Lors du salon Drive To Zéro à Paris, Patrice Morandas, responsable adjoint des mobilités chez Cerema, a partagé sa vision. Il propose un accompagnement concret et innovant pour accélérer la décarbonation des territoires. Grâce à ses actions auprès des collectivités et son rôle de facilitateur entre public et privé, il met en lumière les leviers essentiels. Ceux-ci permettent de construire une mobilité durable, adaptée aux enjeux climatiques de demain.
Le Cerema : un acteur clé de la mobilité décarbonée
La mission du Cerema est triple. D’abord, elle porte sur la recherche et l’innovation, souvent en collaboration avec des entreprises privées. Ensuite, le Cerema a une mission traditionnelle : produire, diffuser et valoriser les connaissances. Cela passe par des guides pratiques, des publications, des webinaires ou des formations. Enfin, le Cerema accompagne les territoires, surtout les collectivités. Depuis son nouveau statut en 2023, plus de 1 000 collectivités ont adhéré au programme. Cela renforce le partenariat avec ces acteurs.
L’action du Cerema en mobilité s’inscrit dans la dynamique de décarbonation. Parmi ses six grands domaines d’intervention, la priorité est donnée au climat et aux territoires de demain. Le Cerema agit pour atténuer le changement climatique. Il aide aussi les territoires à s’adapter à ses effets.
La décarbonation s’appuie sur plusieurs leviers promus par le Cerema : le report modal, le meilleur remplissage des véhicules, l’amélioration de leur efficacité énergétique, la conversion énergétique, et la maîtrise de la demande de mobilité. Avec ces actions, le Cerema couvre tout le champ des mobilités. Il propose un accompagnement dédié aux collectivités et publie des ouvrages de référence sur ces sujets.
Des outils adaptés pour accompagner les collectivités dans leur transition
Au-delà des publications, webinaires et formations évoqués précédemment, l’accompagnement proposé par le Cerema peut prendre des formes collectives. Il arrive en effet que plusieurs collectivités expriment un besoin similaire. Dans ce cas, l’établissement les accompagne dans le cadre d’expérimentations communes, permettant de tirer des retours d’expérience diffusables à d’autres acteurs. Ces démarches collectives favorisent un apprentissage partagé, soutenu par l’animation de réseaux.
Le Cerema propose également des accompagnements individualisés. Ceux-ci peuvent intervenir très en amont pour aider les collectivités à structurer leur projet, à formaliser leurs besoins, à mettre en place une gouvernance adaptée ou encore à définir les premières étapes d’une stratégie.
L’établissement n’a pas vocation à entrer en concurrence directe avec les acteurs privés. Il intervient principalement en phase amont ou dans des contextes spécifiques où son expertise est complémentaire. Certains accompagnements, qui peuvent être payants, portent ainsi sur des besoins émergents ou innovants, avant de laisser place au secteur privé. D’autres concernent des expertises techniques pointues, peu disponibles sur le marché, ou des territoires particuliers, comme les territoires ultramarins, où l’accès à une ingénierie privée reste parfois limité.
La fin des Zones à Faibles Émissions : un enjeu sanitaire et social majeur
La question des ZFE est à la fois politique et parfois polémique. Le Cerema, de son côté, reste dans un rôle d’expertise technique. Il est cependant clair que le principe des ZFE est nécessaire. Elles ont prouvé leur efficacité, non pas sur le climat, mais sur la qualité de l’air. Cela améliore la santé publique, surtout pour les populations proches des axes de circulation.
La mise en place des ZFE demande un accompagnement adapté. Cela évite qu’elles soient perçues comme discriminantes envers les populations modestes. Ces dernières ne peuvent pas toujours renouveler leur véhicule. Dans plusieurs agglomérations avec une ZFE, des dérogations existent. Elles permettent à certains véhicules plus polluants d’entrer ponctuellement. C’est souvent pour des besoins essentiels : consommation, santé ou loisirs.
C’est surtout dans le cadre des déplacements quotidiens domicile-travail que des changements de modes de transport deviennent impératifs. Ce sujet reste complexe à traiter, mais l’enjeu est aujourd’hui de concilier les bénéfices en matière de santé publique avec des dispositifs d’accompagnement adaptés aux foyers modestes. L’objectif est de permettre leur équipement, tout en imaginant des modalités de gestion des ZFE ou d’autres dispositifs capables d’en préserver les effets positifs, tout en atténuant les impacts les plus socialement sensibles.
Vers une gestion plus équitable et ciblée des Zones à Faibles Émissions
Dans la majorité des agglomérations, seuls 3 % du parc de véhicules sont concernés par les Zones à Faibles Émissions. Cela signifie qu’il est tout à fait possible d’envisager des solutions ciblées, permettant de faire en sorte que cette mesure ne soit plus perçue comme un problème.
Accompagner la synergie entre acteurs publics et privés pour une mobilité durable
Le Cerema, en tant qu’acteur public, veille à maintenir une stricte neutralité vis-à-vis des acteurs privés afin de ne favoriser aucune solution particulière. Il accompagne ainsi les collectivités dans l’organisation de consultations et la rédaction de cahiers des charges pour les aider à sélectionner les prestataires privés adaptés à leurs besoins. Le Cerema anime également des réflexions collectives et individuelles autour des différentes solutions envisageables.
Par ailleurs, il collabore avec le secteur privé grâce à son statut d’institut Carnaux, qui facilite la mise en place de projets de recherche partenariaux avec des entreprises. Des équipes spécialisées travaillent sur ces thématiques pour enrichir l’expertise disponible.
Le Cerema soutient aussi les collectivités, en tant qu’autorité organisatrice de la mobilité, dans une réflexion globale sur l’évolution de leur flotte de véhicules, notamment pour favoriser la décarbonation des transports collectifs. Dans ce cadre, il facilite la mise en relation avec divers prestataires, qu’ils soient privés ou organismes d’intérêt général, avec lesquels il est souvent plus à même de collaborer sur ces solutions.
L’évolution récente des compétences en mobilité et transition durable dans les collectivités
Pendant longtemps, les collectivités et les services de l’État ont souvent travaillé en silo. Il y avait un manque de compétences internes. La tradition était d’organiser le travail par thématique séparée. Aujourd’hui, cette approche change. La transition écologique et l’adaptation au changement climatique demandent une politique globale et transversale. Cela oblige à faire collaborer plusieurs responsables : aménagement, mobilité, bâtiments, énergie. Les expertises transversales sont de plus en plus présentes, surtout dans les grandes collectivités.
Des progrès sont visibles. Mais il reste essentiel de construire un discours adapté. Ce discours doit éviter d’être perçu comme discriminant ou moralisateur. C’est un défi, bien illustré par le cas des ZFE. Le discours doit avant tout être pédagogique. Il doit aider chacun à comprendre que l’inaction coûtera plus cher que l’action climatique. Il faut trouver les moyens et les évolutions nécessaires. Agir est indispensable pour éviter des situations insupportables dans un futur proche.