Léo Benotteau, responsable des ventes pour les piles à combustible chez HDF Energy, nous parle des défis et des opportunités liés à l’hydrogène dans la transition énergétique, ainsi que des projets de l’entreprise dans le cadre du plan France 2030 lors d’une interview réalisée pour l’Expo Innov’Climat à Bordeaux.
Pile à combustible : l’innovation zéro émission
Une pile à combustible, c’est un équipement de génération électrique qui permet de combiner l’hydrogène avec l’oxygène pour faire de l’électricité et rejeter de l’eau. C’est une technologie complètement zéro émission. Mon rôle consiste donc à développer des nouveaux marchés et également vendre l’équipement à des clients, principalement des clients de grande envergure tels que des clients industriels, des opérateurs réseaux ou des opérateurs data center.
Les défis réglementaires de l’hydrogène en Europe
L’hydrogène suscite de grandes ambitions. Cependant on voit que le marché prend un peu de retard parce qu’au niveau de la réglementation il y a évidemment beaucoup de choses à mettre en place, beaucoup de réglementation à écrire. Sur le plan européen, il faut aussi qu’il y ait quelque chose qui soit commun à l’ensemble des États membres.
Donc, on voit que ça prend un petit peu de retard. Et au niveau des ambitions qui étaient attendues pour 2030, on voit aussi qu’il y a quelques retards et certaines ambitions revues à la baisse. Donc, globalement, je pense que la réglementation doit aller un peu plus vite si on veut permettre d’atteindre les objectifs qu’on s’est fixés à l’horizon 2030, notamment vis-à-vis des capacités d’électrolyse. Ainsi que pour le soutien financier apporté au secteur, qui est déjà important, mais qui ne permet pas aujourd’hui d’atteindre les ambitions qui avaient été affichées pour 2030.
Renewstable : les centrales électriques multimégawatts de HDF Energy
Les centrales qu’on appelle Renewstable, pour Renewable and Stable, sont des centrales électriques multimégawatts qu’on développe principalement à l’international. On vient combiner du photovoltaïque et/ou de l’éolien avec des systèmes de stockage de batteries pour gommer l’intermittence et apporter de la puissance instantanée et un stockage sous forme d’hydrogène qui nous permet de stocker des excédents d’énergie renouvelable sur du plus long terme.
L’objectif de cette centrale, c’est de pouvoir livrer au réseau électrique une électricité stable à partir d’une base primaire intermittente. Donc le but, c’est vraiment d’aller remplacer les centrales gaz ou les centrales diesel sur des zones non-interconnectées ou des réseaux de petites et moyennes tailles, typiquement des réseaux insulaires.
Le futur prometteur de l’industrie de l’hydrogène
Ce qu’on attend tous, c’est d’avoir une vraie accélération notamment au niveau européen, avec des financements de projets et des décisions d’investissement dans les projets, ce qu’on appelle les FID, qui vont permettre de passer du stade de développement de projets au stade de construction. Là, on a attend une accélération des décisions FID sur les grands projets de production d’hydrogène et des projets associés de production de e-Fuels.
Au niveau d’HDF Energy, notre marché est plutôt tourné vers l’international. Ce qui est positif chez HDF, c’est qu’on est indépendants dans le sens où on développe des projets dans des zones où on arrive à être en autonomie au niveau du développement. On a besoin évidemment de partenaires sur le plan industriel comme les électrolyseurs, les systèmes de stockage, le photovoltaïque etc. Mais on arrive à avoir une certaine indépendance au niveau de notre développement. Donc, on va dire que le marché à l’international est déjà un marché à fort potentiel pour HDF et sur lequel on se positionne. Et au niveau européen, évidemment, on s’attend à avoir une accélération des des grands projets dans lesquels HDF va pouvoir s’insérer, notamment les appels d’offres en Allemagne, pour faire des centrales H2 Ready.
HDF Energy et France 2030 : deux projets innovants
HDF travaille sur deux projets France 2030. Le premier, c’est le projet qu’on appelle Elementa H2, un projet collaboratif entre cinq sociétés françaises qui a pour but de développer une solution mobile, une solution avec une barge qui permet d’alimenter les bateaux hackés à partir d’un stockage d’hydrogène et d’une pile à combustible.
Le but, c’est de remplacer la production électrique à bord qui est faite avec du diesel grâce à une alimentation électrique à partir d’hydrogène vert, qui est totalement zéro émission. L’objectif final, c’est évidemment de supprimer ou de diminuer très largement les émissions de CO₂ et de supprimer complètement les émissions de polluants et nocifs pour la santé humaine, tels que les oxydes d’azote ou les dioxyde de soufre. C’est donc le premier projet qu’on est en train de développer et qui sera mis en service en 2027 au niveau du port de Rouen, entre le port de Rouen et le port du Havre.
Et le deuxième grand projet France 2030, c’est notre projet IPCEI. Les IPCEI, ce sont les gros projets d’importance communs européens qui visent à financer des gigafactories ou des gigaprojets autour des technologies d’hydrogène. Donc, c’est un peu une réplique de ce qui a été fait sur les batteries, mais sur l’hydrogène. HDF Energy a ainsi été sélectionnée par le gouvernement français, avec un dossier validé par l’Europe, pour déployer à côté de Bordeaux, à Blanquefort, une gigafactory de piles à combustible et avec pour objectif de développer des nouvelles générations de piles à combustible répondant à des besoins de décarbonation de la mobilité lourde, ferroviaire et maritime.
Il y a donc tout un programme industriel qui va s’étaler de 2025 à 2030, qui est financé par le gouvernement français, par le plan France 2030, pour couvrir une partie des dépenses qui sont liées à ce développement technologique et ce développement industriel.