De l’univers des objets connectés à la cofondation de Fifteen, Amira Haberah incarne un entrepreneuriat engagé au service de la transformation des mobilités. Dans le podcast « Changement de vitesse », elle revient sur la genèse d’un projet pensé comme un service public de vélo, partage son approche technologique centrée sur l’usage et décrit avec franchise les réalités du travail avec les collectivités. Elle y expose aussi sa vision d’une mobilité durable, accessible, et mieux financée à l’échelle des territoires.
De la tech au vélo : un projet né du terrain et du timing
Issue du monde des objets connectés, Amira Haberah n’a pas cherché à devenir entrepreneure par ego, mais par volonté de faire partie projet. L’idée de créer un service de vélos électriques connectés a émergé en 2017, à l’intersection entre une expérience dans la tech (chez Withings), inspirés du modèle chinois, et une intuition sur les mutations à venir dans la mobilité urbaine. Le Covid a été un accélérateur, mais la vision était déjà en place.
Une technologie pensée pour les villes : compacte, mobile, évolutive
L’un des atouts majeurs de Fifteen est sa technologie propriétaire, notamment ses stations de recharge ultra compactes. Pensées pour prendre le moins de place possible sur l’espace public, elles peuvent être installées en quelques mois et déplacées facilement. L’architecture technique permet même d’utiliser des prises domestiques, réduisant considérablement les coûts d’installation.
Du vélo en libre-service au “réseau vélo augmenté”
Fifteen ne se limite plus au vélo en libre-service. L’entreprise a développé un “réseau vélo augmenté” qui combine location longue durée, service en gare et vélo partagé. Grâce à une plateforme technologique unifiée, la même flotte peut être utilisée pour différents usages. Cela permet d’adapter l’offre aux besoins locaux, qu’ils soient urbains, périurbains ou ruraux.
Un partenariat exigeant avec les collectivités
Déployer un service vélo ne se résume pas à livrer des bornes. Fifteen accompagne les collectivités dès la phase d’étude : dimensionnement de la flotte, estimation des usages, localisation des stations. Le tout dans un cadre budgétaire souvent contraint. « Il y a un vrai projet d’aménagement du territoire », souligne Amira Haberah, qui insiste sur l’importance de la co-construction avec les élus.
Appels d’offres et culture publique : un apprentissage stratégique
Répondre aux marchés publics est un savoir-faire en soi. Fifteen a constitué une équipe dédiée aux appels d’offres pour structurer sa stratégie d’accès aux collectivités. Le prix, la conformité technique et l’évaluation des usages sont des critères déterminants. Une fois référencée, l’entreprise peut ensuite bénéficier d’un effet de réseau dans les territoires voisins.
La volonté politique : condition indispensable du changement
Qu’il s’agisse de réussite ou d’échec, tout projet de mobilité repose sur la volonté des élus. Amira Haberah en est convaincue : « Il n’y a pas de projet s’il n’y a pas de volonté politique. » Elle cite en exemple des maires ou présidents d’agglomérations qui ont porté leur vision comme de véritables entrepreneurs, permettant des déploiements rapides et efficaces.
Mobilités douces : pour une loi plus ambitieuse
Si la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) a constitué une avancée, elle reste incomplète selon Amira Haberah. Elle regrette l’absence d’un engagement clair en faveur du financement des mobilités douces dans les budgets publics. Elle plaide pour un fléchage obligatoire d’une part du versement mobilité vers ces modes alternatifs, afin d’en faire un pilier durable des politiques locales.