En 2025, les flottes d’entreprises représentent environ 60% des immatriculations de véhicules neufs en Europe. Pour autant, malgré les efforts engagés, la France demeure en net retrait. Une situation à relativiser, toutefois. Selon le dernier baromètre 2025 de l’Arval Mobility Observatory, même plus lent le mouvement est enfin enclenché!
Les flottes belges et scandinaves, championnes d’Europe
L’an passé, l’International Council on Clean Transportation (ICCT) avait livré une photographie précise de l’électrification des flottes d’entreprises européennes. Selon cette étude, certains pays affichaient des niveaux remarquablement élevés. La Belgique, tout particulièrement. Près de 40% de ses flottes professionnelles roulaient déjà en 100% électrique. La Suède suivait de près avec 36%, puis le Danemark avec 34% et la Finlande avec 32%. Une raison simple à cette situation: dans ces pays, la transition est soutenue depuis des années par des politiques fiscales puissantes qui ont rendu le choix du véhicule électrique non seulement pertinent sur le plan environnemental, mais surtout financièrement avantageux.
La lenteur paradoxale mais compréhensible de la France
À l’inverse, d’autres pays européens peinent encore à enclencher la même dynamique. En 2024, l’Allemagne n’atteignait que 13%, la France se limitait à environ 12%, tandis que l’Italie et l’Espagne stagnaient à 5% et 4%. Pour la France, ce chiffre peut sembler constituer un véritable paradoxe. Le pays figure en effet parmi les champions européens des infrastructures de recharge. Il possède une filière industrielle engagée dans la transition. Et a déployé diverses aides pour encourager les entreprises à franchir le pas. Pourtant, la progression demeure plus lente qu’espérée. Pour comprendre ce décalage, il suffit simplement d’observer de près le modèle belge, souvent cité comme exemplaire. Au pays de Tintin, les véhicules électriques ou hydrogène achetés ou loués par les entreprises bénéficient d’une déduction fiscale de 100%. Ce dispositif massif permet donc d’effacer intégralement le coût du véhicule électrique du résultat imposable. Par ailleurs, les véhicules thermiques voient leur déductibilité se réduire progressivement, ce qui en freine mécaniquement l’usage par les entreprises.
Des aides françaises bien réelles mais plus complexes
Bien sûr, la France dispose, elle aussi, d’un ensemble d’aides mais de façon plus dispersées. Les véhicules électriques sont exonérés de TVS, leur amortissement comptable est plus important, et les entreprises peuvent récupérer la TVA sur l’électricité utilisée pour la recharge. Les CEE viennent également soutenir l’installation de bornes dans les bâtiments professionnels. Cependant, l’effet d’entraînement est incontestablement moindre. En cause? Sans doute des règles fiscales plus complexes, moins directes, parfois perçues comme instables. Surtout, la réglementation française continue d’intégrer les hybrides rechargeables (PHEV) aux objectifs de motorisations «électrifiées», ce qui entretient un recours massif à cette technologie pour rassurer les conducteurs et contourner certains freins opérationnels.
Heureusement, le mouvement est enclenché
Pour autant, rassurons-nous: un mouvement de fond semble bel et bien s’enclencher. Selon le baromètre 2025 de l’Arval Mobility Observatory, réalisé avec Ipsos, 84% des entreprises françaises déclarent être engagées (ou envisageaient de l’être à court terme) dans la transition énergétique de leur parc. Et 65% indiquent déjà posséder des véhicules électriques ou hybrides rechargeables dans leurs flottes. Un taux supérieur à la moyenne européenne. Mieux: une entreprise sur deux utilise déjà un véhicule électrique ou prévoit d’en intégrer dans les trois années à venir.