Mathilde Hébert – Ma Petite Planète : « On est convaincus chez Ma Petite Planète qu’agir, ça rend heureux »

Par Margot Cristiano
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Mathilde Hébert est cofondatrice de Ma Petite Planète. Elle détaille, dans le cadre du salon Talents for the Planet à Paris en mars 2025, comment son association mobilise à grande échelle via des défis écologiques pour faire bouger les lignes de la transition.

Ma Petite Planète, c’est quoi ?

Ma Petite Planète, c’est une association qu’on a créée en 2020 avec Clément et Christian, mes deux associés. On s’est rencontrés dans le milieu associatif, on faisait du bénévolat pour créer du lien entre personnes exilées et personnes locales. On partageait pas mal de valeurs communes et on s’est dit qu’on voulait mettre toute notre énergie au service de cette cause-là : la lutte contre le dérèglement climatique et l’urgence écologique.

Le concept est né d’une envie de rendre l’écologie aussi populaire et fédératrice que le football. « On avait des amis autour de nous qui jouaient à Mon Petit Gazon, Mon Petit Prono… On s’est dit : nous, on va créer le Mondial de l’Écologie. On veut que les gens aient envie d’en parler, de s’en saisir, et surtout de passer à l’action concrètement. Parce que c’est ça, l’enjeu. C’est bien de parler d’écologie, mais ce qu’il faut, c’est passer à l’action concrètement.

Un challenge pour sensibiliser et agir

Le cœur du dispositif, c’est un challenge de trois semaines en équipes, où chaque participant réalise des défis écologiques. On le propose notamment aux entreprises pour mobiliser leurs collaborateurs. Ça peut aller de venir au travail à vélo à des choses plus engageantes, comme réfléchir à l’analyse du cycle de vie d’un produit, ou aux scopes 1, 2, 3. Il y a aussi des actions simples comme faire un repas végétarien avec ses collègues. L’idée, c’est d’allier passage à l’action et montée en compétence. Pour chaque action réalisée, on marque des points. On tire son équipe vers le haut, et pour les plus compétitifs, il y a un classement.

On organise trois éditions par an, où toutes les entreprises participantes agissent en même temps. On voulait créer un effet d’émulation, une attente, presque une compétition. C’est plus motivant de se dire que ce que je fais, 15 000 ou 20 000 personnes sont en train de le faire aussi. Les bilans d’impact sont clairs : émissions carbone, consommation d’eau, volume de déchets évités, temps passé à se former… tout est mesuré. Chaque entreprise peut personnaliser ses défis, avoir son propre classement, tout en faisant partie d’un mouvement collectif plus large.

L’écologie positive pour contrer l’éco-anxiété

Le contexte écologique actuel peut être angoissant, mais on est convaincus chez Ma Petite Planète qu’agir, ça rend heureux. Agir sur des enjeux concrets permet de dépasser le sentiment d’impuissance. À travers des gestes simples comme limiter ses achats ou adopter des comportements plus responsables, il est possible de réduire son impact tout en montrant que d’autres manières de faire sont possibles.

L’enjeu est désormais de démultiplier ces actions à grande échelle, pour en faire une norme collective. L’approche repose sur la théorie du point de bascule : il suffit qu’environ 10 % de la population adopte un nouveau comportement pour que cette dynamique influence les 90 % restants. Ce n’est donc pas une question de majorité, mais d’impulsion initiale. L’objectif est clair : permettre à chacun de faire sa part pour entraîner les autres.

La RSE : d’un bonus à une nécessité pour les entreprises

La RSE a d’abord été vue comme un bonus, un moyen de valoriser sa marque employeur, de montrer qu’on est vertueux et de retenir les talents. Progressivement, elle a été intégrée aux organes de direction, avec des responsables RSE rattachés à la direction générale. Cela leur a permis d’avoir plus de poids dans les décisions stratégiques des entreprises.

Certaines structures, notamment dans le secteur pharmaceutique, prennent désormais conscience que repenser certains éléments, comme la forme d’un packaging, peut permettre de réduire les émissions liées au transport tout en maintenant la rentabilité. Par exemple, un packaging plus petit permet d’optimiser le remplissage des camions. D’autres actions, comme le réemploi de produits déjà utilisés, permettent aussi de faire des économies tout en réduisant l’impact environnemental.

Ces changements demandent du temps à mettre en œuvre, mais ils deviennent de plus en plus courants. Dans des secteurs comme la logistique, la production ou le bâtiment, les enjeux climatiques sont de plus en plus visibles. La RSE n’est plus un « nice to have » : c’est devenu un « must have ».

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