce

Célia Agostini raconte qu’elle a grandi dans une famille où le service public et l’intérêt général étaient au centre de la vie quotidienne. Ce contexte familial l’a poussée à se questionner très tôt sur la manière dont on peut « changer le monde ». Plutôt que de se limiter à une carrière juridique classique, elle choisit la voie politique et administrative, où elle peut concilier technicité et impact concret.

Ses premières expériences comme collaboratrice parlementaire lui permettent de découvrir le fonctionnement de l’Assemblée nationale, l’articulation entre élus, administration et acteurs économiques. Elle insiste sur l’importance de comprendre ces rouages : « Tu rentres dans une machine… tu dois comprendre comment ça marche et vite comprendre ces codes. » Cette immersion lui apprend que la politique n’est pas seulement un espace de débat ou de discours, mais une pratique concrète qui exige des arbitrages, des négociations et une lecture fine des enjeux économiques et sociaux.

Du cabinet ministériel à l’industrialisation verte

En 2020, Célia Agostini rejoint le cabinet d’Agnès Pannier‑Runacher, d’abord au ministère de l’Industrie, puis au ministère de la Transition énergétique. Elle y vit un quotidien intense, marqué par la crise sanitaire et énergétique, des lois votées dans des contextes complexes, et des négociations serrées avec les parlementaires. « Page blanche », dit-elle pour décrire ce moment : nouvelles responsabilités, nouvelles équipes, nouveaux dossiers à piloter. Parmi ses souvenirs marquants, elle cite la loi d’accélération de la production d’énergies renouvelables, votée presque à l’unanimité au Sénat, un exemple de réussite dans un contexte pourtant difficile.

Après plusieurs années passées dans l’administration, Célia Agostini décide de rejoindre le secteur industriel pour rester « connectée au monde réel ». Elle devient alors directrice de Cleantech for France, où elle œuvre pour que la transition énergétique soit synonyme de développement industriel et d’emplois, et non de désindustrialisation.

Une vision stratégique de la transition énergétique

À Cleantech for France, Célia Agostini défend une approche pragmatique : il ne s’agit pas seulement de décarboner, mais de le faire en conservant les emplois et en renforçant l’industrie française. Elle insiste sur la nécessité d’une concurrence loyale : « Je n’ai pas envie de dire aux gens : on vous amène d’autres équipements… mais par contre, vous allez perdre votre emploi. » Face à des marchés mondiaux où certains acteurs, comme la Chine dans le secteur des batteries, disposent d’une avance technologique et de subventions massives, elle milite pour un encadrement permettant aux entreprises françaises et européennes de s’implanter et de croître sans être pénalisées par des distorsions de concurrence.

Elle souligne également l’importance des filières industrielles : fermer des usines thermiques sans garantir le développement de nouvelles chaînes de production dans les technologies propres serait catastrophique pour l’emploi et la souveraineté industrielle. Célia Agostini plaide pour des investissements ciblés, des aides conditionnées à la création de valeur sur le territoire, et un accompagnement des sous-traitants pour éviter les pertes de compétences et d’expertise.

L’acceptabilité sociale au cœur de la stratégie

Pour Célia Agostini, la réussite de la transition énergétique passe autant par l’adhésion des citoyens que par des choix industriels judicieux. Elle met en avant l’importance de communiquer sur les avantages économiques et environnementaux, sur le coût réel de l’électricité versus le pétrole, et sur la création d’emplois locaux pour générer un soutien massif.

Elle insiste aussi sur la cohérence des politiques publiques : subventions, fiscalité, régulations et formation doivent être alignées pour permettre une montée en puissance effective des technologies vertes et assurer la confiance des industriels et des citoyens.

Un pont entre politique et industrie

Le parcours de Célia Agostini illustre parfaitement le lien entre politique et industrie. Elle montre qu’on peut porter des ambitions écologiques fortes tout en comprenant les réalités industrielles, sociales et économiques. Sa trajectoire rappelle que la transition énergétique ne se fera pas uniquement depuis un bureau ministériel ni uniquement depuis une usine : elle nécessite des passerelles, de la coopération, et une vision globale intégrant emploi, compétitivité et écologie.

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