Séverine Fantapie est Co-fondatrice de la Fresque de l’économie régénératrice et de l’entreprise SYNTROP’. Elle détaille, dans le cadre du salon Talents for the Planet à Paris en mars 2025, l’ambition de cet outil collaboratif qui invite les organisations à repenser en profondeur leur rapport à la création de valeur et à intégrer les communs sociaux et écologiques au cœur des modèles économiques de demain.
La Fresque de l’économie régénératrice
La fresque de l’économie régénératrice a été conçue pour être déployée dans les organisations en trois heures. Son objectif : permettre aux participants de prendre de la hauteur sur le fonctionnement actuel de l’économie, sur la manière dont la valeur est créée aujourd’hui, et sur ce que pourrait être un autre système économique demain.
L’économie régénératrice, c’est quoi ?
L’économie régénératrice ne cherche pas seulement à réduire ses impacts négatifs. Elle vise à générer des impacts positifs et à régénérer le vivant, humain et non humain, qui permet à l’économie de fonctionner. Il s’agit d’un changement de posture qui replace la création de valeur économique non pas comme une finalité, mais comme un moyen de contribuer positivement à l’ensemble des parties prenantes de l’organisation.
Dans cette dynamique, notre première cible sont des dirigeants, des comités exécutifs et des comités de direction, car ce sont eux qui ont la main pour transformer l’organisation. En trois heures, nous leur proposons un atelier en intelligence collective, qui leur permet de prendre de la hauteur sur le système économique actuel. À l’aide d’un travail collaboratif, nous allons révéler des impensés : notamment le rôle de certains « communs » sociaux et écologiques, souvent oubliés. Ces ressources expliquent en grande partie pourquoi le système atteint aujourd’hui ses limites lorsqu’elles sont négligées.
Les communs sociaux et écologiques
Les communs sont les infrastructures et services partagés qui n’appartiennent à personne mais dont tout le monde bénéficie : routes, systèmes de santé, éducation, recherche… Ils permettent à la société de fonctionner et, indirectement, aux entreprises de tourner. Ce sont les communs sociaux. En dessous encore, il existe des communs écologiques, tout aussi indispensables pour qu’une société humaine puisse exister.
La pédagogie de la fresque repose sur la construction d’images fortes, en collectif. Ces images rendent visibles les liens entre les différents types de capitaux qui sous-tendent l’économie : les matières premières, l’énergie, les services écologiques, les relations humaines, le capital humain… Tous ces éléments sont nécessaires pour faire fonctionner l’outil de production qui génère à son tour la valeur économique et le capital financier.
Qu’est-ce qui découle de l’atelier de la fresque ?
L’atelier ne s’arrête pas à la prise de conscience. Il vise à ouvrir des perspectives d’action. Il permet de répondre à des logiques destructrices actuelles en amenant plus de coopération, plus de partage de la valeur, une vision écosystémique. Ce qui est proposé, c’est un changement de posture profond, où l’économie redevient un outil au service du vivant.
Ce changement n’est pas toujours visible, mais il est déjà en cours. Une lame de fond s’opère, portée par une minorité de dirigeants convaincus qu’un autre modèle est possible. Ce sont des pionniers, parfois perçus comme des idéalistes, qui testent, essaient, parfois échouent, parfois réussissent. Mais comme dans la nature, ces essais erreurs permettent d’avancer, d’inspirer, et de faire autrement.
Depuis sa création, la fresque de l’économie régénératrice a déjà été déployée auprès de plus de 1 600 dirigeants et directeurs d’entreprise en France. À travers elle, un nombre croissant d’acteurs économiques commencent à intégrer une autre façon de penser la valeur, la performance et la finalité même de l’entreprise.