Impossible de parler de la transformation durable des entreprises sans penser à cet expert, par ailleurs Président du Collège des directeurs de développement durable (C3D). Retour sur l’engagement imparable de celui qui n’a de cesse que de partager ses fortes convictions. Avec passion. Et pédagogie.
«Fabrice Bonnifet est un directeur développement durable engagé et sincère. Référence du développement durable en France, il agit avec passion au sein de son entreprise et auprès des communautés qui rassemblent ceux qui veulent vraiment agir. En tant que président du Collège des directeurs de développement durable (C3D), il entraine les entrepreneurs et les professionnels de la RSE vers la réinvention de leur entreprise.» Ces mots de présentation nous viennent de l’éditeur Dunod chez qui Fabrice Bonnifet a publié en 2022 le livre «L’entreprise contributive – Concilier monde des affaires et limites planétaires» présenté par le même éditeur comme «un manifeste engagé (…) pour redéfinir une politique de contribution globale positive des entreprises à la société.».
197 000 salariés des plus de 80 pays, six métiers et des enjeux chaque fois très spécifiques
Cette politique de contribution globale, le Directeur Développement Durable & Qualité, Sécurité, Environnement du Groupe Bouygues la connaît sur le bout des doigts. Sur son profil Linkedin, il résume ainsi sa mission: «animer et coordonner la démarche durabilité du Groupe Bouygues: plan de transition climatique et biodiversité, achats responsables, conformité CSRD, Taxonomie, devoir de vigilance et droits humains, système de management QSE…» Le tout, en assurant aussi la sensibilisation des équipes (197 000 salariés dans plus de 80 pays), «le dialogue avec les parties prenantes du Groupe», et en œuvrant «à l’avènement du modèle d’entreprise à visée régénérative.»
Pour lui, les défis du quotidien sont donc multiples: «L’enjeu est de réaliser une animation centrale pertinente de la politique RSE pour les 6 métiers du Groupe qui ont des enjeux très spécifiques. La première exigence vis-à-vis de chaque filiale est le respect de la réglementation, mais il y a aussi des sujets transverses stratégiques à prendre en compte comme les politiques mixité et climat et biodiversité. (…) Un grand groupe côté se doit de montrer l’exemple en termes de transparence, de complétude, de qualité des données quantitatives et qualitatives sur l’ensemble du spectre de la hard law. Le travail de collecte et de consolidation est fastidieux et il s’appuie sur des systèmes d’information dédiés et des collaborateurs experts dans le traitement des données.».
Un engagement aux multiples casquettes
Avant son arrivée chez Bouygues en 2007, ce marathonien (au sens propre du terme puisqu’il a participé à près d’une quarantaine d’éditions du Marathon de New York!) aura été pendant dix-huit ans le Directeur Qualité, Sécurité et Environnement du Groupe Saur (Société d’aménagement urbain et rural) dont l’activité principale est la gestion déléguée de services pour les collectivités locales sur le marché de l’ingénierie et de la construction d’ouvrages liés au traitement de l’eau. Un groupe dont Bouygues fut longtemps actionnaire majoritaire, jusqu’à ce qu’il revende la totalité de ses parts en 2006. Et propose donc à Fabrice Bonnifet de le rejoindre.
Mais cet ingénieur sorti du Conservatoire des Arts et Métiers multiplie les casquettes. Il est aussi conférencier et enseignant à Paris Dauphine (dans le Master Développement Durable & Organisations), ainsi qu’à l’ENSAM et l’ESTP et pour le MBA Management de la RSE et Performance des Organisations de Devinci Executive Education. Comme on l’a dit plus haut, il aussi succédé en 2017 à Hélène Valade (LVMH) à la Présidence du Collège des Directeurs du développement durable (C3D) dont la vice-présidente est assurée par Carine de Boissezon (EDF). Et il est administrateur du think tank The Shift.
«Il est plus que jamais urgent de s’attaquer aux racines profondes de la crise écologique et sociale, plutôt qu’à ses symptômes.»
Fabrice Bonnifet, au site Novethic
Accélérer la transition? Non, la démarrer!
Auteur, également. En octobre dernier il a publié «Les 101 mots de la responsabilité sociale des entreprises à l’usage de tous», aux éditions Archibooks. Un livre à visée informative et pédagogique. Car c’est aussi par la sensibilisation et la formation que passe le très fort engagement du directeur RSE du Groupe Bouygues. Quitte à paraître alarmiste et à en énerver certains! «Plus la planète se dégrade, plus les démarches de responsabilité sociétale des entreprises prennent de l’importance. Mais malgré nos alertes, nous peinons à faire passer nos messages», regrette-t-il dans une interview donnée à l’ADEME.
Il y a un an, sur le site Novethic, à la question «Comment accélérer la transition écologique et sociale?», sans langue de bois il répondait: «Avant de l’accélérer il faudrait déjà la démarrer! (…) Il est plus que jamais urgent de s’attaquer aux racines profondes de la crise écologique et sociale, plutôt qu’à ses symptômes. L’implacabilité des faits démontre que les impacts négatifs ne diminuent pas. (…) Six limites planétaires sur neuf sont déjà dépassées, la crispation sociale est au plus haut, les dettes explosent….» La solution qu’il préconise? «Nous devrions plutôt nous interroger sur ce dont nous avons vraiment réellement besoin. (…) Ce n’est ni l’innovation, ni la technologie seules qui nous permettront de réduire la pression que nous exerçons sur les ressources et les écosystèmes.»
Depuis longtemps, Fabrice Bonnifet est l’un des fervents partisans du développement de l’économie circulaire. «Une révolution conceptuelle qu’il est urgent de déployer dans les entreprises et dans l’ensemble de la société.»