Ce 14 octobre, Microsoft cessera de fournir gratuitement les mises à jour de sécurité de Windows 10. Une décision qui, selon l’association HOP, menace à la fois la sécurité informatique, le pouvoir d’achat des usagers, mais aussi l’environnement. On vous explique.
A une époque où la transition écologique exige une consommation plus responsable, la décision du géant américain ne sera pas sans conséquence. D’après les estimations relayées par HOP (Halte à l’Obsolescence Programmée), jusqu’à 400 millions d’appareils pourraient être jugés incompatibles avec les critères techniques exigés pour migrer vers Windows 11, alors même qu’ils fonctionnent parfaitement, certains ayant même moins de cinq ans. Concrètement, les utilisateurs de Windows 10 devront choisir entre trois options : acheter un nouvel ordinateur pour adopter Windows 11, payer un «sursis» afin de bénéficier encore un peu des mises à jour Windows 10 ou basculer vers un autre système d’exploitation. Concrètement, pour les particuliers comme pour les entreprises, la décision de Microsoft implique une dépense imprévue. Ceci, dans un contexte économique que l’on sait tendu, entre contraintes budgétaires fortes et cybersécurité stricte exigées.
Plus de 70 millions de tonnes de CO2 générés par le simple abandon d’une mise à jour!
Dans une lettre adressée à Microsoft le 12 juin dernier, HOP soulignait la contradiction entre la stratégie de l’entreprise et les objectifs de durabilité affichés par les politiques publiques. L’association rappelait alors que la France a introduit le délit d’obsolescence programmée, précisément pour sanctionner ce type de pratiques. Selon ses calculs, le remplacement prématuré de centaines de millions d’appareils pourrait en effet générer l’équivalent de plus de 70 millions de tonnes de CO2. Un bilan environnemental désastreux, alors même que l’Union européenne et la France promeuvent l’allongement de la durée de vie des produits électroniques.
«Il n’est pas acceptable que des millions d’ordinateurs parfaitement fonctionnels deviennent obsolètes du jour au lendemain, au seul profit de logiques commerciales court-termistes »
Laetitia Vasseur, cofondatrice et déléguée générale de HOP,
Une alerte restée (à ce jour) sans réponse
Près de trois mois ont passé et la multinationale n’a toujours pas apporté de réponse à Hop. En cette fin août l’association l’a donc relancé, en lui réitérant ses demandes. A savoir la gratuité des mises à jour de sécurité de Windows 10 au-delà du 14 octobre, une transparence totale sur les raisons ayant motivé l’arrêt du support, et la prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux dans sa stratégie logicielle. Pour Laetitia Vasseur, cofondatrice et déléguée générale de HOP, «il n’est pas acceptable que des millions d’ordinateurs parfaitement fonctionnels deviennent obsolètes du jour au lendemain, au seul profit de logiques commerciales court-termistes ».
A noter: Rappelons qu’outre Microsoft, Apple adopte la même politique. Depuis quelques mois, plusieurs de ses iPhones parmi les plus anciens ne peuvent plus recevoir de mises à jour de sécurité.
Les géants du numérique, loin des modèles circulaires…
Et Hop de préciser que le choix de Microsoft n’est pas sans soulever des questions de justice sociale (avec un coût transféré aux consommateurs et aux organisations), mais aussi de sécurité numérique (avec un risque de piratage accru pour les appareils non mis à jour) et de responsabilité environnementale (du fait du renouvellement prématuré d’appareils encore fonctionnels). Hop en appelle la nécessité de repenser en profondeur le modèle économique des logiciels et matériels numériques, en favorisant «l’allongement du support logiciel, l’évolutivité des systèmes, et la réparabilité des équipements ». Des principes déjà présents dans la législation française et européenne via l’économie circulaire, De là à s’imposer d’elle-même aux géants du numérique il y a un pas… de géant!